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Cyril Goungounga, démissionaire de l’ADF/RDA : "Ceux qui veulent être ministres se taisent"

Publié le vendredi 9 juin 2006 à 07h37min

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Cyril Goungounga

Le 1er juin 2006, le député Cyril Goungounga quittait l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemble-ment démocratique africain (ADF/RDA), le parti présidé par Me Gilbert Noël Ouédraogo. Géniteur du Parti républicain pour l’intégration (PARI), l’ancien ministre qui siège actuellement au parlement a séjourné 3 ans au parti de l’éléphant avant de partir parce que dit-il, il veut faire retrouver au PARI, son identité juridique.

Avant de créer le PARI, l’homme est passé par le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti au pouvoir. Avec l’ADF/RDA, il a soutenu la candidature de Blaise Compaoré, lors de la présidentielle du 13 novembre 2005. Cyril Goungounga ne s’investit pas seulement dans la politique. Il est président du Groupe scolaire "Koudpoko la Grande", un groupe scolaire qu’il a fondé et qui est composé d’une maternelle, d’une école, de deux lycées et de l’Institut supérieur des technologies avancées.

Pour mieux cerner les raisons de son départ de l’ADF/RDA et avoir sa lecture sur d’autres aspects de l’actualité, nous avons reçu Cyril Goungounga à notre rédaction, le lundi 5 juin 2006

"Le Pays" : Du CDP vous êtes parti pour créer le PARI pour ensuite fusionner avec l’ADF/RDA. Aujourd’hui, vous avez quitté le parti de l’éléphant pour ressusciter le PARI. Qu’est-ce qui vous fait courir tant ?

Cyril Goungounga : Je ne cours pas. Je suis constant. Selon vous, est-ce la Terre qui tourne ou c’est l’homme qui tourne ? Je pense que c’est l’évolution des choses. Aucun homme politique n’est toujours à sa place. En matière de changement de parti, je suis l’un des moins nomades. Je voudrais emprunter l’image de la CNPP/PSD (ndlr, Convention nationale des patriotes progressistes / Parti social démocrate) en son temps, qui avait 13 députés à l’Assemblée nationale et qui a éclaté avec la dissidence qui a engendré le PDP aujourd’hui PDP/PS.

Disons-nous une chose : la bouteille de bière peut effectivement contenir de la bière comme elle peut aussi contenir de la potasse. Je pense qu’on ne fait pas suffisamment le procès des révolutionnaires de ce pays. Ils ont juré que nul ne verrait la fin du CNR (ndlr, Conseil national de la révolution que présidait le défunt président Thomas Sankara). Ce sont ces révolutionnaires qui sont les vrais nomades, qui ne savaient même pas ce que c’est que le marxisme.

Pour aimer quelqu’un, on n’a pas besoin de le connaître. Mais pour combattre quelqu’un il faut le connaître. Il y avait des marxistes qui ignoraient le marxisme et qui avaient dit qu’il n’y aurait jamais d’Etat de droit dans ce pays. Il y en a qui ont fait le procès du président Compaoré, qui l’auraient même fusillé s’ils avaient des armes. Je voudrais préciser qu’il est très facile d’être stable quand on est ministre pendant 10 ans ou quand on est maire pendant 15 ans. Là, il n’y a aucun mérite. Il faudra plutôt faire l’apologie de ceux qui bougent plutôt que de dire que ces derniers sont en panne.

En clair, vous êtes partisan du nomadisme politique...

C’est vous qui appelez cela nomadisme. Je suis étonné qu’on appelle cela nomadisme. Raisonnons par l’absurde : voulez-vous que les gens restent assis sans bouger ? C’est parce que les gens bougent qu’il y a le CDP aujourd’hui (ndlr, Congrès pour la démocratie et le progrès, parti au pouvoir). Je suis membre fondateur du CDP qui a vu le jour le 5 février 1996. C’était une fusion de 12 partis et de formations politiques de même que des fractions de partis. Je ne dis pas que je suis pour le nomadisme politique, mais on ne peut être là, assis, sans bouger.

Je suis pour la dynamique politique. J’aurais pu rester au CDP et applaudir les grandes décisions sans broncher.

Vous n’aimez pas le mot "nomadisme", mais quel idéal poursuivez-vous en faisant ces va-et-vient ?

