LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Simplice N. Ouédraogo, ex-maire de Ouahigouya : "Je n’ai pas été candidat aux municipales"

Publié le mercredi 21 juin 2006 à 08h08min

PARTAGER :                          

Ecarté par son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), lors de la composition des listes de candidatures pour le scrutin municipal du 23 avril dernier, le successeur de Issa Joseph Diallo, Simplice Ouédraogo, cède le fauteuil à Abdoulaye Sougouri. Il n’aura passé qu’un an et demi à la tête de la commune de Ouahigouya.

"Le Pays" : Vous voilà parti de la mairie de Ouahigouya. Peut-on connaître votre état d’esprit ?

Simplice Ouédraogo : Je voudrais tout d’abord remercier "Le Pays" qui s’intéresse à quelqu’un qui quitte la piste. En général, on ne s’intéresse qu’à ceux qui sont dans le starting-block, ceux qui sont encore en activité. Je constate aussi que cela fait un an et demi que je suis à la tête de la commune et que ce n’est pas la première fois que "Le Pays" s’intéresse à ce que nous faisons au niveau de la commune pour essayer sans doute de nous accompagner dans le cadre de l’information des citoyens et de la communication. Maintenant, je suis au terme de mon mandat ; concernant ce que je vais faire par la suite, je dirai tout simplement que dans la vie il y a beaucoup à faire, sauf pour ceux qui ne veulent rien faire.

Je suis un fonctionnaire de l’Administration burkinabè, précisément du ministère du Commerce, et c’est ce ministère qui m’a envoyé à Ouahigouya comme directeur régional du CAPPRO (ndlr, Commerce et Approvisionnement du peuple) en 1986. C’est alors que les activités politiques sont intervenues et c’est ce qui a fait que je suis resté à Ouahigouya depuis maintenant vingt ans. Avec la fin de ce mandat, je vais rejoindre mon ministère où je pense que je pourrai encore donner un peu de ce que je sais faire pour les quelques années qui me restent avant d’aller à la retraite.

Est-ce à dire que c’est la retraite politique pour vous ?

Tout dépendra. Chez nous ici, en matière de politique, rien ne dépend d’un individu mais du parti. Si au niveau de mon parti on estime que je peux toujours être utile, je suis disponible. Mais je ne suis pas de ceux qui se battent, bec et ongles, pour se positionner.

Pourtant il semble que vous vous apprêteriez pour la députation...

Moi je ne suis pas informé de cela. Ouahigouya, c’est aussi la ville des rumeurs et de l’affabulation. Ce dont je suis sûr en tout cas, c’est que je suis un fonctionnaire du ministère du Commerce.

Certains disent que vous avez été écarté de la liste des candidats conseillers municipaux de votre parti...

Le mandat de maire que j’ai exercé pendant un an et demi ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. J’ai été conseiller municipal de Ouahigouya pendant dix ans, j’ai été président de la commission finances, j’ai été premier adjoint au maire, j’ai été député... Tout cela entre dans le cadre de mes activités politiques.

Chaque fois qu’on m’a demandé si après mon mandat je serai encore candidat, j’ai toujours dit qu’au Burkina Faso, la question des listes au niveau des élections municipales ou autres relève de la compétence des partis, pas des individus. Il y en a qui ne comprennent pas ça. Un individu ne peut pas se lever et se porter candidat. Il faut être présenté par un parti. Me concernant, ce qui est sûr pour cette fois-ci, je n’ai pas été candidat. Je ne me suis pas présenté. Je crois qu’il est aussi loisible à tout homme de pouvoir faire le point. Moi j’ai fait le point et j’ai décidé de ne pas être candidat.

Ce n’est pas un problème pour moi. Je le répète, j’ai été deux fois conseiller, deux fois candidat à la députation et même actuellement je suis suppléant sur la liste nationale. Je suis en neuvième position sur la liste nationale du CDP. Pour couper court, je n’ai aucun problème avec mon parti. Il y a très peu de gens à Ouahigouya qui ont ce parcours politique. Donc je ne dois pas me plaindre. Je dois même me féliciter d’avoir eu à occuper ces postes alors qu’en réalité, rien ne m’y prédestinait.

