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Négociations sur le coton à l’OMC : L’Union européenne soutient les pays sahéliens

Publié le vendredi 16 juin 2006 à 08h02min

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L’Union européenne appuie la position des pays auteurs de l’Initiative sectorielle en faveur du coton et confirme sa volonté de réduire fortement les soutiens ayant des effets de distorsion sur le marché international du coton.

La filière coton est stratégique pour le développement économique de plusieurs pays sahéliens et en particulier pour le Burkina Faso où cette filière fait vivre plus de La filière coton est stratégique pour le développement économique de plusieurs pays sahéliens et en particulier pour le Burkina Faso où cette filière fait vivre plus de 2 millions de personnes, contribue à plus de 60 % des exportations totales du pays et à plus de 5% du PIB, et est également un outil important de lutte contre la pauvreté en milieu rural.

Les 19 et 20 juin se tiendra à Ouagadougou un séminaire international sur le développement de la filière coton de l’Afrique de l’Ouest, organisé par la Banque mondiale à la demande du gouvernement américain. L’Union européenne profite de cette occasion pour faire le point sur la situation actuelle des négociations sur le dossier coton à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et en particulier sur les subventions au secteur cotonnier.

En ce qui concerne les subventions à l’exportation du coton, on peut se féliciter que les Etats-Unis aient récemment décidé de supprimer ce type de subventions. Toutefois, il faut rappeler qu’en abandonnant les subventions à l’exportation, les Etats-Unis ne font qu’appliquer partiellement leurs obligations vis-à-vis de l’OMC.

En effet, les Etats-Unis ont été condamnés à retirer les subventions aux Exportations suite à un recours du Brésil à l’OMC, qui a reconnu l’incompatibilité de ces subventions américaines avec les règles de l’OMC. L’Union européenne, pour sa part, n’a jamais utilisé de subventions à l’exportation pour le coton.

En ce qui concerne les autres types de subventions (soutiens internes), le groupe des quatre pays auteurs de l’initiative sectorielle en faveur du coton (Bénin, Burkina Faso, Mali, Tchad), appelé communément C4, à l’origine de l’initiative coton auprès de l’OMC, ont déposé le 1er mars dernier des propositions concrètes visant à traiter, comme l’avaient décidé les membres de cette organisation en juillet 2004, le dossier coton de manière « ambitieuse, rapide et spécifique ».

Réforme profonde du régime coton européen (1)

L’Union européenne a soutenu la proposition des C4, qui demande notamment la négociation immédiate et indépendante de modalités spécifiques sur le coton, sans anticiper ni influencer les résultats de négociations générales sur l’agriculture. De leur côté, les Etats-Unis maintiennent leur position selon laquelle les modalités relatives au coton ne devraient être discutées qu’après un accord global sur les produits agricoles.

Quant à la position des Etats-Unis en matière de réduction des soutiens internes en général, elle est loin de constituer une réduction sensible ou une offre ambitieuse. En effet, elle équivaut à plafonner le niveau des soutiens internes à un montant supérieur à ce que les Etats-Unis ont déboursé en moyenne au cours des 10 dernières années.

Cela est préoccupant lorsque l’on sait que les Etats-Unis sont un grand producteur et exportateur de coton (30% des exportations mondiales) et que l’impact des aides américaines est donc prépondérant sur le cours du coton fibre sur le marché international.

Cette "offre" générale sur les soutiens internes ne peut pas satisfaire les exigences des pays producteurs de la région sahélienne. En outre, les Etats-Unis conditionnent le maintien de cette offre à une réduction très importante des protections tarifaires des pays industrialisés et de ceux en voie de développement.

Cette position n’est pas réaliste pour l’Union européenne. Comme ne cessent de le répéter les pays en développement, une condition préalable à toute ouverture des marchés est que les producteurs du Nord et du Sud soient sur un pied d’égalité, ce qui passe par une réduction significative des soutiens internes ayant des effets de distorsion.

De plus, la majorité des soutiens internes aux Etats-Unis est liée aux prix, c’est-à-dire que ces soutiens visent à combler la différence entre le prix du marché et un prix garanti aux agriculteurs. Ils permettent donc aux Etats-Unis d’écouler sur le marché mondial des produits à un prix très compétitif, tout en assurant des revenus garantis aux agriculteurs, ce qui les incite à maintenir des volumes de production importants.

De son côté, l’Union européenne a engagé une réforme profonde de son régime coton, en réduisant de deux tiers environ les soutiens internes ayant des effets de distorsion sur les échanges, alors qu’elle est un acteur mineur sur l’échiquier du marché international du coton.

La production totale de la Communauté ne représente en effet qu’une partie marginale de la production mondiale (autour de 2%) ; l’Union européenne est importatrice nette de coton et les soutiens qu’elIe apporte n’ont pas d’impact significatif sur les tendances des prix mondiaux.

L’Union européenne est pleinement consciente de l’importance du secteur agricole pour les pays en voie de développement. Elle a toujours défendu des traitements spéciaux et différenciés pour ces pays et considère que les efforts qui leur sont demandés dans le processus de libéralisation doivent être proportionnés à leur niveau de développement.

Mme Sari Suomalainen

Chef de la délégation de la Commission européenne au Burkina Faso

(1) L’intertitre est du journal

Observateur Paalga

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