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XXXe Sommet de la CEDEAO à Abuja : La vice-présidence de la commission au Burkina

Publié le vendredi 16 juin 2006 à 08h08min

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Le président du Faso, Blaise Compaoré a pris part, le mercredi 14 juin 2006 à Abuja au Nigeria, à la trentième session ordinaire des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Le point saillant de cette rencontre a été la transformation du secrétariat exécutif de l’institution en commission.

A partir de janvier 2007, on ne parlera plus du secrétariat exécutif de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), mais plutôt de la Commission de la CEDEAO.

C’est ce qu’ont décidé les chefs d’Etat des pays membres de ladite institution, au cours de leur trentième session ordinaire tenue à Abuja, capitale du Nigeria le 14 juin 2006 à laquelle le président du Faso, Blaise Compaoré a pris part. Il était en compagnie du président du Liberia Mme Ellen Johnson Sirleaf, du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, M. Youssouf Ouédraogo et de celui délégué à la Coopération régionale, M. Jean-De Dieu Somda.

Les deux chefs d’Etat ont été accueillis à l’aéroport international Nnamdi Azikwé d’Abuja par le directeur général du protocole des Affaires étrangères du Nigeria, M. Peter Anegbé et l’ambassadeur du Burkina au Nigeria, Dramane Yaméogo.

Après un parcours d’une quarantaine de kilomètres, les deux présidents sont arrivés au Nicon Hilton d’Abuja, où devait se tenir la rencontre. Aux côtés de leurs homologues Yayi Boni du Bénin, John Kufuor du Ghana, Amadou Toumani Touré du Mali, Mamadou Tandja du Niger, Olesegun Obasanjo du Nigeria Ahmad Tejan Kabbah de la Sierra-Léone Faure Gnassingbé du Togo, ils ont planché sur les questions brûlantes de l’organisation (CEDEAO).

Il s’est agi notamment de l’examen du rapport de la cinquante-sixième session ordinaire du Conseil des ministres sur la restructuration des institutions de la CEDEAO (le Secrétariat exécutif, la Cour de justice et le Parlement de la communauté), du Conseil de médiation et de sécurité, la convention sur les armes légères.

La situation sécuritaire dans la sous-région et la Banque d’investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) ont été également au menu des discussions. Avant d’entamer les travaux à huis-clos, les chefs d’Etat Nigérian Olesegun Obasanjo et Nigérien, Mamadou Tandja respectivement président du pays hôte et celui en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, ont rappelé les raisons de la restructuration des institutions de la communauté.

Pour le président nigérian, la transformation du secrétariat en une commisssion de neuf membres a été décidée lors de la session des chefs d’Etat tenue le 19 janvier 2005. Elle a pour but, dit-il, de permettre à l’organisation de mieux jouer son rôle dans le processus d’intégration et de développement, et de répondre aux attentes des populations. La bonne gouvernance, le processus démocratique, la paix, la stabilité politique, la sécurité, la prolifération des armes légères sont autant de préoccupations auxquelles les chefs d’Etat doivent faire face, a noté M. Obasanjo.

L’Afrique, face à son destin

Et le président nigérian d’ajouter que « Si l’Afrique veut se faire respecter, les différents gouvernements doivent œuvrer à assurer la libre circulation des personnes et des biens, à l’établissement d’une monnaie commune, à la réalisation des objectifs du NEPAD et de ceux du millénaire pour le développement ». Toute chose qui ne peut se faire sans le règlement des conflits, la lutte contre la pauvreté, la faim et l’insécurité, le blanchissement d’argent, véritable menace pour les économies de la sous-région, a averti Obasanjo.

Pour sa part le président nigérien Mamadou Tandja a indiqué que la CEDEAO est à la croisée des chemins. En effet, pour M. Tandja au regard des problèmes cités par son homologue du Nigeria auxquels s’ajoutent la pandémie du VIH/Sida et le paludisme, il est temps, voire impérieux pour les leaders africains de relever tous ces défis. Cependant, poursuit-il, ceci ne peut se faire qu’autour d’un cadre commun et à travers des actions concertées.

La mutation du secrétariat exécutif en commission répond, aux dires de M. Tandja, à ce besoin en ce sens qu’elle permet à la CEDEAO de s’adapter à l’environnement international. L’on passera ainsi d’un organe consultatif à un organe qui participe à la prise de décision et pour plus tard, à un organe décisionnel. La création de la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), donnera certainement une autre dynamique à la commission.

La commission et ses principes

Les principes de la commission ont été approuvés par les chefs d’Etat, au cours de leur huis-clos qui a duré près de cinq heures. Ce huit-clos a été sanctionné par un communiqué final. De celui-ci, il ressort que la commission de la CEDEAO est composée de neuf (9) membres dont un président un vice-président et sept (7) commissaires. Elle est régie par les principes suivants : la solidarité l’équité, l’esprit communautaire, l’efficacité, la rentabilité, la faisabilité, la transparence, la prévisibilité et la fonctionnalité d’un système de rotation de tous les postes statuaires de la communauté.

A l’issue du huis-clos, le Ghana a été désigné pour assurer la présidence de cette commission et le Burkina Faso, la vice-présidence. La Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Nigéria, le Sénégal, la Sierra-Leone et le Togo occupent quant à eux les postes de commissaires.

