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Israël/Palestine : Encore une preuve de l’inefficacité de la violence

Publié le mercredi 28 juin 2006 à 08h24min

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Une attaque palestinienne en territoire israélien à la lisière de la bande de Gaza dimanche dernier a fait deux morts au sein du commando palestinien et également deux morts parmi les militaires de l’Etat hébreu. Les assaillants palestiniens ont par ailleurs réussi à enlever et à faire prisonnier un des militaires israéliens du nom de Gilat Shalit.

Selon l’Agence France Presse l’attaque a été menée par trois groupes d’activistes palestiniens à savoir les Comités de la résistance populaire, le Hamas et l’Armée de l’islam jusque-là inconnue. Bien que le vice-premier du Hamas Nasseredine al Shaer ait dès dimanche soir exigé la libération immédiate du soldat, le Premier ministre Ehoud Olmert considère ‘’l’Autorité palestinienne et l’ensemble de ses dirigeants, à compter du président et de tout le gouvernement comme responsable de l’attaque’’.

J’ai donné l’ordre...au commandement militaire de préparer nos forces pour une opération militaire de grande envergure et de longue haleine, pour frapper les organisations terroristes, leurs chefs et tous ceux qui sont impliqués dans le terrorisme’’ a indiqué lundi le chef du cabinet palestinien.

Il a par ailleurs promis qu’ ‘’Aucune personne impliquée dans l’enlèvement...ne sera à l’abri’’ et que ‘’nous les atteindrons tous où qu’ils se trouvent.’’ Il a conclu en martelant que ‘’Nous veillerons à ce que le gouvernement du Hamas cesse de fonctionner si le soldat enlevé ne nous est pas rendu vivant’’.

Les Palestiniens ou du moins les partisans de la lutte armée contre Israël peuvent se réjouir de ce grand coup médiatico-militaire contre l’Etat hébreu car il y a longtemps que dans cette guerre qu’ils livrent à leurs frères (Israéliens et Palestiniens ne sont-ils pas tous des enfants d’Abraham ?), ils n’avaient pas marqué autant de points au cours d’une seule opération.

C’est donc bon et même très bon pour le moral ; ce qui n’est pas pour déplaire à la majorité des Palestiniens qui a porté le mouvement de la résistance islamique le Hamas au pouvoir. Ils prouvent également que si la communauté internationale se révèle impuissante à faire appliquer à Israël les résolutions onusiennes, il existe des citoyens palestiniens prêts au martyr afin qu’un jour le rêve d’un Etat palestinien libre devienne réalité. C’est une cause noble et c’est aussi une question d’honneur.

Ce sont là des valeurs que partagent les mondes judaïque et arabo-musulman. ‘’Mieux vaut la mort dans le combat que la vie d’un vaincu.’’ Y dit-on. Mieux, en islam, mourir pour une aussi bonne cause mène directement au paradis sans oublier que pour les Palestiniens les opinions publiques arabes leur procurent une légitimité certaine en ce bas monde.

Quant aux Israéliens, ils trouvent dans ces attaques des arguments bénis pour riposter comme bon leur semble ; prendre des mesures rendant encore plus intenables les conditions de vie des Palestiniens ; se convaincre qu’en fait d’interlocuteurs, ils n’ont en face d’eux que des terroristes qui concoctent ‘’la solution finale de la question juive’’ version XXIe siècle ; légitimer certaines velléités de tracé unilatéral des frontières définitives d’Israël et enterrer du même coup la perspective d’une résurrection de la fameuse feuille de route.

Dans cette optique, ils ont un soutien politique et diplomatique de taille : l’administration américaine. Ils ont aussi des atouts de poids : leur appareil militaire et sécuritaire est à nul autre pareil dans la région. Une fois qu’ils s’estiment agressés, ils ont la possibilité d’atteindre par le biais de leur aviation ou de leurs missiles des cibles situées à des milliers de kilomètres de leur pays.

A elle seule, l’armée israélienne peut vaincre toutes les armées arabes réunies de la région et les spécialistes en matière nucléaire estiment qu’elle possède la bombe. Si donc a priori Israël clame ne pas prendre d’initiative pour agresser les Palestiniens, il se réserve le droit de riposter dès lors qu’il se sent menacé ou aussitôt qu’il est attaqué et quelle que soit l’ampleur de ladite attaque.

