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Côte d’Ivoire : L’impérieux devoir d’ingérence !

Publié le jeudi 29 juin 2006 à 08h09min

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Gbagbo, Mbeki et Chirac

Lorsqu’il demandait sur le perron de l’Elysée « une implication plus forte » de la communauté internationale dans le processus de paix en RCI (c’était lors de sa dernière visite de travail en France) le président du Faso, Blaise Compaoré ne croyait pas si bien dire. Les récents développements socio-politiques observés dans le pays indiquent clairement qu’il y a urgence.

Plus on se rapproche de la date butoir du 30 octobre 2006, prévue pour la tenue de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, plus les obstacles et les manœuvres dilatoires se multiplient pour la rendre non effective. Les étapes cruciales de la mise en œuvre de la feuille de route à savoir l’identification et le désarmement des différentes milices sont toujours au stade théorique, même si des actes (?) significatifs ont été posés jusque-là.

Au nombre de ceux-ci la réunion conjointe entre états-majors des Forces nouvelles et des Forces armées de Côte d’Ivoire, pour déterminer les modalités du désarmement et du casernement des hommes. Aussi, la visite effectuée en grande pompe à Bouaké par le Premier ministre Charles Konan Banny pour « évaluer » la situation socio-politique et économique de la capitale du Nord avait suscité beaucoup d’espoir, au vu de l’accueil réservé à l’ex-banquier. « Bouaké fait partie d’une Côte d’Ivoire une et indivisible », pouvait-il clamer dès lors, tout en ordonnant dans le même temps des missions de paix et de réconciliation à travers tout le pays.

volontarisme et une bonne foi qui se manifestaient aussi au plan international avec ses différentes sorties sur Johannesburg,

Abuja, Brazzaville et Ouagadougou, cette dernière capitale étant, on le sait, un passage important sur le chemin de la paix. « Banny va réussir là où Seydou Diarra avait échoué » disait-on, surtout que le nouveau Premier ministre, fin diplomate, se gardait de heurter ses interlocuteurs par des insinuations malveillantes si ce n’est des propos injurieux. Las, tout le monde en Côte d’Ivoire n’a pas l’esprit aussi ouvert et prédisposé à la paix, les paroles et les actes de certains dignitaires (?) illustrant à souhait cette assertion.

Dernier baroud des « ivoiristes » ?

Alors donc que Konan Banny s’échinait à défricher les chantiers de la paix, le numéro deux du régime d’Abidjan Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale, père de l’ivoirité se chargeait de mettre de l’huile sur le feu.

Première escarmouche de Koulibaly, le populiste, la suspension des émoluments des députés « absentéistes », au motif qu’ils « bouffaient » l’argent de l’Etat sans travailler. Or, lesdits absentéistes avaient déserté les bancs de l’hémicycle pour se conformer aux injonctions de la communauté internationale qui avait indiqué que leur mandat étant arrivé à expiration en décembre 2005, l’Assemblée nationale n’avait plus de raison, d’être dans sa forme initiale. Tout juste pouvait-elle s’atteler à des tâches concourant à la paix, avait souligné le représentant de Kofi Annan en Côte d’Ivoire, Pierre Schori.

En leur coupant les subsides, Koulibaly défiait ainsi la communauté internationale, tout comme il le faisait à l’endroit de certains voisins de la Côte d’Ivoire, traités à tout bout de champ, « d’envahisseurs ». La logique guerrière donc, pour ce théoricien d’une autre époque, incapable de lire dans la crise identitaire que vit son pays, les contradictions sociales et économiques, nées d’une gestion patrimoniale du pouvoir.

Avec le gap consécutif à la forte diminution de la manne cacaoyère et la naissance du national populisme conceptualisé à travers l’ivoirité, la politique ne pouvait que continuer à travers la guerre, comme nous l’enseigne l’histoire par moment. Alors la constitution de milices « d’autodéfense » par le camp présidentiel, rentre et conforte cette logique belliciste.

Et, ce n’est pas pour rien qu’un Blé Goudé s’est auto-proclamé « général de la rue » (pour quelle « insurrection populaire » ?) et fanfaronne dans les rues d’Abidjan avec une escouade de garde-du-corps et des voitures rutilantes. Cerise sur le gâteau de cette dérive ivoiritaire, les propos aberrants tenus par Gbagbo himself lors d’une récente sortie dont lui seul a le secret. « Les Burkinabè n’ont pas bâti la Côte d’Ivoire mais la France », a en effet prétendu le président ivoirien il y a un peu plus d’une semaine.

Un point de vue que Gbagbo a justifié par le fait qu’au moment où les Burkinabè se tuaient au sens propre pour construire la Côte d’Ivoire, celle-ci était sous tutelle française. On tombe des nues si tant il est vrai que la Côte d’Ivoire est restée la Côte d’Ivoire avant et après l’indépendance. Vouloir ainsi cacher le soleil avec ses mains est symptomatique de la mauvaise foi qui se manifeste souvent incongrument du côté de la lagune Ebrié. Une mauvaise foi soutenue par des pogroms dirigés contre les ressortissants étrangers principalement burkinabè.

Il nous revient ainsi de façon incidente que ceux-ci sont emprisonnés, pour les plus « chanceux », tandis que les autres sont tués et leurs biens volés nuitamment. Dans cette occurrence, la visite de Blaise Compaoré à Yamoussoukro programmée la semaine dernière, ne pouvait qu’être reportée sine die. Longtemps contenue et maîtrisée, la colère du président burkinabè ne pouvait que se manifester à travers ce « faux-bond ».

Tout comme le reste de la communauté internationale, le président du Faso est « impatient » de voir le processus de paix s’enclencher réellement. Car, toutes ces zones de « non - droit » en Côte d’Ivoire sont propices aux trafics en tous genres notamment celles des armes légères source de crises et de destabilisation politique. Il faut donc taper du poing sur la table, et « encadrer » tout ce beau monde pour sortir de l’ornière très rapidement. Pour ce faire, il faudra aller au delà des mots.

Boubacar SY

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 29 juin 2006 à 22:16 En réponse à : > Côte d’Ivoire : L’impérieux devoir d’ingérence !

    Il est regrettable que l’on ait empêché la terminaison du boulot en Cote d’Ivoire. Aujourd’hui la situation s’est compliquée par le sur-armement de GBAGBO. Alors qui est responsable ? Ce n’est certainement pas le Président COMPAORE. Ange TAMPSOBA, France

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