En attendant le prochain sommet qui se tiendra le 2 décembre 2006 à Ouagadougou au Burkina Faso où certainement les noms du président, du vice-président et des commissaires seront connus M. Mohamed IbN Chambas dirige toujours l’institution en tant que secrétaire exécutif. C’est sous la pluie que les chefs d’Etat se sont quittés en invitant la Cour de justice et le parlement de la communauté à jouer pleinement et efficacement leur rôle en vue de contribuer à la réalisation du processus d’intégration. Ils ont instruit le secrétariat exécutif de dégager des stratégies régissant l’immigration des jeunes africains vers l’Europe.

Ils ont aussi interpellé la communauté internationale sur le traitement des Africains immigrés lors de leur rapatriement. La situation sécuritaire en Côte d’Ivoire, en Guinée Bissau et au Togo a été évoquée. Ils ont noté avec satisfaction l’évolution de cette situation en invitant par ailleurs les acteurs politiques ivoiriens à l’intensification du dialogue en vue d’assurer le succès du programme de transition.

Concernant la Guinée-Bissau les chefs d’Etat ont donné leur accord pour l’établissement d’un groupe international de contact qui aidera le pays à retrouver la stabilité politique et à se relancer économiquement.

Quant aux armes légères et leur prolifération, la convention de la CEDEAO faisant état de leur interdiction a été de nouveau approuvée par les chefs-d’Etat et de gouvernement, à l’exception des armes garantissant la sécurité légitime et le maintien de la paix des pays.

Aline Verlaine KABORE,
envoyée spéciale à Abuja


Quelques impressions retenues

Aux termes des travaux le chef de l’Etat, le président Blaise Compaoré à traduit sa satisfaction sur les conclusions qui en ont découlé.

Le président Compaoré comblé

« Je suis comblé parce qu’il y a eu des réformes qui représentent pour notre communauté (qui en avait besoin) un nouvel élan, un nouveau dynamisme pour affronter cette période où des problèmes de sécurité et de stabilité politique de la région demeurent et pour lesquels beaucoup d’efforts ont été réalisés. Aujourd’hui, il faut avancer sur le terrain économique ; et je pense qu’avec cette restructuration que nous saluons et que nous avons beaucoup appuyée il doit être possible pour le Burkina de contribuer fortement à la relance de la communauté ».

Yayi Boni, président du Bénin (après avoir claqué la porte juste après l’ouverture des travaux)

« Il faut impérativement revoir la stratégie globale au niveau de cette institution et bien imprimer sa ligne de croissance accélérée tant il est vrai que la pauvreté qui sévit dans nos Etats aujourd’hui est profonde et qu’il faille maintenant insister sur la création de la richesse et sur la croissance forte. Dans la plupart de nos Etats, la croissance démographique prend le pas sur le rythme de création de richesses, telle est la lecture que je fais de cette réforme. Je lance donc un appel aux Etats africains afin qu’ils aillent au delà de qui va occuper tel poste et qui ne va pas le faire pour que nous puissions aller à l’essentiel ».

Mohamed Ibn Chambas, secrétaire exécutif actuel de la CEDEAO

« Je pense que la décision des chefs d’Etat de transformer le secrétariat exécutif de la CEDEAO en commission dont un président, un vice-président et sept commissaires, est une bonne chose. Ceci renforcera les capacités de l’institution. Avec cette émancipation des pouvoirs (présidence et conseil des ministres) les décisions prises seront promptement respectées par tous les pays membres de la CEDEAO. Cela est très important pour le processus d’intégration ».

Propos recueillis à Abuja par A.V.K
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Les à-côtés du sommet

Le chemin de croix de la presse étrangère

Les journalistes burkinabè, maliens et togolais ont failli ne pas assister aux cérémonies d’ouverture et de clôture de la 30ème session ordinaire des chefs d’Etat. Dépourvus d’accréditation, les pauvres chasseurs d’informations, de son et d’images s’étaient vus refuser l’accès de la salle de conférences. Il a fallu l’intervention vigoureuse de Mme Diop, chargée de communication de la CEDEAO pour que les choses rentrent dans l’ordre.


Du respect pour les chefs d’Etat

Les chefs d’Etat burkinabè (Blaise Compaoré) et libérien (Ellen Johnson Sirleaf) ont eu du mal à rejoindre l’hôtel où se tenait la conférence. Malgré les feux de détresse du cortège, les usagers de la route nigériane refusent de céder le passage, un minibus a même osé bloquer le cortège. Ni les klaxons, ni l’intervention de la police routière n’ont eu raison sur le chauffeur de ce bus. Tout cela parce qu’il n’y a pas eu d’escorte motorisée.


Une salle exiguë pour une grande cérémonie

Ceux qui connaissent Abuja, connaissent certainement le Nicon Hilton Abuja. Ce grand hôtel dont le standing ne souffre d’aucun débat. Cependant les chefs d’Etat ont été conviés dans une petite salle où ils ont tenu leur rencontre. Difficile de voir le présidium, de s’arrêter ou même de s’asseoir. Pas de place tant la salle était si exiguë.


Ellen Johnson Sirleaf embarque avec le président Compaoré

Le président du Libéria, Mme Ellen Johnson Sirleaf s’est rendu à cette 30ème session ordinaire des chefs d’Etat de la CEDEAO en compagnie du président Blaise Compaoré. Embarquée à Ouagadougou, c’est à sa descente d’avion à Abuja que la presse découvrira sa présence parmi la délégation burkinabè.

Rassemblés par A.V.K

Sidwaya

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