Le nomade, c’est quelqu’un qui change de ligne. C’est par exemple un communiste qui devient un républicain. Pour vous, celui qui est stable, c’est celui qui reste dix ans au pouvoir.

M. le député, il faut au moins une constance dans sa démarche !

On ne peut pas être constant puisque les choses bougent. Les choses évoluent et on prend des positions par rapport à ce qui arrive. Il y a beaucoup de partis politiques qui sont venus avec l’ADF/RDA depuis que le PARI a fusionné avec ce parti. Ils sont repartis, mais personne n’en parle. Lorsqu’il s’agit de Cyril Goungounga, tout le monde en parle. Nous avons simplement voulu, après 3 ans dans l’ADF/RDA, changer le sens de la collaboration. C’est tout à fait la dynamique de la vie. Comme le dit Voltaire, l’homme doit adapter son mouvement en marchant.

Ne trahissez-vous pas vos électeurs en adoptant une telle démarche ?

Je suis très clair. Je suis député PARI. Je n’ai pas été élu sous la bannière de l’ADF/RDA. J’ai refusé d’être candidat ADF/RDA aux municipales passées. Les populations du secteur 17 de Ouaga et de Saaba sont témoins. Elles sont venues me supplier de me présenter mais j’ai refusé. Je ne pouvais pas me présenter parce que je devais quitter l’ADF/RDA.

Il y a des gens qui font de la politique un fonds de commerce. Ce qui n’est pas normal. Il y a par exemple des partis qui avaient disparu. Avec la présidentielle, leurs chefs ont réapparu juste le temps de l’hivernage dans le but de récolter quelques millions de F CFA avant de repartir dans leur cachette.

De toutes les façons, ça ne m’intéresse pas d’être stable. Je préfère exercer le pouvoir pendant 3 jours que de le subir pendant 3 ans. Il y en a qui subissent le pouvoir. Ils sont là et tout ce qui les intéresse ce sont les véhicules, les avantages, etc. Dès qu’ils quittent le pouvoir, ils deviennent malheureux. Moi, j’essaie, lorsque je suis dans une sphère de décision, de vivre déjà la sortie. Le plus difficile, c’est la sortie du pouvoir sans être choqué. Il y en a qui peuvent en mourir, il y en a même qui sont morts physiquement parce qu’ils ont quitté ou qu’on les a amenés à quitter le pouvoir.

Moi, Cyril Goungounga, je n’aime pas les avantages. J’ai choisi la clarté dans ma vie. Advienne que pourra.

N’avez-vous pas plutôt été une taupe du CDP au sein de l’ADF/RDA ?

Taupe ? Il y a tellement de gens qui ont quitté le CDP ! La taupe ne quitte pas.

Il semble que si vous avez démissionné aujourd’hui de l’ADF/RDA c’est parce que vous avez accompli votre mission, c’est-à-dire amener ce parti de l’opposition à soutenir Blaise Compaoré lors de la présidentielle passée...

Je suis trop fort. Qu’est-ce qu’on ne dit pas sur moi ? Vraiment ! Puis-je amener tout ce parti à soutenir à l’unanimité le président Blaise Compaoré ? C’est vous-même qui aviez écrit en son temps que j’étais contre cette démarche du parti.

Vous étiez donc contre le soutien de l’ADF/RDA à Blaise Compaoré !

Pourquoi vais-je être contre ?

Puisque vous étiez content que l’on écrive que vous étiez contre... ?

Pourquoi vous braquez-vous sur le soutien à Blaise Compaoré ?

C’est quand même surprenant que le chef de file de l’opposition accompagne le président du Faso à cette élection. Ça ne vous a pas gêné ?

Je ne suis pas chef de file de l’opposition. C’était Gilbert Noël Ouédraogo le chef de file. Là, on me fait un mauvais procès. Ce n’est pas l’ADF/RDA qui était chef de file de l’opposition. La loi dit que c’est le président du parti qui a le plus grand nombre de députés. Il ne serait pas juste, bien que je connaisse les raisons, bien que j’aie approuvé cette démarche, de me poser cette question. Nous avons soutenu Blaise Compaoré de façon autonome.

Si c’était à refaire ?