Ne pensez-vous pas que votre attitude frise quelque peu la démission ?

Il n’y a pas que la politique dans la vie. Il y a plusieurs activités qui font la vie d’une société. Ne voyez pas seulement l’élément politique, car il y a, par exemple, l’économique, il y a la société civile, il y a plusieurs créneaux dans lesquels on peut évoluer. Donc ce n’est point une histoire de baisser les bras.

Votre mandat a été si bref qu’il ne nous semble pas non plus incongru de vous demander si vous ne sentez pas un goût d’inachevé ?

Pas du tout. Quand j’ai été élu, c’était pour achever un mandat, ce que j’ai fait. A part quelques points, avec le conseil municipal, nous sommes arrivés à achever la grande majorité des chantiers prévus.

Par exemple ?

Il y avait, par exemple, un lycée agricole qui était prévu. C’est un gros chantier qui n’a pas pu démarrer (ndlr, lors d’une précédente interview, le maire avait évoqué, concernant la réalisation de ce projet, des difficultés financières). De toutes façons, dans la vie, on ne peut pas respecter toutes les prévisions à 100%. Surtout quand on connaît les problèmes que vivent nos pays et que vivent nos communes. Je parle notamment des problèmes financiers.

Quel sentiment gardez-vous de vos collaborateurs ?

Si vous voulez parler de la collaboration avec les membres du bureau et de mes adjoints, je pense qu’il n’y a eu aucun problème de collaboration. Nous avons travaillé avec beaucoup d’esprit d’ouverture, en se disant les vérités. Même si le bureau était composé de deux partis, on n’a eu aucun problème, chaque fois on se concertait ; s’il y avait du travail à faire, on essayait d’associer tout le monde.

Comment trouvez-vous le conseil entrant, en particulier, le nouveau maire ?

Si je dois les apprécier aujourd’hui ce serait de façon subjective ; or, moi je n’apprécie pas les gens a priori. Je juge sur la base des faits.

Comme le précédent, le nouveau conseil municipal de Ouahigouya est encore composé de deux formations politiques seulement. Cela pourrait présager une sortie de monotonie pour la commune, n’est-ce pas votre avis ?

L’expérience est là. De 1995 à 2000, on avait aussi à peu près la même configuration. Le bureau à l’époque avait été entièrement CDP mais cela n’a pas gêné outre mesure le travail jusqu’à la fin du mandat. Au deuxième mandat, nous avons travaillé avec l’ADF/RDA (ndlr, Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain) au bureau, mais il y a eu un problème entre-temps qu’on a quand même eu à résoudre. Si on s’en tient à la première expérience, je crois que le bureau devrait pouvoir travailler sans problème. C’est aussi ça la politique. Comme quelqu’un le disait, de temps en temps, on s’associe et de temps en temps aussi, on ne s’associe pas. La politique, c’est comme les couples, ça se marie, ça divorce.

Voudriez-vous insinuer que le deuxième mandat fut un échec ?

Je n’ai pas dit que le deuxième mandat fut un échec. J’ai dit qu’à partir de ces deux expériences, on peut travailler avec un bureau entièrement CDP ou un bureau avec l’ADF/RDA. L’essentiel est que chacun ait individuellement à coeur l’intérêt de Ouahigouya.

Qu’avez-vous de particulier à dire aux populations de la commune que vous avez eu à diriger ?

Je devrais remercier toute la population de Ouahigouya, ville qui ne m’a pas vu naître mais où j’ai fait mon école primaire, j’y suis régulièrement installé depuis vingt ans maintenant. C’est une ville qui a, par contre vu naître mon épouse. C’est donc une ville à laquelle je suis attaché, qui m’a beaucoup donné parce que être député, être maire, être conseiller municipal pendant dix ans, c’est une chance, c’est un privilège que Ouahigouya m’a offert. Pour cela, je dois remercier toute la population de cette ville.

Propos recueillis par Lassina SANOU

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV