LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Région du Sahel : Un ressortissant répond au Réseau des jeunes

Publié le jeudi 29 juin 2006 à 07h58min

PARTAGER :                          

Dans notre édition du 15 juin 2006 ("Le Pays" n°3643), un réseau des jeunes du Sahel pour le développement de la Région du Sahel fustigeait l’attitude de leaders politiques qui préfèrent faire de la politique politicienne plutôt que de s’occuper de l’essor de cette partie du Burkina. Aujourd’hui, un fils de la Région, Hamidou Boubacar, répond au réseau à qui il demande d’arrêter de "tergiverser et d’accuser injustement" certaines personnes.

C’est avec intérêt que nous avons lu votre écrit paru dans "le Pays", n°3643, pages 2 et 28. Mais grande fut notre déception au regard du manque de pertinence de certaines de vos déclarations. Ainsi, nous nous faisons le devoir, en notre double qualité de Burkinabè et de ressortissant de la région, de vous répondre.

Certes comme vous l’affirmez, la région du Sahel regorge d’énormes potentialités économiques notamment animalières. Mais vous vous éloignez de la réalité lorsque vous affirmez qu’"en dehors de quelques ONG et associations qui se battent comme de beaux diables pour soulager les populations, l’Etat burkinabè brille par sa démission".

Ces genres d’affirmations sont de nature à susciter le doute sur vos intentions réelles ; car dans toutes les régions du Burkina, l’Etat avec ses ressources (humaines et financières) limitées, est présent et accompagne les populations dans leur quête de développement à travers la sécurité, la santé, l’enseignement, la réalisation d’infrastructures, etc.

Vous avancez aussi que « la région est classée en tête pour les ressources animales et dérivés mais la meilleure usine de production de produits laitiers se trouve ailleurs ».

De quelle usine parlez-vous ? Pour votre propre culture, nous vous informons que le Burkina ne dispose pas d’usine de production laitière de masse mais de petites unités (deux au total) de fabrication de produits laitiers avec un équipement semi-industriel. Il s’agit de Faso Kossam à Bobo Dioulasso et les Bénédictines de Koubri. Ces unités sont très loin de répondre à la demande nationale. Ce qui les contraint à importer du lait en poudre et à procéder à la transformation sur place.

Le problème que vit la région n’est pas spécifique à la Région du Sahel, d’autres régions du Burkina vivent le même calvaire. Pour votre propre information savez-vous qu’au Sahel, les populations ont plus accès à l’eau potable que dans le Sud-Ouest ?

La communalisation intégrale, un espoir pour les populations

Malgré sa défaite dans les 3 communes urbaines de la Région, le CDP demeure le leader dans la Région au regard de ses résultats engrangés dans les communes rurales. La défaite du CDP est consécutive à une autre raison que celle que vous croyez. C’est une question d’individu(s) !

Vous affirmez aussi que ces "dernières années, la tendance du parti au pouvoir a été d’imposer aux populations des hommes parvenus, sans aucune vision prospective ni programme politique défini et adéquat". Vivez-vous au Sahel ou vous faites-vous raconter la vie politique de la Région ? Si la population accepte qu’on lui impose des personnes non averties et qu’elle se tait, c’est qu’elle y trouve son compte.

Dans votre tentative d’illustrer votre prétendue imposition, vous prenez en exemple l’élection du maire de la commune rurale de Bani et vous écrivez : "Les caciques locaux du CDP, dans leur volonté d’installer aux commandes une personne à leur "solde" sont allés jusqu’à choisir Kaboré Oumarou dit "Bouninda" par¬devant bénévole à la préfecture, pour présider aux destinés de la nouvelle entité. Cette personne s’est illustrée par ses mauvaises actions (escroquer les pauvres populations)".

De tels propos sont ridicules et témoignent de votre méconnaissance des lois de ce pays notamment la loi n°55¬2004/ AN portant Code général des Collectivités territoriales et le décret 2006-028/PRES/PM/MATD portant règlement intérieur type du conseil de Collectivité territoriale.

Je vous invite à parcourir ces deux documents. Vous ne verrez nulle part où l’on parle de la profession du maire. Pour être maire, il suffit d’être élu conseiller municipal. Vous dites que Monsieur Kaboré a été imposé par les caciques locaux du CDP. D’où tirez-vous cette information ?

Contrairement à d’autres localités du Burkina Faso, l’élection du maire de Bani n’a été émaillée ni d’incidents, ni de

protestation de la part de son challenger "l’homme d’affaires", Sambo Loumboudji. Dans ce duel Kaboré Oumarou a été élu par 65 voix contre 46 voix pour son opposant.

Kaboré Oumarou doit son élection au soutien que lui ont apporté les conseillers du PDS (un parti d’opposition). Nous connaissons leur motivation, mais nous préférons ne pas en parler !

