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Côte d’Ivoire : Le délit de naissance

Publié le vendredi 9 juin 2006 à 07h24min

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L’une des aberrations de certains dirigeants africains, c’est leur adoration de la quincaillerie, et leur banalisation des symboles de l’Etat. Il suffit de se rappeler les bouffonneries de l’empereur Bokassa, et du maréchal Mobutu.

Harnachés comme des chevaux de bataille, véritables épouvantails pour leurs compatriotes, ils n’ont cependant pas pu sauver leur pouvoir qui s’est écroulé comme un château de sable face à la fronde populaire. Bokassa n’a même pas réussi à utiliser son blindage contre ceux qui l’ont éjecté du pouvoir.

En Côte d’Ivoire, le président Gbagbo, qui a une manière singulière de promouvoir le concept genre, vient de faire décerner aux Eléphantes, pardon aux mères des Eléphants de Côte d’Ivoire (l’équipe nationale de football de la Côte d’Ivoire), des médailles du mérite sportif ivoirien. La raison avancée par le chef de l’Etat mérite qu’on s’y attarde : "Vous nous avez donné de valeureux garçons qui font la fierté du pays, voire du continent africain. Vos enfants nous procurent un immense bonheur. Vous méritez de la Nation, des médailles de chevaliers". C’est ce qu’a déclaré le ministre ivoirien de la Jeunesse et des Sports qui a remis ces distinctions au cours d’une cérémonie. Il n’a pas été avare en éloges à l’endroit de ces femmes qui auraient "engendré des enfants aux pieds d’or".

Loin de nous l’idée d’être des apôtres et des ayatollahs de la misogynie. Mais, on peut partager le point de vue de certains médias ivoiriens qui se demandent à quand une médaille pour les géniteurs des Eléphants, et les petites soeurs de ces derniers restées en Côte d’Ivoire. Les mères des Eléphants ont-ils plus de mérite que leurs pères ?

Ivoiriennes de toutes conditions, vous êtes averties. Avant de mettre vos progénitures au monde, soumettez-vous à l’épreuve de l’échographie, pour savoir si vos avortons n’ont pas les orteils écartés ou les jambes inadaptées. Et si d’aventure ils présentent de tels défauts, dépêchez-vous d’avorter ou de les euthanasier dès la naissance. Après donc la discrimination ethnique, voici venu le temps du délit de naissance.

Tant pis donc pour les mères ivoiriennes dont le tort, selon la logique de Gbagbo, est de n’avoir pas enfanté des enfants footballeurs. Gbagbo les insulte ainsi et leur rend le centuple de leur malchance d’avoir été sportivement improductives en enfantant des rejetons qui ne savent pas pousser un caillou.

Il ne reste aux mamans ivoiriennes, pour rentrer dans les grâces présidentielles, qu’à orienter exclusivement leurs enfants vers le football. Ainsi, la Côte d’Ivoire mériterait le titre de Nation de football comme le Brésil. Mais dans ce dernier pays, on s’est bien gardé de jeter le reste des enfants à la poubelle. Et si le pays de Pelé devait consacrer tout son temps à décorer les mères des joueurs, il lui faudrait construire des usines sidérurgiques pour fabriquer des médailles.

Les femmes brésiliennes seraient alors décorées comme des arbres de Noël. Plutôt que de banaliser les symboles de l’Etat en encombrant ces respectables mères de quincailleries dont elles ne comprennent pas souvent la portée, ne valait-il pas mieux les amener en Allemagne pour renforcer l’équipe de supporters des Eléphants ? Cela aurait eu en plus l’avantage d’élargir leur horizon limité aux frontières d’une Côte d’Ivoire empêtrée dans les limbes de sa situation de ni guerre ni paix.

Malheureusement, en optant pour cette discrimination négative qui tend à prouver que les autres domaines d’activité (culture, art, économie, science...) sont des accessoires dont la Côte d’Ivoire pourrait se passer, Gbagbo se comporte, encore une fois, en champion des incongruités dont l’Afrique est coutumière. Il néglige ainsi les autres domaines d’activité dont les porte-étendards font la fierté des Ivoiriens et des autres Africains.

Dans sa frénésie à vouloir coûte que coûte occuper le terrain, Laurent Gbagbo manque tellement de recul pour se demander combien dure la carrière d’un footballeur par rapport à celle d’un artiste. Pour ne prendre que deux exemples, Alpha Blondy et Tiken Jah Facoly, ambassadeurs de la culture ivoirienne et africaine, sont toujours là, inoxydables.

C’est vrai que leurs chansons sont parfois plus mortelles pour Gbagbo, que les tirs de Drogba. Leurs mères ne méritent-elles pas pour autant la reconnaissance de la Nation qu’il ne faudrait confondre à la personne de Gbagbo ?

Evidemment, derrière le dernier geste du président ivoirien se dissimule sa volonté de transformer l’engouement des Ivoiriens autour de leur équipe nationale en fonds de commerce électoral. Laurent Gbagbo ne serait d’ailleurs pas mécontent si l’élection présidentielle devait coincider avec le mondial.

Il n’est pas évident, cependant, qu’à la longue, il puisse être le seul à récolter les dividendes de cette distribution à la pelle de médailles. Ne serait-ce que du point de vue arithmétique, ceux qui sont déçus et victimes de la manière sélective dont Gbagbo récompense ses compatriotes sont plus nombreux et vont sans doute l’exprimer électoralement lors des échéances à venir. Mais, aveuglé par sa soif de pouvoir, Gbagbo ne s’entoure pas de précautions pour poser ses actes.

