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Guinée, Sénégal... : L’enseignement, otage de ses besoins

Publié le mercredi 21 juin 2006 à 07h39min

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La fièvre des fins d’année scolaire mouvementées semble décidément très contagieuse. Il y a seulement quelques jours, la Guinée de Lansana Conté, fatiguée de porter sa misère, était secouée par de sanglantes turbulences, à la suite de l’annulation des épreuves du bac.

A peine ce foyer éteint, voilà que le spectre d’une année blanche réapparaît, cette fois dans un contexte politique et économique bien plus prospère : c’est au tour des autorités sénégalaises de goûter au fruit amer des fins d’année scolaire mouvementées.

C’est en tout cas ce que prévoit le plan d’action de l’Intersyndicale sénégalaise de l’enseignement, qui menace, si ses revendications ne sont pas satisfaites, de prendre en otage les examens de fin d’année.

Ainsi, à quelques semaines du début des épreuves, les élèves sénégalais, inquiets à l’instar de leurs parents, au lieu de se plonger dans leurs cours, méditent sur l’éventualité ou non d’une année blanche. Pour leurs enseignants par contre, rien de tel que le moment tant attendu des évaluations, pour lancer une telle injonction à l’endroit des autorités, coupables selon eux de faire du « dilatoire », les résultats des précédentes négociations ayant été jugés « insuffisants, inacceptables et parfois insultants ».

Qu’ils se manifestent au Sénégal, en Guinée ou dans d’autre pays, car cela n’arrive pas qu’aux autres, de tels coups de force ont toujours pour effet d’hypothéquer l’avenir des futures élites africaines, faisant planer sur ces dernières la menace d’une année blanche.

Or, des actions de ce genre, si elles restent condamnables sur leur principe, constituent souvent, il faut le dire, le dernier recours dont disposent nos enseignants pour enfin faire aboutir leurs revendications.

Car c’est souvent, comme ç’a été le cas au Sénégal, après des mois de négociations infructueuses, que le bras de fer survient entre les syndicats et leurs vis-à-vis, laissant les élèves et les étudiants à la fois otages et spectateurs d’une situation qu’ils n’ont pas voulue.

Quel gâchis ! quand on sait que les problèmes sont rarement nouveaux et que la plupart du temps les revendications portent sur « l’amélioration des conditions de vie et de travail ». Alors, en désespoir de cause, certains attendent la période des examens scolaires pour entamer l’ultime face-à-face avec le gouvernement, dans l’espoir de voir enfin les choses bouger.

Alors pourquoi attendre que de telles actions soient lancées pour tenter de sauver coûte que coûte une année scolaire compromise par un ras-le-bol des enseignants ? Pourquoi ne pas plutôt s’asseoir autour de la table des négociations dès les premiers signes de mécontentement, afin de désamorcer la crise qui ne manquera pas de se déclarer à l’approche des examens, sachant qu’un mauvais arrangement vaut toujours mieux qu’un bon procès ?

On notera en effet que si en Guinée, le bras de fer a rapidement tourné au drame, faisant des victimes parmi les élèves, au Sénégal par contre, il est fort à parier que dès l’alerte, les négociations seront relancées afin d’aboutir à un compromis satisfaisant pour les deux parties.

H. Marie Ouédraogo

Observateur Paalga

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