Et même si Kaboré Oumarou avait été imposé comme vous le prétendez, les conseillers peuvent témoigner. Ils ne l’ont pas élu, ni les larmes aux yeux, ni les armes derrière eux. Pour notre part, nous pensons que son bénévolat antérieur a été déterminant pour son élection. Et personnellement, nous connaissons plusieurs maires ruraux qui sont ex-bénévoles de préfecture.

Les impositions dont vous parlez et qui ont cours dans d’autres localités, relèveront bientôt du passé car pour une première fois, les populations toutes tendances confondues ont été appelées à choisir ceux qui sont chargés de gérer leur quotidien. En cela, la communalisation intégrale est un espoir pour les populations.

Les hommes politiques du Sahel ne méritent pas le traitement que vous leur réservez

Certes les individus ne sont pas pareils. Il en est de même pour les politiciens du Sahel. Chacun a ses compétences, ses qualités et ses défauts. C’est humain et ça ne souffre pas de débats. Mais votre démarche qui consiste à dire bravo aux uns et zéro à d’autres, nous amène à douter de l’impartialité dont vous prétendez faire preuve.

Etes-vous à la "solde" de ceux que vous félicitez ou de ceux (politiciens) que vous n’avez pas cités dans votre écrit ? Le doute est permis. Les hommes politiques du Sahel ne méritent pas le traitement que vous leur réservez, car le problème du Sahel est structurel et international. Nos voisins y sont confrontés également. Et les Etats l’ont compris tôt, en témoignent les structures mises en place : CILSS, CEN-SAD, Liptako-Gourma, etc.

Comprendre, orienter et accompagner

Permettez-moi de vous poser quelques questions :

- comprendre qui ?

- orienter qui ?

- accompagner qui ?

Les réponses à ces questions nous permettront d’avancer. Nous ne sommes pas dans le secret des dieux, mais nous doutons de l’existence d’une association des jeunes du Sahel dénommée "Réseau des Jeunes du Sahel pour le développement de la région. Peut-être que vous êtes une association en gestation ! Nous serions fiers de la connaître pour y adhérer.

Votre adresse e-mail seule ne suffit pas. Nous voulons en savoir davantage sur votre identité et vos objectifs pour la région. Vous vous plaignez de l’attitude de mépris de certains hommes politiques. Peut-être que vous avez raison. Mais nous en doutons fort. Vous prétendez ne pas poursuivre les hommes politiques pour leur fortune, mais qu’attendez-vous d’un député de plus que de vous représenter à la représentation nationale ?

Vous avancez que certains élus "ont suscité l’espoir au sein de la jeunesse. Mais hélas". N’ont-ils pas fait leur boulot à l’Assemblée nationale ? Ou avez-vous demandé à les rencontrer pour autre problème ? Quelle fut leur réaction ? A quelle occasion ? Les réponses à ces questions nous permettront d’accorder plus de crédit à ce que vous avancez.

Vous auriez réussi votre entrée médiatique, en informant l’opinion de votre existence ou en faisant appel à l’union des jeunes du Sahel. Ce cadre n’existe pas. Nous sommes nombreux, les jeunes qui attendent ce cadre. Mais hélas, vous avez manqué votre rentrée !

Pour terminer, permettez- moi de vous demander si vous avez pris le soin de relire ce que vous avez écrit. Je vous invite à méditer ces deux assertions contradictoires que vous soutenez : "en dehors de quelques ONG et associations qui se battent comme de beaux diables pour soulager les populations, l’État burkinabè brille par sa demission" ; et plus loin, vous soutenez le contraire : "nous restons pourtant convaincus que les plus hautes autorités de ce pays sont résolument engagées à sortir le Sahel de sa situation actuelle". Quelle est votre position réelle ?

Vous accusez à tort les leaders politiques, alors que vous-même n’êtes ni saint(s), ni sain(s) !

Vous dites que vous restez ouverts au dialogue et à tout échange capable d’apporter un changement positif dans la vie quotidienne des populations. C’est beau, c’est bien dit, mais commencez d’abord par sortir de l’ombre, osez signer vos écrits, si vous êtes convaincus de ce que vous avancez ; et constituez une structure légale. Nous aurons franchi l’étape nécessaire et pourrons envisager d’autres pour le bien-être de notre chère région. Pour preuves, il y a des structures sur le terrain qui oeuvrent sans l’apport des hommes politiques.

Alors, très sincèrement arrêtons de tergiverser et d’accuser injustement certains car la communalisation intégrale est là pour nous permettre de placer l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

En cela, l’espoir est permis et avec un peu de courage, nous y gagnerons.

Façon de voir, bonne réception !

Hamidou Boubacar

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle espérance
Burkina : De la maîtrise des dépenses énergétiques des Etats
Burkina Faso : Combien y a-t-il de langues ?