Nous assumons ce que nous avons fait dans l’ADF/RDA du 29 juin 2003 au 1er juin 2006. Le PARI a fait partie intégrante de l’ADF/RDA. J’assume tous les acquis et toutes les insuffisances de ce parti durant la période sus-citée. Ce que vous me demandez, c’est de la science-fiction. Je n’ai pas les capacités mystiques pour faire cette gymnastique. Nous l’avons fait en son temps. Je ne regrette pas, tout comme je ne regrette pas la fusion ADF/RDA - PARI.

Quel bilan faites-vous de cette fusion surtout que des militants du PARI critiquent le mauvais positionnement du PARI dans les instances de l’ADF/RDA ?

L’ADF/RDA est un grand parti. J’allais même dire que c’est un parti de masse, un parti difficile à gérer. Je trouve que le parti est trop lourd pour un homme de l’opposition. Les militants sont très difficiles. Certains utilisent leur proximité familiale ou géographique avec le président du parti pour faire des coups-bas à d’autres. Même quand une mouche vous pique, on dit que c’est le président.

J’avais prévenu les militants du PARI qu’il fallait qu’on se batte une fois dans l’ADF/RDA. Je n’ai pas d’états d’âme. J’ai ma logique. Je tiens à dire que je n’ai aucun reproche à faire au président Gilbert Ouédraogo. Je parle de ceux qui utilisent leur proximité familiale ou géographique avec lui pour opérer des coups-bas. Un exemple : pendant les municipales, le Secrétaire général de l’ADF/RDA au secteur 18 de Ouagadougou était tête de liste. C’est un petit commerçant. On a carrément enlevé son nom, pour inscrire celui d’un banquier qui a acheté des responsables du parti dont je tais les noms par décence. C’est quelqu’un qui utilise cette proximité avec le président pour effacer les noms des gens.

C’est entre autres, ces raisons qui vous ont amené à partir ?

C’est simplement pour retrouver mon identité juridique que je suis parti de l’ADF/RDA. En fait, je n’ai pas démissionné. Juridiquement parlant, nous avions perdu notre identité par cette fusion. Pour reconstituer le PARI, il fallait que je commence par démissionner. Je n’ai pas un autre mot pour remplacer ce terme de droit. Sinon il n’y a pas de problèmes.

Pourtant, on dit que vous êtes parti de l’ADF/RDA par dépit suite à des promesses non tenues comme par exemple être ministre après l’élection présidentielle...

Dépit ? Quel poste ministériel ? Si c’était pour des postes ministériels, je ne soutiendrais pas Blaise Compaoré. Le PARI soutient le programme présidentiel sans condition. J’ai proposé à Gilbert Ouédraogo qu’on apporte notre soutien à Blaise Compaoré sans condition. Personnellement, je ne crois jamais aux promesses, surtout pas à celles politiques. Les gens disent que les hommes politiques sont faux. Non ! C’est nous qui sommes naïfs. Il y a seulement deux personnes dans ce pays qui peuvent faire de moi un ministre..

Lesquels ?

C’est le président du Faso et le Premier ministre.

C’est à ne rien comprendre. Vous étiez dans un parti d’opposition et vous demandez de soutenir le candidat du pouvoir sans condition...

Effectivement, nous avons soutenu Blaise Compaoré. De la date de notre soutien à l’élection présidentielle, nous restons un parti d’opposition. A partir du moment où notre candidat est élu, nous (ndlr, l’ADF/RDA) devenons un parti de la majorité présidentielle. Ce passage n’a pas été compris par certains militants de l’ADF/RDA et même du PARI. Effectivement, je me sens mal à l’aise de dire que j’étais dans un parti d’opposition alors que j’ai soutenu le président qui a été élu. C’est pour clarifier tout cela que le PARI préfère reprendre son autonomie.

Je vous fais une confidence. Des gens m’ont appelé pour me dire de ne pas démissionner parce qu’après les municipales il y aura un remaniement et que l’ADF/RDA aura davantage de postes dans le gouvernement. Ça ne m’intéresse pas. Si je dois être ministre, je le serai même si je ne suis à l’ADF/RDA.

