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Présidentielle française : On attend toujours l’homme providentiel

Publié le mercredi 28 juin 2006 à 08h51min

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Jacques Chirac

Ainsi Chirac a parlé ! Et pourtant, le peuple français, si futé, politiquement parlant, avait pour habitude de prendre son rendez-vous annuel avec son Président, et particulièrement avec Jacques Chirac, le 14-Juillet. Pour le grand oral.

Et en cela, 2006 aura résolument dérogé à la règle de la si républicaine France. En effet, depuis la crise du CPE en avril dernier, l’affaire Clearstream, la reculade gouvernementale dans la fusion GDF/Suez et, tout dernièrement, les dérapages verbaux de Villepin à l’Assemblée nationale, Chirac, que l’on souhaitait pourtant entendre, s’était muré dans un silence bruissant.

Ce si long mutisme qu’on espérait voir rompu le 14 juillet a pris fin plus tôt que prévu : le lundi 26 juin, soit à trois semaines de sa traditionnelle interview. Et c’est à la nouvelle coqueluche du 20 heures de France 2, Arlette Chabot, qu’il a donné la primeur de sa vision de la France.

C’est à cette occasion que le successeur de Mitterrand a reconnu qu’il y avait "sans aucun doute, dans la majorité, un sentiment d’insatisfaction sur la coopération, indispensable, nécessaire lien qui s’impose entre un gouvernement et sa majorité".

Mieux, l’occupant de l’Elysée est venu sur le plateau du 20 heures renouveler solennellement sa confiance à son chef du gouvernement en disant tout le bien qu’il pense de son Premier ministre, Dominique de Villepin, et de son gouvernement, et à leurs succès indiscutables. Et au passage, il a donné une nouvelle feuille de route, un catalogue qui inclut la baisse des charges, l’augmentation du pouvoir d’achat, la réforme de la justice et tant d’autres choses.

Après cette sortie de Chirac, les Français doivent prendre leur mal en patience et composer de nouveau avec leur Premier ministre malgré sa vertigineuse chute de populariité. Le locataire de l’Elysée en a décidé ainsi et a parlé, en des termes ampoulés, des mérites de cette "France qui gagne".

En suivant attentivement le Président français, on se demande bien s’il compte être de nouveau sur la ligne de départ de la présidentielle 2007, car l’homme est resté sibyllin sur ce sujet, renvoyant à plus tard sa réponse.

Mais la confiance solennellement réaffirmée dans le chef du gouvernement, chaudement félicité pour ses résultats en matière de croissance et d’emploi, et le clin d’œil à son "ennemi intime", Nicolas Sarkozy, suffiront-ils à contenir la sourde révolte des députés de son parti, qui, plus que quiconque, ont la hantise d’être entraînés avec lui dans l’infernale spirale de la défaite ?

Rien n’est vraiment sûr, car Chirac ne semble plus vraiment contrôler depuis longtemps le gouvernail de la droite, victime d’un bicéphalisme suicidaire incarné d’un côté par Nicolas Sarkozy et de l’’autre par Dominique de Villepin et ses irréductibles chiraquiens.

Qui pis est, ces derniers temps, les adversaires de Chirac ne cessent de dénoncer ces deux mandats dits "funestes" pour la France.

Pour eux, ce sont des années gâchées dont on ne voit pas très bien ce qu’il faut retenir si ce n’est que la France n’a pas su, sous sa conduite, trouver le bon chemin. Ce qu’elle risque de payer assez chèrement face à une concurrence internationale agressive.

Et à voir le peu d’empressement de ses amis à soutenir sa démarche, on comprend bien que le parti au pouvoir ait le vague à l’âme.

L’usure de la droite au pouvoir est réelle, et la gauche, que semble incarner un certain François Hollande ou l’égérie Ségolène Royale, ne se porte pas mieux.

A moins d’une année de la présidentielle, il serait hasardeux de donner le nom du prochain locataire de l’Elysée, car aucun politicien ne pointe de manière visible, aucune personnalité ne fait l’unanimité à ce jour. Alors peut-on oser dire que c’est là un autre boulevard ouvert à Chirac pour un autre mandat ?

Le doute est permis, et en voulant se porter candidat, il court le risque de désarticuler durablement son parti.

Et en France, que l’on soit de Gauche ou de Droite, l’enthousiasme a cédé à l’inquiétude et à l’incertitude du lendemain. On attend toujours l’homme providentiel.

Boureima Diallo

L’Observateur

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