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Raymond Tiendré à Mahamoudou Ouédraogo : "Je ne suis pas un assassin de la vérité"

Publié le lundi 19 juin 2006 à 07h40min

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La liquidation de la Société nationale du cinéma du Burkina (SONACIB), suivie de la vente des salles de projection, objet de notre Grand reportage du 30 mai 2006 divise toujours aussi bien les acteurs du 7e art que les cinéphiles.

En témoigne, le courroux de l’ancien ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, Mahamoudou Ouédraogo, dans notre édition du 9 mai 2006, qui a réduit à néant les propos de Raymond Tiendré, secrétaire général de l’Union nationale des cinéastes du Burkina (UNCB). La suite, c’est le droit de réponse de ce dernier que nous vous proposons ci-après.

C’est avec stupéfaction que j’ai lu l’interview de monsieur Mahamoudou Ouédraogo dans les colonnes de l’Observateur paalga du vendredi 9 juin 2006. Je réagis autant à titre individuel qu’en ma qualité de Secrétaire général de l’Union nationale des cinéastes du Burkina, car je suis visé à ce double titre par certains propos de l’intéressé.

Je reste songeur devant la réaction extrêmement virulente que mes propos, dans l’Observateur paalga du 30 mai 2006, ont déclenché alors que mon intention n’était en rien accusatrice.

Il me semble que le destin du cinéma national réclame la contribution de tout un chacun et notamment des professionnels et que cela requiert beaucoup d’analyse ainsi que l’acceptation d’une critique et d’une évaluation contradictoires.

La vraie question qui se pose est de savoir si le ou les bons choix ont été faits et de tirer leçon de l’expérience immédiate vécue, sinon nous n’aurons pas avancé dans la résolution du préoccupant dossier de la distribution et de l’exploitation au Burkina.

Chacun connaît l’importance d’un tel dossier, et il vaudrait mieux éviter de se réfugier dans des faux semblants ou de déployer un écran de fumée dérisoire. Comme on dit, les faits sont têtus et il nous faut tous nous employer à travailler dans le vrai sens de l’intérêt de notre cinéma national.

Une telle entreprise commence d’abord par l’établissement d’une vérité neutre et indépendante et par la constitution d’une mémoire collective sur le sujet, gages d’un progrès réel. Je dois relever au passage que l’habillage journalistique de l’article utilisant des mots chargés de connotation tels que « "s’offusque le BOUILLANT Raymond TIENDRE,... Crie au scandale, ...Fulmine... » ne sont pas de nature à traduire le calme et la sérénité avec lesquels je me suis prêté aux questions du journal.

Cela a-t-il contribué au fait que monsieur Mahamoudou Ouédraogo perde son sang froid et verse dans des amalgames qui n’ont rien à voir avec la stricte teneur de mes propos initiaux ?

Si malgré le fait que nous soyons devenus collègues à la Télévision du Burkina depuis 1988 et que depuis son arrivée à la tête du département chargé de la Culture, je n’ai pas _cessé de_ ¬collaborer au traitement des dossiers du cinéma chaque fois qu’il m’a été fait appel, je peux encore être affublé du vocable "un certain Raymond Tiendré", on comprendra ma perplexité.

Monsieur Mahamoudou Ouédraogo me connaît suffisamment pour savoir que mes valeurs cardinales sont la franchise, la loyauté et le franc-parler.

La réaction du ministre est démesurée

Cela dit, revenons aux propos réels des extraits de mon interview qui ont suscité une réaction, à mon avis, démesurée de monsieur Mahamoudou Ouédraogo. En ce qui concerne la reprise de la SONACIB, j’ai dit ceci dans le journal : "Pour un montant initial de 700 millions de francs CFA, il a été demandé à M. Franck Alain Kaboré la somme d’un milliard par la suite".

Je l’affirme encore aujourd’hui, car en son temps, l’UNCB, dont je suis encore le secrétaire général, était impliquée dans le processus de cette reprise et avait été approchée par M. Franck Alain Kaboré pour participer au capital à hauteur de 30 millions.

Certains professionnels en son temps s’y étaient intéressés, mais ne disposaient pas de la liquidité nécessaire.

A la surprise générale, suite à la mise en place du Syndic liquidateur, monsieur Franck Alain Kaboré nous a informé que le syndic fixait maintenant le montant de la reprise à plus d’un milliard de francs CFA, et cela à 48 h des délais. Dans tous les cas, Monsieur Franck Alain Kaboré est là, il pourra toujours confirmer ou infirmer mes dires.

Que monsieur le ministre de la Culture n’ait pas été informé de cela ne veut pas dire que j’invente les choses pour « assassiner la vérité » ! Bien au contraire, je souhaite que les choses soient sues afin de préserver la vérité et de contribuer à la constitution d’une mémoire sur le cinéma national, ce dont personne n’a le monopole.

Tels ont été mes propos à ce sujet ! Et vous constaterez bien que je n’ai jamais fait allusion à un quelconque marché occulte ou mafieux ! J’ai simplement dit : « Le ministre de la Culture refuse de vendre les salles à un repreneur, pour ensuite les confier gratuitement avec en sus des subventions à une association... ».

Toute extrapolation de la part du ministre Mahamoudou Ouédraogo, ou de toute autre personne ne relève donc pas de mon fait ! Je crois sincèrement que l’UNCB et moi-même avons pris à cœur le dossier des salles de cinéma et qu’à tout moment nous avons montré notre disponibilité, mais aussi notre sens de responsabilité dans la sauvegarde des vrais intérêts du cinéma national.

Si une telle attitude est criminelle et mérite que nous soyons menacés de poursuite devant les tribunaux, alors nous sommes sereins. Serions nous perçus injustement et à tort comme les ICARES du cinéma à qui il faudrait brûler les ailes ? Non, monsieur le ministre Mahamoudou Ouédraogo, je ne suis pas et ne serai jamais un « assassin de la vérité » encore moins « un rongeur de mémoire ».

Vive le cinéma Burkinabè !

Raymond M. Tiendrébéogo Réalisateur à la Télévision du Burkina Secrétaire général de l’Union nationale des cinéastes du Burkina

Observateur Paalga

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