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Gbagbo, l’historien qui renie son histoire !

Publié le jeudi 15 juin 2006 à 07h34min

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Laurent Gbagbo

Laurent K. GBAGBO, à la façon des Nazis, pour servir sa cause politique n’a aucune honte à vouloir refaire l’histoire de l’Afrique.

Pour l’historien mu par ses convictions ivoiritaires, les Burkinabè déportés ou ayant été Ivoiriens par la volonté du colonisateur français ne peuvent se prévaloir d’avoir travaillé pour la Côte d’Ivoire ; ils l’ont plutôt simplement fait pour la France de laquelle ils seraient bien fondés de réclamer réparation et laisser son pays se développer tranquillement. Si ce n’est pas du cynisme, ça y ressemble beaucoup.

Les Voltaïques, Burkinabè devenus, n’ont nullement contribué à bâtir la Côte d’Ivoire qui ne leur est donc redevable en quoi que ce soit ! Les propos ne sont pas d’un « morpion » d’Ivoiritaire voulant mettre en exergue un orgueil nationaliste de mauvais aloi mais bien du premier Ivoirien. Oui, M. Laurent GBAGBO ne cessera de nous surprendre. Le président par lequel la Côte d’Ivoire connaît la page la plus sombre de son histoire était-il vraiment lucide et en possession de ses facultés ne serait-ce qu’intellectuelles, lorsque dans un entretien avec des journalistes il soutenait de telles thèses, allant jusqu’à dire des migrants qu’ils ne participent pas au développement de son pays parce qu’ils sont eux-mêmes venus pour gagner leurs vies.

En tout cas, les développements qu’il a faits sur la période coloniale connue par les deux pays, la Côte d’Ivoire et le Burkina, laissent pantois quand on sait qu’ils sont d’un enseignant d’histoire. On serait très intéressé de savoir ce que le professeur GBAGBO disait à ses étudiants lorsqu’il menait ses activités académiques, lui l’intellectuel progressiste que leur enseignait-il sur l’esclavage, sur la traite négrière, sur la colonisation ?

Un simple rappel historique montre cependant qu’un bout de temps, par le fait du colonisateur français, les deux pays ont été en partie une même entité territoriale. En effet, supprimée en 1932 la Haute-Volta de l’époque, a été dépecée et répartie entre le Soudan français (le Mali), le Niger et la Côte d’Ivoire qui recevait la plus grande portion. Ainsi avait-on une Côte d’Ivoire qui s’étendait jusqu’au delà de Ouagadougou.

De ce pays, il y avait ce grand Sud doté par la nature mais ne disposant pas de ressources humaines nécessaires pour son développement, qu’on appelait "Basse Côte d’Ivoire" et ce grand Nord moins nanti en la matière mais riche de ses hommes courageux et travailleurs, qui constituait la "Haute Côte d’Ivoire". Le colonisateur a alors organisé un vaste "transfert" de populations du Nord vers le Sud pour la mise en valeur des énormes potentialités qui s’y trouvaient.

Pendant longtemps, les Voltaïques, Ivoiriens devenus à leur corps défendant, s’échineront même si cela fut par la contrainte du colonisateur, sur les routes, les chantiers, dans les plantations, etc là-bas au Sud. Des villes seront pratiquement bâties de leurs mains, le chemin de fer et des routes construits, des étendues de forêts défrichées pour des plantations de café, de cacao, etc.

Au détriment de leur Nord natal, la "Basse Côte d’Ivoire" sera "viabilisée", dotée qu’elle sera par leur labeur des commodités dignes de la modernité. Sans l’apport de ces hommes, la Côte d’Ivoire serait-elle cette puissance économique sous-régionale qu’elle est devenue ? Rien n’est moins sûr.

Cependant, fiers et dignes, les habitants du grand Nord ne voudront pas perdre leur identité et vont batailler ferme pour le rétablissement de la Haute Volta. Ce qui sera fait en 1947. Ainsi une nouvelle situation juridique était créée et pour le territoire et pour les hommes et femmes qui y habitent ou qui en ont été déportés vers le Sud, la Côte d’Ivoire. Une situation d’ailleurs exploitée aujourd’hui par les ivoiritaires pour créer des misères à nombre d’Ivoiriens qui seraient d’origine Burkinabè.

Si les dirigeants ivoiriens qui ont hérité de l’Administration coloniale ont pu, même maladroitement, gérer une situation délicate et éviter ou contenir les conflits identitaires, l’après-Houphouët BOIGNY verra la Côte d’Ivoire se déchirer par la faute des politiciens crapules qui mettront dos-à-dos des populations qui vivaient en parfaite intelligence.

Le propos ici n’est pas d’entrer dans les détails de cette nébuleuse historique que fut la situation coloniale des deux pays mais ce bref rappel historique permet de voir que, quoi qu’on dise, les Burkinabè ont pendant la période coloniale, plus travaillé pour la Côte d’Ivoire que pour eux-mêmes. Si le politique GBAGBO récuse la vérité historique, les Ivoiriens lucides savent que même si le colonisateur a organisé la mise en valeur de leur environnement pour ses propres besoins, matériellement et humainement, leur pays en a tiré grand profit.

L’essor économique de la Côte d’Ivoire, pour ne parler que de cela, doit beaucoup à l’action de ces hommes et femmes venus du grand Nord. Combien ont péri dans cette contrée loin de leur terre natale ? On ne saura difficilement le dire mais ce que l’on sait, c’est que leurs œuvres n’ont été rapatriées et que le territoire ivoirien qui les abrite n’est pas la France.

