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Municipales : Les mauvais perdants sont un poison pour la démocratie

Publié le samedi 10 juin 2006 à 08h34min

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Le jeu démocratique en Afrique n’a de jeu que sa dénomination. La sacralisation du pouvoir, fût-il le pouvoir moderne, fait perdre la raison à bon nombre d’acteurs. Il n’y a pour ces derniers qu’une seule et unique position confortable : celle du vainqueur.

Dans ce contexte, perdre une compétition électorale, ce n’est pas seulement se rendre compte de la faiblesse de ses idées, mais c’est perdre carrément la face. Le Burkina n’échappe pas à ce phénomène. L’opposition burkinabè, depuis le déclenchement du processus démocratique, n’a eu de cesse de manifester son mécontentement face à ses échecs aux différentes consultations électorales. Quand elle ne crie pas haro sur des fraudes, c’est le fichier électoral qu’elle met à l’index.

Finalement, tout le monde en conclut que c’est de bonne guerre. Et pourtant elle a parfois raison car les vainqueurs ne sont pas, eux, aussi toujours des enfants de chur. Pourquoi ? Parce que pour eux aussi (et surtout eux), s’il s’agit de ceux qui sont au pouvoir, se maintenir est une question de survie, et les tactiques mises en uvre vont au-delà de la simple intention de partager des idées. Ici comme ailleurs, on ne joue pas avec la politique. C’est une question de vie ou de mort au propre comme au figuré.

Au pays des Hommes intègres, l’alternance commence à pointer du nez à la faveur des élections municipales du 23 avril dernier. En effet, quelques communes sont tombées dans l’escarcelle de l’opposition. Hourra, la démocratie a triomphé ! Un pays multicolore, rien de plus beau ! Avec ça, c’est la diplomatie burkinabè qui va avoir de quoi argumenter sur la bonne santé du processus démocratique. Grand Seigneur, le CDP avait déjà annoncé les couleurs en déclarant laisser ses challengers vainqueurs gérer librement leur « gnadé ». Simple profession de foi ? La question reste suspendue, et il y a bien des sceptiques qui attendent de voir. Ces Saint-Thomas des temps modernes se fondent sur le fait qu’émettre une directive et la faire appliquer, cela fait deux choses.

Si d’aventure, en effet, ce sont des mauvais perdants (il y en a partout) qui doivent les appliquer, ce sera une autre paire de manches. Aucun parti n’étant comptable des ressentiments personnels de ses militants, surtout si le « mauvais geste » peut lui profiter, c’est la porte ouverte aux pratiques dites de bonne guerre qui sont, en réalité, de vilaine guerre. Qu’ils soient de l’opposition ou qu’ils soient du pouvoir, les mauvais perdants sont un poison pour la démocratie. Détourner la volonté d’un peuple de quelque manière que ce soit devait être un acte condamné et puni si tant est que la démocratie soit admise comme étant l’expression de la volonté du peuple.

Si les choses restent en l’état avec l’élection des maires, l’Association des municipalités du Burkina Faso (AMBF), outre le fait de voir ses rangs grossir, va aussi s’enrichir de sang neuf. Le tapis de la décentralisation a pris des couleurs, et c’est tant mieux... à condition de le tripoter.

Journal du jeudi

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