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Rapport de la Cour des comptes : L’Etat face à ses engagements

Publié le jeudi 29 juin 2006 à 07h56min

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Le Burkina est riche en institutions républicaines. Au nombre des nombreuses structures mises en place pour répondre aux exigences de l’Etat de droit, figure la Cour des Comptes, créée par une loi organique de mai 2000.

Chargée du contrôle de la régularité des dépenses publiques, l’institution que dirige Boureima Pierre Nébié a un rôle capital dans le nécessaire et salutaire combat pour la transparence et la bonne gouvernance, choses sur lesquelles les bailleurs de fonds sont très regardants. Dans un contexte de lutte pour l’assainissement de la gestion des affaires de l’Etat, l’existence de la Cour des Comptes mérite donc d’être saluée à sa juste valeur, en ce sens qu’elle constitue un maillon essentiel dans la croisade contre la corruption.

C’est elle qui a, en effet, le devoir de veiller notamment sur la bonne exécution des marchés publics. L’on peut se réjouir du fait que l’institution a déjà mené plusieurs activités sur le terrain. Le premier rapport produit (celui de 2003-2004) et qui vient d’être remis, le 23 juin dernier, au président Blaise Compaoré, en est une parfaite illustration.

Autres activités réalisées au cours des deux ans : les rapports relatifs à l’exécution des lois de finances pour les gestions 1995-2002 ; des visites de vérification dans certaines structures (Centre hospitalier régional de Kaya, communes de Tenkodogo et de Ziniaré ; un examen des financements accordés aux formations politiques lors des élections législatives de 2002, etc. Ces différentes initiatives ont permis à cette juridiction de relever des irrégularités dans l’application des textes réglementaires en matière de recettes et de dépenses publiques.

Si toutes ces actions sont à applaudir, car s’inscrivant dans l’optique de la bonne gouvernance, il faut toutefois souhaiter que la Cour des Comptes, en tant qu’institution stratégique de développement, s’écarte des sentiers battus, en évitant de se contenter, comme c’est souvent le cas, de la rituelle remise officielle du rapport d’activités aux plus hautes autorités, ou de sa publication.

Elle doit aller au bout de sa logique, c’est - à - dire travailler, dans la pleine mesure de ses possibilités, à ce que les crimes économiques ne restent pas impunis. C’est de cette façon qu’elle pourra mieux contribuer à la "transparencisation" de la gestion des deniers publics et à la lutte contre la corruption dans le pays.

Chaque année, des rapports attestant de l’existence de dysfonctionnements dans tel ou tel secteur de la vie publique sont établis par des personnes morales. Mais il ne semble pas y avoir d’avancées notables sur le terrain. Les exposés alarmants se succèdent apparemment sans perspestives de changement.

Si bien que certains en viennent à s’interroger sur l’utilité réelle de ces outils qualifiés à tort ou à raison de budgétivores. Ceux qui ont l’impression que leur création répond plus à un souci de séduire les partenaires occidentaux que de résoudre les préoccupations des populations ont-ils, dans le fond, tort ? Toujours est-il qu’après tant de rapports sur la corruption, ce phénomène continue de gangrener de nombreux secteurs socioéconomiques du pays.

Il y a donc vraiment lieu, pour la Cour des Comptes, de prendre toutes les mesures qui sont en son pouvoir, si tant est qu’elles existent, pour faire avancer la lutte contre les maux qui minent le développement du pays. Cela passe non seulement par une mobilisation d’un certain nombre d’ acteurs (bailleurs de fonds, politiques, société civile), mais aussi par une ferme détermination des premiers responsables.

Quant aux plus hautes autorités publiques , elles ont l’obligation de mettre les moyens nécessaires à la disposition de l’institution en vue de lui permettre de fonctionner dans de bonnes conditions de travail. C’est l’avenir de notre système démocratique qui est en jeu. Et l’Eat doit se montrer à la hauteur de ses engagements.

Le Pays

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