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Election du maire d’Arbollé : Des partis dénoncent le "brigandage" du CDP

Publié le lundi 12 juin 2006 à 07h52min

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Dans la rubrique "Pot-pourri" de notre édition du 2 juin dernier, nous faisions état de 4 conseillers "portés disparus" dans la commune rurale de Arbollé (province du Passoré). L’élection a finalement eu lieu le 2 juin après que les "disparus" ont été retrouvés.

C’est un du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) qui a été porté à la tête de la mairie. Mais les conditions dans lesquelles l’élection a eu lieu sont critiquées par les autres partis.

Dans une déclaration signée en leur nom, ils dénoncent le "brigandage du CDP sur les conseillers des autres formations politiques" en vue de placer un des siens à la tête de la mairie.

La communalisation intégrale tant souhaitée par la majorité de nos populations à la base est en phase d’être un instrument de confiscation pure et simple de leurs droits fondamentaux dans certaines contrées du Burkina Faso.

A Arbollé, les populations ont assisté impuissantes au brigandage du CDP sur les conseillers des autres formations politiques pour placer le pasteur Paul Bella à la tête du conseil municipal.

En effet, la proclamation des résultats définitifs a donné l’opposition vainqueur avec 32 conseillers (RDM : 14 ; PDP/PS : 9 ; CPS : 4 ; RDEB : 3 ; UNIR/RMS : 1 ; ADF/ RDA : 1) contre 25 conseillers au CDP.

C’est sur cette considération que le préfet de Arbollé a convoqué les conseillers nouvellement élus à leur première session pour la mise en place de l’organe exécutif, le 30 mai 2006, à 14 heures.

Les 28 et 29 mai 2006, les partis coalisés entreprennent de rencontrer leurs 32 conseillers afin de pouvoir faire des propositions relatives à la mise en place de l’organe exécutif qui dirigera la commune. Ce sera peine perdue puisque quatre d’entre eux ne répondront pas à l’appel.

La coalition dépêche alors une mission rapide dans les villages respectifs de ces derniers.

Par la suite, les partis apprendront que Ouédraogo Bila, secrétaire général départemental du CDP et agent à la préfecture de Arbollé, a été envoyé par Fatou Diendéré /Diallo pour remettre, lui aussi, des convocations aux conseillers de l’opposition (2 du RDM et 2 autres du PDP/PS) et que ces derniers seraient partis la veille.

Refus de coopérer des autorités

Ne sachant pas de quel genre de convocation il s’agit, les représentants des partis trouvent rapidement le préfet dans son bureau et lui portent l’information. Ce dernier se désengagera catégoriquement et refusera, du même coup, d’appeler l’agent qui est sous ses ordres pour s’informer davantage. Ainsi, devant le refus catégorique de coopérer des autorités départementales, les représentants des partis ont refusé que les conseillers participent à la première session, tant que la lumière ne serait pas faite sur la disparition de leurs conseillers.

Ce qui a conduit au report de la première session. La deuxième session est alors fixée au 2 juin 2006 à 9 h.

Du 29 mai au 1er juin 2006, les partis tenteront, sans succès, de savoir où le CDP séquestrait leurs conseillers.

Ce n’est que le 2 juin 2006, à 8h45mn environ, que l’on verra les quatre conseillers dans le groupe des conseillers CDP, encadrés par des militaires de la Garde présidentielle lourdement armés, et Fatou Diendéré/Diallo se dirigeant vers la maison des Jeunes de Arbollé.

Ces militaires qui ont dormi à Arbollé ont, après avoir accompagné les conseillers, pris position sous les nimiers pendant que les forces de l’ordre, elles, prenaient position devant la maison des Jeunes.

Le message était maintenant clair : les quatre conseillers ont été séquestrés, dissuadés et intimidés pendant tout ce temps.

Pour sauver l’honneur et la dignité des nombreux électeurs qui ont placé leur confiance dans les partis de l’opposition, et respecter leurs engagements, les représentants desdits partis ont émis des réserves qui devraient être exécutées par les conseillers.

Les préalables de l’opposition

C’est ainsi qu’à l’unanimité, après avoir pris place à l’intérieur de la maison des Jeunes, et après qu’il a été constaté que même dans la salle et devant le préfet les conseillers refusaient de répondre à l’appel sous les couleurs de leur parti politique d’origine, les conseillers de l’opposition ont posé comme préalables à l’élection du maire :

• qu’une enquête adéquate qui situe les responsabilités, qui montre où et comment leurs conseillers ont été séquestrés, soit diligentée ;

• que cette enquête détermine le niveau de corruption et d’achat de conscience dont les conseillers ont été l’objet.

Les partis ont déploré l’insécurité et la psychose qui ont régné du fait de la présence de la Garde présidentielle, et qui ont ainsi empêché l’accès à la salle à certains de leurs conseillers. Ils ont demandé la libération des lieux par cette Garde présidentielle.

Le préfet ayant refusé ses préalables, les partis ont, en conséquence, quitté la salle de la maison des Jeunes, en refusant qu’avec vingt-cinq conseillers contre trente-deux, le CDP vienne à gérer la mairie contre la détermination et le courage de la population de Arbollé à soutenir la démocratie et l’Etat de droit au Burkina. Ils refusent également, en tant que démocrates convaincus, de prendre la responsabilité historique de ramer contre le courant du développement de leur département.

Non aux pratiques antidémocratiques !

Il n’est nullement question pour nous de cautionner des pratiques antidémocratiques et indignes d’un Etat de droit, tendant à prendre en otage le destin d’une population innocente contre sa volonté.

Prenant l’opinion nationale à témoin, les partis lancent un appel solennel à toute la population de Arbollé à s’unir et à se souder pour barrer la route aux oppresseurs de tous bords. Ils l’appellent également à rester vigilante pour apporter sans faille sa pierre à la construction de l’édifice commun en soutenant la lutte qui commence et qui prendra le temps qu’il faut pour la libération du département.

Les fils de Arbollé, touts bords politiques confondus, doivent se souder autour de l’objectif commun qui est le développement du département, et éviter de tomber dans le piège des politiciens en perte de vitesse qui n’ont d’autres méthodes que la division pour régner.

Pour les partis

Ont signé :

Tasséré DIANDA

Souleymane OUEDRAOGO

Devalch Y. OUEDRAOGO

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