"Le Fou"

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 9 juin 2006 à 10:09, par Madiba En réponse à : > Côte d’Ivoire : Le délit de naissance

    Votre article serait plus intéressant si vous vous étiez débarrassé de certaines idées que je qualifierai d’absurdes. Comme d’habitude vous dépassez les limites dans vos analyses. Votre article va au delà du respect des symboles nationaux.

    • Le 9 juin 2006 à 14:30, par RS En réponse à : > Côte d’Ivoire : Le délit de naissance

      Le niveau de l’analyse de "le Fou" par rapport à ces decorations est tellement élevé, que je ne suis pas étonné qu’il soit incompris par certains lecteurs. Merci le "Fou" c’est une maniere d’interpeller ceux qui nous gouvernent, sur le sens à donner à une decoration. En quoi les mamans de footballeurs sont elles plus meritantes que les autres ?

      • Le 9 juin 2006 à 16:56, par couan En réponse à : > Côte d’Ivoire : Le délit de naissance

        On ne peut pas etre plus clairvoyant que ce que dit le fou. Si il faut mettre au monde un footbaleur qui va aller à la coupe du monde pour meriter une decoration de quel titre doit on distinguer les anciens combattants et autres ? Nos dirigeants sont tellement omnibulés par le pouvoir qu’on se demande souvent si ils ne réfléchissent pas avec leurs fesses (excusez moi pour l’expression mais c’est ce qu’il faut dire). c’est à se demander à quoi ils pensent quand ils prennent certaines decisions et le pire c’est que c’est nous tous qui avons l’air ridicules. Un président qui décorfe des mamans de houeurs de foot, il ne l’a pas fait quand ils se sont qualifiés, il le fait juste avant le début de la compétition si les éléphants se font sortir dès le premier tour (chose que je ne souhaite pas en tant qu’africain) il va faire quoi ? retirer les médailles ????? franchement faut arreter.
        bon courage à toi "le fou"

        • Le 10 juin 2006 à 03:22, par Jean Paul Baugha (Londres) En réponse à : > Côte d’Ivoire : Le délit de naissance

          je crois que ce journaliste doit etre a court d’idees. Il est parti d’un fait anodin presque passe inapercu en cote d’ivoire pour en faire une affaire d’etat au point de l’attribuer au president Gbagbo. En matiere de journalisme" les faits sont sacres mais le commentaire est libre".
          Revenons en au faits :

          Les Faits : }
          _Avant le debut de la coupe du monde le ministre ivoirien des sports(issu de la rebellion) organise une petite fete symbolique en l’honneur des mamans des elephants pour que ces dernieres donnent leur pleine benediction a leurs progenitures pour la campagne mondiale. Le ministre en profite pour les decorer .

          _Cette decoration n’est pas le fait du Grand chancelier Issouf Kone encore moins du President Gbagbo
          comme veut le faire croire le fou .

          Mes commentaires  :
          Entant qu’ivoirien je trouve normal ce geste du ministre car dans notre culture ivoirienne qui est certainement diffirente de la perception des choses chez vous au Burkina, la mere est un soutien important pour son fils.
          Regardez la vie de Jesus , les chretiens louent la vierge marie pour interceder aupres de son fils.
          c’est un symbole important pour nous.
          Cela ne veut pas dire que Joseph avait moins de merite que la vierge Marie.
          Alors de grace gardez vos venins pour vous meme et laissez la cote d’ivoire et son President tranquille.

          les ivoiriens vous en seront gre.

          ET si vous etes a court d’idee prenez un petit repos pour faire passer votre "folie".

          • Le 10 juin 2006 à 12:04 En réponse à : > Côte d’Ivoire : Le délit de naissance

            Je suis burkinabè et je suis d’accord avec votre analyse qui est plus journalistique que l’article de "le fou". merci

            • Le 10 juin 2006 à 17:52, par Jean paul Baugha ( Londres) En réponse à : > Côte d’Ivoire : Le délit de naissance

              D’apres mes investigations les femmes decorees par le ministre des sports ne sont meme pas les meres genetiques des joueurs comme a voulu le faire croire ce journaliste Burkinabe mais plutot des dames qui se sont mises au service des elephants dans le cadre du comite de soutien aux elephants.

              Ainsi parmi les recipiandaires on ne verra nul part le nom de la mamam d’un seul joueur ivoirien.

              Alors cher ami le fou, Il faut savoir que le journalisme est un metier noble qu’il faut exercer avec rigueur et honnetete.
              Evitez de vous prostituer intelectuellement pour qu’on puisse enfin prendre les africains au serieux dans ce qu’ils font. Il n’y a pas de mal a se recycler quand c’est necessaire comme dans ton cas .
              Merci et bon courage cher frere , l’Afrique a besoin de toi ,brise tes chaines et commence a lutter comme tout bon africain.

  • Le 9 juin 2006 à 11:02, par Dr Jean Luc Kabore (resident a Bruxelle et ne en Cote d’Ivoire) En réponse à : > Côte d’Ivoire : Le délit de naissance

    Je pense que l’auteur de cet article est si limite dans ses visions des choses ivoiriennes qu’il fait des amalgmes des plus spectaculaires. Pas de lisibilite,rien que du verbiage creux en fait.

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