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Développement au Burkina : Attention à la discrimination !

Publié le mardi 20 juin 2006 à 08h16min

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"Les politiques économiques, dans notre pays, n’ont pas toujours été conduites en fonction des potentialités des différentes régions". Cet aveu, c’est le Premier ministre burkinabè himself, Ernest Paramanga Yonli, qui l’a fait au cours d’un entretien qu’il a accordé à notre confrère "L’Evènement", publié dans le n°93 du 10 juin de ce bimensuel. Et ce n’est pas tout.

Selon le chef du gouvernement burkinabè, pour conduire les politiques en fonction des potentialités régionales, "il aurait fallu une politique de clarification nationale qui intègre une variante planification régionale. Il aurait fallu aussi avoir un schéma d’aménagement du territoire qui fait un diagnostic du potentiel économique de chaque région".

Toutes choses qui auraient permis au gouvernement de "prendre des décisions de politique économique pour faire des investissements en fonction du potentiel". Mais comme ce n’est pas le cas, le Premier ministre reconnaît, toujours dans le même entretien, que "c’est une lacune importante qui explique aujourd’hui le développement discriminé des régions".

A la suite du Premier ministre, qui s’est départi de la langue de bois et qui a reconnu en toute franchise, l’absence d’une politique de développement des régions basée sur leurs potentialités, on a presqu’envie de dire qu’enfin, les autorités font leur mea culpa. En effet, ce que le locataire de la primature avoue est un secret de polichinelle. Bien des personnes n’hésitent pas à crier à la ségrégation et à l’inéquité dans le développement des localités.

Tout se passe comme si la localité, la région qui n’a pas de politiciens ou d’opérateurs économiques importants et influents, était laissée à elle-même. Dans une telle région, tout projet de développement semble être convoyé sinon détourné vers les régions ayant des fils capables de peser sur les grandes questions de développement.

Même si cette "expertise" ou cette "colonie" de ressortissants influents est souvent nuisible à leur région du fait de la politique politicienne, il n’en demeure pas moins qu’il faut en disposer. C’est l’ultime conviction qu’a plus d’un Burkinabè parce que ce serait là le seul moyen de voir la cause de sa localité plaidée, défendue en haut lieu. Cette conviction se renforce davantage avec la décentralisation qui, quoiqu’elle ambitionne de confier les rênes du développement aux collectivités elles-mêmes, ne fera pas quitter du giron du pouvoir central les régions ayant des ressortissants bien introduits.

Ces régions ne seront jamais laissées... laisse-guidon et ont toutes les chances de ne pas souffrir du manque d’infrastructures vitales comme les routes, les centres de santé, les écoles, les retenues d’eau, etc. Et tant pis pour le reste, serait-on tenté de dire. Pourtant, ce ne devrait pas être ainsi. La gestion des affaires publiques, celle d’un Etat, doit se faire sans discrimination, sans exclusion. En un mot, sans injustices qui font le lit des frustrations.

C’est la raison pour laquelle les candidats à l’élection présidentielle par exemple élaborent généralement des programmes comportant des actions à entreprendre à l’échelle nationale. Jamais ou, à tout le moins, rarement, on en a vu qui font la part belle à telle région par rapport à telle autre. Un des programmes de l’actuel chef de l’Etat, Blaise Compaoré, n’a-t-il pas été justement celui de "Programme solidaire de développement" ?

Une vision d’ensemble. Ceux qui sollicitent chaque fois les voix des électeurs doivent se mettre au service de tout le monde, une fois élus. Autant le chef de l’Etat doit être le président de tous les Burkinabè, autant le député doit cesser d’appartenir à une région donnée et devenir un élu national. De même, un ministre, c’est-à-dire membre d’un gouvernement d’un pays, et exécutant un programme, celui du chef de l’Etat, ne doit pas privilégier sa localité, sa région dans ses actes.

Malheureusement, dans la pratique, cet impératif a souvent rélevé plutôt de gesticulations et de déclarations d’intention. Même la décentralisation, la communalisation intégrale ne peuvent être invoquées pour justifier certaines attitudes que l’on voit çà et là. Et il n’est pas superflu de rappeler que décentralisation ne signifie pas désengagement de l’Etat. Celui-ci doit continuer à assurer ses missions régaliennes, accompagner les collectivités territoriales dans leur développement en construisant toujours des routes, des écoles, des centres de santé, etc..

Le Pays

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