Alors...C’est à croire que Koudou GBAGBO a tout perdu jusqu’à son histoire. Dans tous les cas lui au moins doit à se pays qui l’a aidé à sauver sa vie à un moment de sa petite histoire. C’est vraiment dommage qu’il tombe aussi bas. En vérité a-t-il déjà été plus haut que çà ? C’est à voir !

Par Cheick AHMED

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 15 juin 2006 à 12:06, par Jean Paul Baugha ( Londres) En réponse à : > Gbagbo, l’historien qui renie son histoire !

    Cher confrere,
    Depuis 1947 ,la Cote d’ivoire et le Burkina (ex Haute Volta) sont deux pays freres exploites "concommitamment" par le colonisateur Francais ,a qui ces deux pays n’ont jamais officiellement demande des comptes .
    Depuis 1960 la Cote d’Ivoire est independance au meme titre que le Burkina Faso.Les burkinabe qui sont restes en Cote D’ivoire peuvent demander la nationalite ivoirienne( et la procedure existe) ou choisir de conserver leur nationalite d’origine( ce que certains ont fait en toute dignite).
    Deja il faut bien faire le distingo entre la periode coloniale pendant la quelle les deux pays ont ete exploites par la France et la periode post coloniale ou certains de nos freres Burkinabe sont alles volontairement en Cote D’ivoire pour y chercher un relatif mieux etre social. Ces derniers ont ete largement payes pour leur partcipation a l’essor de l’economie de la Cote D’ivoire.Voire l’apport des burkinabe de CI dans l’economie du Burkina. Arretons de pleurnicher sur notre passe recent et inscrivons nos reflexions dans le modernisme .

    • Le 16 juin 2006 à 13:01 En réponse à : > Gbagbo, l’historien qui renie son histoire !

      Regretable qu’on soit toujours là à se chercher un coupale. IL est évident que les deux pays ont tirés profit reciproquement de la situation. Le nier serait faire preuve d’amnesie ou tout simplement d’un manque de culture historique et économique. Parce que nous manquons de maturité pour coexister ensemble, que certains, fut il presidentiable, s’invitent chez nous (Afrique) et tiennent des propos dignent des temps coloniaux. Dommage. De nos jours l’Africains et notament le nègre est le souffre douleur de notre humanité. Je devrais plutot dire de notre monde car certains animaux ici en Europe ( je vis en france) sont mieux traités que nos populations. Il faut que cela cesse et ça, c’est par nos comportements responsables que nous y parviendrons. Tenez une image synthétique de notre monde : les jaunes (chinois japonais...) sont respectés parce que considérés comme des génis ; les arabes sont craints parce qu’ils réfusent la soumission ; et les européens sont les "maîtres" du monde. Et le Blacks ? les africains auront droit de citer lorqu’ils projeterons une image autre que celle de l’Angola, de la RDC, du Togo, ou de la Côte D’Ivoire.
      Peace and LOVE

  • Le 15 juin 2006 à 23:33, par n gogran yao alexandre depuis paris En réponse à : > Gbagbo, l’historien qui renie son histoire !

    Pauvre journaliste tu devrais toi voire l’histoire de ton pays le burkina.Tu parle des gens déportés en CI et s’est sa qui vous fatigue.Tu voulais attendre koi dans la bouche de notre KOUDOU ? Je comprend votre aigritude mais si vous vouliez avoir votre part (?)dans la CI il vous faudrais avoir regler votre mauvaise foi.Et com vous vs cachez avec la main au soleil ,votre aigritude vous donnera la meilleur place a coté de la plaque.Tu as compris se ke j’ai dis

  • Le 16 juin 2006 à 09:46 En réponse à : > Gbagbo, l’historien qui renie son histoire !

    Bonjour -
    Je serai heureux de voir les responsables du site faire le travail de modération et établir les filtres qui se doivent. Le site reprend des articles de presse qui ont des rubriques courrier des lecteurs. Alors ne transformez pas le forum en un défouloir où des gens n’interviennent que lorsqu’il s’agit de la Côte d’ivoire et cela avec virulence. Le débat d’idées mérite mieux et surtout qu’on désarme le clavier. Abidjan.net où ce genre d’attitudes avait lieu a dû prendre une mesure forte après des abus. Alors Messieurs, Mesdames, la pluralité des informations se doit d’exister et vouloir un discours unilatéral, on sait où on le trouve aisément à moins qu’il y ait une stratégie dans tout cela. Souffrez que beaucoup de personnes ne pensent pas comme vous et se complaisent dans "cette médiocrité".
    Bon courage et à bientôt

  • Le 23 juin 2006 à 00:13 En réponse à : > Gbagbo, l’historien qui renie son histoire !

    Enseignante à paris j’aimerais bien que votre article soit repris par "20 minutes", [l’un des rares journaux lus par les adolescents pendant l’année scolaire], pour que les jeunes originaires de Côte d’ Ivoire nés à paris, totalement ignorants de leur histoire, ne répètent pas bêtement les idéologies que vous dénoncez.
    C’est plutôt à 20 minutes que je devrais écrire ça mais les hasards du net m’ont amenée à vous.
    Merci pour la leçon d’histoire et bonne continuation.

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