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Région du Sahel : Les jeunes dénoncent la faillite des leaders politiques

Publié le jeudi 15 juin 2006 à 07h31min

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Par la présente le réseau des jeunes du Sahel pour le développement fustige les mauvais comportements de certains acteurs politiques de la région. Il a également lancé un appel pour l’unité des fils du Sahel pour des lendemains meilleurs.

Nous venons par cet écrit nous adresser aux autorités de ce pays et aux habitants du Sahel burkinabè, surtout aux jeunes, pour dénoncer d’une part le comportement irresponsable des leaders politiques de la région et d’autre part demander aux uns et aux autres de prendre leur responsabilité devant l’histoire.

Partons d’abord d’un constat ! la région du Sahel, malgré la rigueur de son climat et l’hostilité apparente de son environnement, renferme d’énormes potentialités notamment en ressources animales et touristiques ; toutes choses qui gagneraient à être rentabilisées. Et à ce titre, la région peut se targuer d’avoir un poids dans la balance socioéconomique de ce pays.

Des leaders politiques avertis auraient dû exploiter judicieusement cette situation et exiger de nos autorités beaucoup plus d’égard dans le traitement de cette partie du Burkina. Mais hélas, le constat est amer. En dehors de quelques ONG et associations qui se battent comme de beaux diables pour soulager les populations, l’Etat burkinabè brille par sa démission.

A titre d’illustration, prenons l’exemple du réseau routier de la région : il est lamentable. En plus, la région est classée en tête pour les ressources animales et dérivées mais la meilleure usine de production de produits laitiers se trouve ailleurs. Allez comprendre ça ! Et ce n’est que l’infime partie visible de l’iceberg.

D’aucuns nous rétorqueront que la situation économique du pays ne permet pas d’engager plusieurs combats et qu’il faudrait prioriser les investissements en tenant compte de plusieurs facteurs pertinents. Parfaitement d’accord avec vous ! Mais dites nous ! Savez-vous quelles sont les retombées de l’élevage et du tourisme générées par la région du Sahel ?

Pour votre information, ces retombées sont si importantes que la région est en droit de réclamer plus d’investissements venant de l’Etat afin de maximiser ses chances de décollage économique. Mais là n’est pas le vrai problème ! Le problème réside dans l’incompétence et le manque de dynamisme des leaders politiques de la région toutes tendances confondues.

Si vous êtes d’accord avec nous que les options et choix en matière d’orientation pour un développement social et économique durable relèvent d’abord d’une volonté politique avant de se matérialiser par l’engagement de toutes les couches de la société, alors nous pouvons dire que les hommes politiques du Sahel ont failli.

Echec sans précédent du CDP

Cette démission n’est pas un vain mot, viennent l’étoffer les résultats des élections municipales du 23 avril 2006 et l’installation des différents conseils municipaux. Le CDP naguère leader incontesté dans la zone, a essuyé un échec sans précédent. A titre d’exemple, sur les 4 communes urbaines de la région, le CDP n’en conserve qu’une seule, Djibo. Mais comment le parti majoritaire en est-il arrivé là ?

En politique, le choix des hommes est très capital. Le leitmotiv doit être « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». Autrement dit l’homme de la situation là où il faut.

Le Sahel est un vaste réservoir d’intellectuels et d’hommes avertis actuellement où le pouvoir peut puiser à tout moment des compétences pour intervenir dans la gestion des affaires de l’Etat et notamment dans les affaires locales. Ces dernières années, la tendance du parti au pouvoir a été d’imposer aux populations des hommes parvenus, sans aucune vision prospective ni programme politique défini et adéquat. Des hommes qui, au lieu de profiter du fait qu’ils sont « aux affaires » pour mener une politique d’avenir et saine en essayant de faire leurs les problèmes de toutes les couches de la société ; de mener un débat franc avec les populations afin de faire comprendre à tout un chacun les enjeux du développement et les meilleurs sentiers pour y parvenir, se barricadent derrière avantages que leur confèrent leurs postes.

Ces hommes oublient souvent que la roue de la vie continue à tourner et que le parti au pouvoir en les responsabilisant, cherche avant tout à se faire une base électorale et par conséquent n’hésitera pas à se défaire d’un leader incapable de maintenir son électorat. Certains d’ailleurs en ont déjà fait les frais.

Il est à préciser que cette situation ne s’applique pas à tous les leaders d’opinions et nous profitons pour saluer au passage des Hommes comme Bana Maïga Ouandaogo, Djamdjoda Dicko, Arba Diallo et bien d’autres qui ne reculent devant aucun sacrifice pour comprendre, orienter et accompagner les populations dans leurs efforts.

Certains comme le député Tamboura Ousseini de l’ADF/RDA avaient suscité l’espoir au sein de la jeunesse. Mais hélas !

Nous nous rappelons que son élection avait été consécutive à la volonté des populations d’apporter un changement positif dans la région mais l’intéressé s’illustre aujourd’hui en répondant « aux abonnés absents » quand les jeunes ont besoin de lui.

D’autres comme Kader Cissé, Laya Sawadogo et le Député Hama Amadou ou Baba Hama et tant d’autres ne font pas mieux. Ils poussent l’outrecuidance jusqu’à faire des misères à tous ceux de leur base électorale qui désirent les rencontrer.

Que croient-ils ?

Que les gens les poursuivent pour leur fortune ?

Et bien non ! Nul ne peut consacrer sa fortune aux autres. Nous travaillons avant tout pour pouvoir bénéficier personnellement des retombées de notre labeur. Personne ne demande à un leader ou a qui que ce soit de se priver ou d’affamer sa famille pour autrui.

Qu’est-ce que nous réclamons ?

Tout se résume en ces trois mots : comprendre, orienter et accompagner.