La paix, seule solution qui vaille

Malgré la détermination des Palestiniens en particulier et des Arabes en général depuis 1948, il est aisé de constater que les conditions de vie des premiers ne cessent de se détériorer. Elles se sont même empirées depuis les élections législatives palestiniennes du 25 janvier 2006 qui ont vu le Hamas s’emparer de l’organe législatif ; ce qui lui donnait le droit de former le gouvernement.

Or, on sait le Hamas ne reconnaît pas Israël, prône toujours la lutte armée comme seul moyen de vaincre l’occupant israélien préalable à la création d’un Etat et dit ne pas être concerné par les accords antérieurs signés par l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP) et l’Autorité palestinienne.

Ces positions du Hamas, si elles peuvent flatter les ego d’une frange de la population palestinienne, aiguiser le nationalisme arabe et calmer la soif la justice de quelques gens de gauche, ne sont ni diplomatiquement opportunes, ni économiquement rationnelles, ni militairement efficientes car le déséquilibre des forces au triple plan diplomatique, économique et militaire est tel que ce ne sont pas ces genres de prise de position, de comportement et d’action qui accoucheront de l’Etat palestinien. Pire, ils n’auront que les inconvénients de fournir aux dirigeants israéliens et surtout aux ultra orthodoxes juifs des raisons de persévérer dans leur politique de colonisation et de riposte musclée.

Le premier perdant dans cette escalade, c’est le peuple palestinien. C’est pourquoi le Dr. Martin Luther King que les Palestiniens respectent et dont ils gagneraient à s’inspirer disait ceci de la non-violence : "Le principe de la résistance non-violente vise à concilier deux vérités opposées (le conformisme et la violence) tout en se démarquant des excès et des immoralités de chacune.

Le résistant non violent est d’avis avec le conformiste qu’on devrait pas agresser physiquement son vis-à-vis. Mais il tempère sa prise de position en étant d’accord avec la personne qui prône la violence sur le fait qu’il faut résister à l’injustice. Il évite ainsi la non-résistance coupable du premier et la violence tous azimuts du second".

Cela dit, en dépit de puissance militaire, économique et diplomatique des Israéliens, les ripostes disproportionnées face aux attaques palestiniennes ne peuvent en aucun cas être la solution. Pour preuve, depuis 1948, cela n’a changé en rien la donne.

Pire, les jeunes générations de Palestiniens se révèlent être plus déterminées que les précédentes au regard de leurs actions et en dépit des représailles israéliennes pourtant plus meurtrières que de par le passé d’une part et d’autre part vu la victoire du Hamas lors des dernières élections. Comme quoi, dès qu’il y a oppression (en terme d’occupation de territoire), il y a tôt ou tard lutte et résistance.

Certes, les Palestiniens ne font pas grand chose dans le sens du compromis ; certes, leurs querelles inter et intra factions ne laissent pas d’eux l’image d’un peuple qui aspire à la paix avec lui-même et avec ses voisins. Mais le fait est là que la force ne peut triompher du droit, si triomphe il y a, que pendant seulement une partie du temps. Jamais tout le temps.

Et un homme, si puissant soit-il, ne peut vivre dans une hostilité éternelle avec ses voisins sous prétexte qu’il est si fort que même dans son sommeil, personne ne peut le vaincre. Par ailleurs, la magnanimité du plus fort, loin d’être une faiblesse ennoblit sa force dans la mesure où celle-ci, sans une certaine dose de noblesse, le ravale à son rang de vulgaire créature animale.

En ce sens, nous cédons une fois de plus sous le charme de la pensée de M. L. King : ‘’Nous devons concevoir et promouvoir la faculté de pardonner. Celui qui ne peut pas pardonner ne peut pas aimer. Il y a toujours un peu de vertu chez les plus immoraux et toujours un peu de vice chez les plus vertueux d’entre nous...

La haine et l’amertume ne peuvent pas être guérie par la maladie de la peur. Seul l’amour a ce pouvoir. La haine paralyse la vie tandis que l’amour la dynamise. La haine rend la vie confuse alors que l’amour la rend harmonieuse’’. Ces paroles sont peut-être comparables à celles d’un prêche dans le désert mais le fait qu’elles ont été conçues par un homme qui aura marqué son temps et qu’elles sont toujours actuelles sont en soi un mérite.

Zoodnoma Kafando

L’Observateur

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