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Fatoumata Tiendrébéogo née Naby : « ... ne pas dégoûter les femmes de la politique par des manœuvres corruptives... »

Publié le vendredi 23 juin 2006 à 08h30min

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Fatoumata Tiendrébéogo née Naby

« Les élections municipales du 23 avril 2006 ont été une comédie... Tous les partis doivent respecter la lutte des femmes quel que soit leur bord.... ».

Voilà en substance ce que nous a confié Mme Fatoumata Tiendrébéogo née Naby, candidate du PDP/PS lors des élections municipales d’avril 2006 dans l’entretien qu’elle nous a accordé. Mme Tiendrébéogo nous donne par ailleurs son avis sur d’autres sujets d’importance.

Sidwaya (S.) : Comment êtes-vous arrivée sur le terrain politique ?

Fatoumata Tiendrébéogo (F.T.) : J’ai commencé à prendre connaissance de la politique quand j’étais encore élève en 1978. Je m’y suis engagée entièrement en 1997. Etant présidente d’une association dénommée « Mère réveille-toi » qui milite pour l’engagement de la femme dans le développement du Burkina et la vie politique, je me suis présentée aux municipales du 23 avril 2006 pour servir d’exemple aux autres femmes. Je me suis présentée sous la bannière du PDP/PS. En un mot, je suis persuadée que qui parle de développement, parle de politique et sans politique, il n’y a pas de développement .

S. : Depuis 1978, vous faites plus ou moins de la politique. Quels sont les scrutins auxquels vous avez pris part ?

F.T. : De 1978 à 1997, je n’ai pas participé d’une façon active à l’animation de la vie politique au Burkina. J’ai juste suivi pas à pas certains candidats pendant cette période pour m’y connaître davantage. C’est cette année 2006 que j’ai pris part aux élections municipales.

S. : A propos, quelle analyse faites-vous de l’organisation des dernières municipales auxquelles vous avez pris part ?

F.T. : C’est une comédie. Je le dis parce qu’il y a des gens qui pensent que faire de la politique, c’est arriver à se positionner comme candidat. En guise d’exemple, dans le secteur n°3 de Ouagadougou où j’étais candidate, le CDP a usé de certaines manœuvres pour imposer ses candidats. Une autre illustration frappante à propos de la CENI : en faisant le tour de ses différents démembrements à deux jours des élections, j’ai été touchée par l’absence de l’enveloppe contenant les cartes d’électeurs du bureau de vote n°5 du secteur n°3, ma zone. J’ai demandé au président de me trouver la carte d’une femme, après deux heures de fouille, il n’a rien retrouvé.

N’étant pas satisfaite, je me suis rendue au siège de l’institution pour consulter son vice-président et les différentes démarches sont restées infructueuses.

S. : A vous entendre, l’on sent que vous n’êtes pas satisfaite de la CENI ?

F.T. : Je ne suis pas du tout satisfaite de la CENI. Comme raison, tenez, il y avait une date fixée pour la distribution des cartes d’électeurs et quand je me suis rendue à la Commission électorale indépendante d’arrondissement (CEIA) de Baskuy, j’ai découvert qu’il y avait des gens qui avaient librement accès à leurs cartes avant cette date, chose qui n’est pas permise.

S. : Comment vivez-vous votre situation de femme en politique ?

F.T. : Les femmes se débrouillent bien en politique, mais tant qu’il y aura des malversations, des manœuvres dictatoriales et des intimidations, les femmes auront toujours des difficultés à s’affirmer en politique.

S. : Que pensez-vous du débat ces derniers temps sur la participation des femmes en politique au Burkina ?

F.T. : J’ai participé à un forum les 6 et 7 juin 2006 sur la question et j’ai été très satisfaite des débats pour l’amélioration des conditions de participation de la femme en politique.

S : Au vu de ce que les femmes réclament, à savoir un quota de 30% pour elles, avez-vous foi en l’avenir de la femme burkinabè dans l’arène politique ?

FT : Absolument ! j’ai foi en l’avenir de la femme burkinabè dans l’arène politique tout comme dans le combat pour le développement. Cela en ce sens que la femme est consciente de ce qu’elle fait et est en mesure de fournir de gros efforts quel que soit l’endroit où elle se trouve. Je crois que le quota de 30 % pour les femmes ne tue pas le débat, car sur 100 candidats, si on arrive à positionner 30 femmes, même si 15 d’entre elles parviennent à s’imposer, c’est déjà bien. Je demande à tous les partis politiques de respecter la lutte des femmes quel que soit leur bord politique.

Au moment où de par le monde, on demande aux femmes de participer massivement à la lutte pour le développement de leur pays respectif, je pense qu’il ne serait pas juste que, par des manœuvres corruptives ou frauduleuses, les hommes qui, sur ce point ont pris de l’avance, en viennent à les décourager au point de les dégoûter de l’action politique.

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)

Sidwaya

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