1. Comprendre

Pour comprendre une personne ou un groupe de personnes, il faut d’abord accepter que l’on est comme eux et à ce titre vous pouvez échanger en toute liberté sur les problèmes que rencontrent ces derniers dans leur vie quotidienne. C’est la base de toute relation. Mais peut-on comprendre une personne qu’on refuse de voir ou de recevoir ? Absolument pas ! Alors, commencez par changer votre attitude vis-à-vis de la jeunesse sahélienne. Vous y gagnerez beaucoup car c’est la base électorale la plus sûre. En apprenant à les recevoir et à les écouter vous comprendrez mieux leurs préoccupations.

2. Orienter :

Une fois ce préalable établi, vous pourrez orienter convenablement tous ceux qui viennent vers vous. Prenons un exemple. Un groupe de personnes ou une association vient vers vous avec un projet. Si le premier obstacle est franchi à savoir vous rencontrer et vous parler, il s’agira pour vous de prendre connaissance du projet, de l’analyser et de faire des critiques constructives qui puissent permettre à ces derniers de s’adresser aux structures adéquates. De toute façon, là où vous êtes, vous êtes les mieux placés pour leur indiquer les structures, organismes ou personnes capables de les accompagner dans leur projet. Rien que ça. Pas plus !

Ils ne vous demandent pas de vous saigner financièrement pour eux. Un conseil judicieux, c’est-à-dire, orienter ou montrer à quelqu’un comment agir et vers qui agir pour réaliser son projet, vaut toujours mieux qu’un appui financier qui peut être du reste mal utilisé.

3. Accompagner :

Par votre présence physique, par votre engagement moral, vous motiverez plus les initiateurs de projets et autres animateurs de la vie socio¬économique et culturelle. Tout cela aura pour résultat de favoriser l’émergence auprès de vous d’une jeunesse engagée, motivée et pleine d’initiative. Et le tout sous votre oeil bienveillant et protecteur. Mais hélas ! Et encore hélas !

Les récents événements (élections municipales) constituent un signe fort envoyé vers le pouvoir en place. Les populations sahéliennes ont besoin d’un changement positif. Il est inconcevable qu’il existe d’énormes potentialités humaines et que ce soit les moins disposées à « comprendre, orienter et accompagner » les populations qui soient responsabilisées.

Permettez-nous ici de relever ce qui s’est passé dans la commune rurale de Bani à la faveur de la communalisation intégrale du territoire national. Les caciques locaux du CDP, dans leur volonté d’installer aux commandes une personne à leur « solde » sont allés jusqu’à choisir KABORE OUMAROU dit « BOUNINDA », par-devant bénévole à la préfecture, pour présider aux destinés de la nouvelle entité. Cette personne, bien connue des populations, s’est toujours illustrée par ses mauvaises actions (escroquer les pauvres populations).

Alors, permettez-nous de douter de la volonté des caciques locaux d’atteindre les objectifs fixés par la décentralisation intégrale.

Nous restons pourtant convaincus que les plus hautes autorités de ce pays sont résolument engagées à sortir le Sahel de sa situation actuelle. Voilà pourquoi, nous aimerions que les leaders politiques, quel que soit leur bord, revoient leurs copies et s’appliquent à être plus à l’écoute des populations ou alors, s’ils sont incapables de taire leurs intérêts égoïstes et leurs divergences au profit de la région, qu’ils prennent leurs responsabilités en reconnaissant leur incompétence. Nous y gagnerions tous !

A moins que leurs structures d’appartenance ne prennent la juste mesure de leur échec.

Nous, jeunes du Sahel, constitués en réseau de réflexion pour faire avancer la région, restons ouverts au dialogue et à tout échange capables d’apporter un changement positif dans la vie quotidienne des populations. Nous attendons donc vos réactions. Nous nous excusons par avance pour les différents noms cités en exemple dans la présente. Ce ne sont que des exemples. Nous ne sommes à la solde d’aucun parti politique ou autre mouvement ou groupuscule que ce soit.

C’est un cri du coeur que nous lançons après avoir constaté que nos leaders politiques nous ferment désespérément leurs portes.

Nous fondons l’espoir donc que cet écrit sera bien compris et que toute la jeunesse du Sahel se donnera la main afin qu’ensemble nous puissions donner un coup de main à tous ceux qui luttent ardemment pour un lendemain meilleur au Sahel.

Très chers leaders, s’il se trouve que vous n’avez aucune initiative ni aucune compétence, prenez exemple sur les leaders des autres localités du Burkina Faso car il n’y a aucune honte à copier un bel exemple.

Voyez comment les autres régions s’épanouissent ! Comment la jeunesse y est vivace et comment les activités se succèdent. C’est de cette visibilité que nous avons besoin.

Prenez-en de la graine !

Signé : Réseau des Jeunes du Sahel pour le Développement de la Région.
Adresse : reseau_jeunesahelbf@yahoo.fr

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 15 juin 2006 à 18:52, par meyronein En réponse à : > Région du Sahel : Les jeunes dénoncent la faillite des leaders politiques

    Bonjour,
    J’ai trouvé votre article très vivace et votre volonté d’agir particulièrement enthousiaste. J’aimerais savoir plus précisément ce que vous représentez, quantitativement, et quelles sont les différentes "catégories sociales" qui composent votre mouvement (étudiants, artisants, éleveurs...) Avez-vous des représentants ou adhérents, à Gorom-Gorom ?
    Je suis président d’une petite ONG qui intervient exclusivement à Gorom, et je m’y rends environ 3 fois par an. Peut-être pourrions-nous faire connaissance à cette occasion ?
    Bien amicalement,
    François Meyronein, président d’ASD (Actions Solidaires de Développement)

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