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Concours professionnels de la Santé : Des quotas qui scandalisent

Publié le mercredi 14 juin 2006 à 07h42min

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Le système de quota n’est pas bien perçu un peu partout comme en politique. C’est le cas de la santé où depuis un certain temps un système de quota a été instauré dans certains concours professionnels pour favoriser les femmes. Mais aux yeux de Oumarou Kaboré, infirmier au CMA de Kongoussi, cela est injuste "car dans une compétition, seuls sont retenus les plus compétents, et donc les plus méritants".

Le Burkina est un pays défavorisé par la nature, tant sur le plan de la fertilité des sols que sur celui des ressources naturelles. Cette situation explique que plus de 46% de la population soit pauvre et vive avec moins d’un dollar américain par jour. Parmi cette population misérable, les femmes, qui représentent plus de 52% de la population, sont les plus concernées. C’est ainsi que certaines mesures d’envergure nationale ont été prises, dont la promotion de la scolarisation de la jeune fille et la création d’un ministère plein pour les femmes.

Toutes ces mesures sont à saluer car un pays ne saurait se développer si la moitié de sa population est pauvre et ne peut pas participer aux activités de développement.

Mais cette volonté de résoudre les problèmes auxquels les femmes sont confrontées ne nous autorise pas des dérives graves et compromettantes car un pays ne saurait se développer si ceux ou celles qui occupent des postes de responsabilité sont médiocres. Personne n’est contre la promotion des femmes, seulement elles doivent mériter ce qu’elles sont. On ne devient pas ministre pour un simple équilibre entre hommes et femmes, tout comme on ne monte pas en grade pour une simple question de genre. Notre pays a besoin d’intellectuels pour son développement, non d’une administration où le nombre de femmes est égal à celui des hommes.

Toute cette littérature pour exprimer un mécontentement face à un certain nombre de mesures que le ministère de la Fonction publique a prises dans le cadre des concours professionnels de la santé. Au niveau des sages-femmes et maieuticiens d’Etat, le nombre de places à pourvoir était de 10. Mais depuis l’an passé, le nombre de places est passé à 30. Mais à chaque année, et à la proclamation des résultats, le nombre de femmes ne dépasse pas 3, et parfois il n’y a même pas d’admises. Pour cette raison, le gouvernement a décidé de prendre 20 femmes et 10 hommes pour la session de 2006.

Une pratique injuste

Au niveau des attachés de santé, le même cas s’est produit avec le recrutement de 3 hommes ophtalmologues contre 5 femmes. Nous estimons que cette façon de faire est injuste car dans une compétition, seuls sont retenus les plus compétents, et donc les plus méritants.

Par conséquent, nous pensons que les sages-femmes de cette année ainsi favorisées ne sont pas du tout honorées par ce favoritisme aveugle et irréfléchi, puisque nous enregistrons 155 candidats pour 10 places et 44 candidats pour 20 places, pour le même concours et les mêmes épreuves. Ce qui veut dire qu’une femme peut être admise avec 12 de moyenne, et un homme recalé avec 13 ou même 14 de moyenne.

Monsieur le ministre, nous vous rappelons ce qui suit :

- il n’est démontré nulle part que les femmes sont préférées à leurs collègues hommes dans les maternités. Nous vous invitons à faire un sondage auprès des femmes.

- il n’est démontré nulle part que les femmes sont plus conscientes, plus disponibles et plus accueillantes que les maieuticiens.

Monsieur le ministre, nous sommes conscients qu’il n’y a pas suffisamment de sages-femmes au Burkina Faso. Mais ayons le courage de dire que les sages-femmes sont très mal réparties dans tout le territoire ; elles sont concentrées dans les grandes villes comme Ouaga et Bobo. Faites un tour dans une maternité à Ouaga et vous ferez le constat vous-même. Si ce problème n’est pas résolu, le manque de sages-femmes dans les maternités périphériques va perdurer, même si vous recrutez toutes les infirmières du Burkina.

Toute forme de discrimination à éviter

Nous ne sommes pas contre certaines faveurs qui peuvent être faites aux femmes. Mais évitons toute forme de discrimination.

Pour favoriser les femmes, nous proposons la règle de la proportionnalité, moins 1 aux hommes et plus 1 aux femmes. Illustrons cela : pour 30 postes à pourvoir, s’il y a 200 candidats dont 140 hommes et 60 femmes, le coefficient directeur est de 30 divisé par 200 = 0,15

Nombre de femmes = 60 x 0,15 = 9

Nombre d’hommes 140 x 0,15 = 21

Plus 1 aux femmes et moins 1 aux hommes, on a 10 femmes et 20 hommes.

L’idéal était de recruter, par exemple, pour 30 postes à pourvoir, les 30 premiers. Pour favoriser nos collègues femmes, nous proposons la règle de la proportionnalité ou encore, après calcul, moins 1 aux hommes et plus 1 aux femmes.

Chères collègues femmes, cette discrimination n’est pas à votre honneur, c’est une façon de vous sous-estimer.

Par ailleurs, cette manière de faire vous met dans une position de faiblesse dans votre lutte pour l’égalité hommes/femmes. Vous devez plutôt vous montrer capables, compétentes et refuser cette complaisance déshonorante. Par cette manière, nous aurons une administration forte, débarrassée de toute forme de médiocrité.

Oumarou KABORE Infirmier au CMA de Kongoussi

Le Pays

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