Sidwaya (S.) : Y a t-il une forte communauté burkinabè au Nigeria ?

Dramane Yaméogo (D.Y.) : On estime à quelques milliers les Burkinabè résidant au Nigeria mais tous ne sont pas enregistrés. Ils sont essentiellement concentrés dans la cité de Lagos où ils évoluent dans le secteur informel. Nous en avons également dans les Etats du Nord, notamment à Kano où ils se retrouvent dans le domaine de l’import-export. Certains résidents sont aussi dans le métier du bâtiment et le commerce local. A Abuja, nous avons des Burkinabè dans le secteur informel et des hauts cadres au sein de la CEDEAO.

S. : Ces Burkinabè n’ont-ils pas des problèmes d’intégration ?

D.Y. : Des difficultés d’intégration en tant que telles, non, car l’espace communautaire de la CEDEAO est quand même sécurisé ici au Nigeria. Mais, comme cela existe partout ailleurs, il y a des personnes qui méconnaissent la règle de droit et ont souvent des comportements manifestement (en contradiction avec le traité communautaire) qui portent parfois préjudice à nos ressortissants. Dans ce cas de figure, nous prenons les mesures nécessaires afin que le droit soit rétabli.

S. : Tous les marchés sont-ils ouverts à nos compatriotes du Nigeria ?

D.Y. : Oui ! Les marchés sont apparemment ouverts aux Burkinabè mais, seulement ces marchés ne sont pas organisés, de manière rigoureuse.

Et un marché ouvert qui n’est pas organisé ne profite pas substantiellement aux personnes qui y ont des potentialités. Le marché nigérian est un gros marché et pourrait être plus utile aux Burkinabè dans le domaine de l’élevage (bétail) et de l’agriculture (le niébé) s’il fonctionnait de façon structurelle. Ce qui est dommage, car le commerce a une force qui dépasse souvent les frontières des Etats. Cela constitue un gros handicap pour nos compatriotes qui pourraient mieux faire des affaires avec le commerce du niébé (haricot) (le Nigéria étant un grand consommateur et même du sorgho et aussi des chenilles (le chitoumou).

S. Pensez-vous que la restructuration du secrétariat exécutif de la CEDEAO en commission de neuf membres contre quinze pour le secrétariat, peut donner une nouvelle dynamique à cette institution ?

D.Y. : Avec la volonté politique, cette commission peut bien fonctionner et réussir sa mission même avec neuf membres, de la même manière qu’avec quinze membres. Cela pour dire que le nombre de postes n’est pas déterminant dans le fonctionnement de la CEDEAO. C’est plutôt la volonté politique et je pense que les chefs d’Etat ont cette volonté. Ils l’ont chaque fois affirmée et réaffirmée.

S. Le Burkina est-il un bon élève au sein de cette institution ?

D.Y. : Evidemment, le Burkina au sein de la CEDEAO, est un pays à l’aise, parce qu’il fait l’effort d’appliquer le prélèvement communautaire. C’est ainsi que lorsqu’il s’agit d’intervenir au niveau de la CEDEAO, il le fait sans gêne. Il mérite donc son poste de vice-président.

S. Quelle est la situation actuelle de la grippe aviaire, y a t-il de nouveaux cas ?

D.Y. : La psychose s’est un peu dissipée. On n’en parle plus tellement. De façon volontariste, les populations continuent de consommer avec précaution, leurs poulets.

Il n’y a pas de nouveaux cas révélés au public pour le moment. Et même les cas humains, on en fait état mais pas avec beaucoup d’insistance qui puisse permettre de dire les choses de façon très précise.

Propos recueillis à Abuja par A. Verlaine KABORE

Sidwaya