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Municipalités : Les conseillers attendus au pied du mur

Publié le samedi 24 juin 2006 à 09h48min

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La communalisation intégrale tant chantée au Faso est désormais une réalité avec la mise en place ces dernières semaines des organes dirigeants des conseils municipaux. Les maires et leurs équipes sont face à leurs responsabilités et les populations attendent que les projets de programme qui leur ont été présentés pendant la campagne électorale soient traduit en réalité concrète.

Chaque conseiller à quelque niveau de responsabilité que ce soit doit se mettre au travail pour mériter véritablement du peuple.

Le prétexte facile qui a consisté pour les uns à se proclamer d’être proches du chef de l’Etat et pour les autres à être les messies demande à être mis à l’épreuve. En considérant les propos tenus les mois qui ont précédé les élections municipales du 23 avril, on est fondé à reposer beaucoup d’espoirs sur les élus qui viennent d’être officiellement installés. En effet, on peut penser que les nouveaux conseils municipaux seront assez imaginatifs pour ne pas servir les mêmes choses aux habitants de leur localité.

Le processus de décentralisation doit en effet s’enrichir de l’expérience de ces dix dernières années de la gestion du pouvoir à la base. En tout état de cause les lotissements tant prisés par les conseils municipaux ne sauraient tenir de programme de développement d’une localité. Personne ne peut raisonnablement nier l’intérêt pour les populations de disposer d’un cadre décent d’habitation mais cela ne devrait pas être l’activité principale des organes de direction des communes rurales notamment.

Du reste tout indique que les élus de ces entités doivent plutôt être prudents dans la prise de toute décision de lotissement car au regard des réalités socioéconomique de notre pays, une mauvaise gestion de la terre peut menacer les fondations de la nouvelle expérience de la gestion participative à la base.

A ce sujet, le ministère en charge des collectivités locales devrait avoir une oreille attentive pour ceux qui préconisent que les pouvoirs décentralisés soient dessaisis de la compétence de lotissement au profit du pouvoir central. D’aucuns ne manqueront pas de s’offusquer du fait que l’autorité centrale " ronge " les attributions des élus. La critique a certainement son sens mais elle ne doit pas non plus faire oublier les préjudices que peut subir le processus de décentralisation.

Concrètement, est-il possible d’imaginer que les batailles rangées avec parfois des drames ne servent qu’à faire des lotissements ? Assurément non ! En tout cas, il sera difficile d’expliquer aux laborieuses populations des localités où les politiques se sont rudement battus pour se faire élire au poste de maire rien que pour se contenter de ce minimum en guise de programme de développement au nom duquel on a bandé les muscles.

Chacune des équipes doit présenter dans les meilleurs délais les activités qui seront menées et en même temps déterminer les moyens financiers nécessaires à sa réalisation. Prendre sa destinée en main, c’est concevoir soi-même les politiques éducatives spécifiques à la localité dont on est l’élu. Certes, tout cela sera encadré par les grandes orientations nationales définies par le gouvernement central, mais les pouvoirs locaux ont leur part de responsabilité.

Il en est de même de la définition des priorités dans des secteurs importants comme l’eau, les infrastructures routières, et la santé. La gestion du pouvoir à la base doit se traduire par une réelle implication des populations dans la conception et surtout dans la mise en œuvre desdits programmes car si par le passé, les préfets qui assuraient la plénitude des pouvoirs pouvaient être soupçonnés de ne pas prendre en compte les aspirations profondes des habitants de la localité, il ne peut pas en être de même pour les autorités élues.

Il devrait être plus facile pour ces dernières d’obtenir de leurs administrés une adhésion pleine et entière pour exécuter par exemple les travaux d’intérêt général comme les canalisations et la salubrité. La communalisation intégrale comme stratégie de développement de nos cités est bien pensée mais elle demande à être accompagnée par des mesures vigoureuses. Le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation est fortement interpellé pour assurer la formation des nouveaux élus.

Ceux-ci doivent être dotés d’outils pour exercer au mieux leur charge. Cette tâche est même une urgence au regard de la disparité de niveau des milliers de conseillers. Le ministère en a du reste conscience surtout qu’il a pu constater de lui-même qu’il y a une quantité non négligeable d’élus locaux qui ne savent ni lire ni écrire ; toute chose qui sera un handicap dans l’accomplissement de leur mission.

Indépendamment de ces cas préoccupants, force est de reconnaître que l’exercice de toute nouvelle fonction nécessite la maîtrise des procédures. La réussite de la communalisation repose donc sur l’engagement de tous les acteurs. De ce fait, aussi bien le gouvernement, les populations que les élus locaux doivent jouer leur partition.

Larba YARO

L’Hebdo

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