Une deuxième confidence : on nous a dit que l’ADF/RDA a eu deux portefeuilles mais qu’on peut en avoir plus et que tout dépend de notre comportement à l’Assemblée nationale. En clair, c’est pour nous dire de nous taire, de fermer notre bouche. Ce que je fais est contraire à tout cela. Celui qui a le moins fermé sa bouche à l’Assemblée, c’est bien moi. Vous savez, ceux qui veulent être ministres se taisent.

Vous ne voulez plus donc être ministre puisque vous refusez de vous taire ?

Ce n’est pas que je ne veuille pas être ministre. Je veux être ministre avec ma personnalité. C’est tout ! Pourquoi d’ailleurs vous me demandez si je veux être ministre ? J’ai dit qu’il n’y a que deux personnes qui peuvent me faire ministre dans ce pays. Maintenant comment elles vont faire pour me faire ministre, ça ne me regarde pas.

Vous attendez-vous donc à un clin d’oeil de leur part ? En clair répondrez-vous favorablement à un éventuel appel de leur part ?

Pourquoi pas ? Je soutiens le programme présidentiel. Le PARI ne soutient pas Blaise Compaoré, mais le président du Faso. Ce n’est pas un soutien "tube digestiviste". N’allez pas dire que je ne veux pas être ministre. N’allez pas dire non plus que je veux être ministre.

Vous avez occupé à un moment donné un poste ministériel. Aujourd’hui vous êtes député. Qu’est-ce qui est plus intéressant entre ces deux fonctions ?

C’est clair que c’est être député.

Pourquoi ?

Pour moi, ça permet de mieux s’exprimer. Quand on est ministre, on exécute des décisions et des lois. Ça, c’est moins intéressant pour mon existence.

Quelle appréciation faites-vous du nombre de maires, au total 9, obtenus par l’ADF/RDA contre 313 pour le CDP ?

Ce que je vais dire est une autocritique. Je n’accuse personne. J’accuse ceux qui ne travaillent pas. Nous constatons, à l’issue de ces municipales, que l’ADF/RDA demeure la 2e force du pays. Je constate aussi que l’écart s’est davantage creusé entre le CDP et l’ADF/RDA. Au niveau du nombre de mairies, c’est encore plus grave. Il n’en demeure pas moins que les militants ADF/RDA de Saaba et de Tanghin Dassouri doivent être félicités. Il faut féliciter particulièrement Jacob Sawadogo, seul élu ADF/RDA de Tanghin Dassouri qui a eu le courage de faire annuler, pour fraudes massives, les résultats du scrutin dans cette commune rurale.

Je suis prêt à m’investir pour que l’ADF/RDA engrange gros à l’occasion de la reprise des élections à Tanghin Dassouri qui auront lieu avant le 19 juillet. A Komki Ipala et à Pabré, l’ADF/RDA a eu zéro siège. Avec des ministres comme Yéro Boly et Clément Sawadogo, qui sont de grands battants, on ne pouvait pas s’attendre à quelque chose dans ces deux localités.

Pourquoi n’êtes-vous pas parti de l’ADF/RDA avant les municipales ?

C’est une question pertinente, mais sachez que toute décision vient trop tard ou trop tôt par rapport à quelque chose. Nous avons longuement réfléchi et nous avons jugé qu’il était indiqué que nous attendions après. Si on avait décroché avant, je n’aurais pas eu le temps de faire quoi que ce soit.

Quelle image de la campagne présidentielle vous reste dans la tête ?

L’ADF/RDA a surestimé ses forces. On a été à l’ombre du président Compaoré. Lors de la campagne, j’étais assis à côté du président du Faso lors des étapes de Diapaga et de Gorom-Gorom. Ça m’a donné des illusions. J’ai pensé qu’on était très populaire. On a cru aux gens. On a été naïfs.

A quand la convocation d’une session statutaire de votre parti, le PARI ?

Nous allons réchauffer les textes et revoir le titre. Il faut revoir l’emblème avant toute chose.

Votre commentaire sur la démission d’un autre vice-président, Fidèle Hien de l’UNDD que vous connaissez certainement.

Je suis un peu triste parce que Hien Fidèle était vraiment fidèle à Hermann Yaméogo (ndlr, président de l’UNDD). J’ai appelé Hermann Yaméogo pour comprendre. J’ai tenté en vain de joindre Fidèle lui-même. Du coup, j’ai beaucoup de sympathie pour lui. C’est moi qui ai fait partir Fidèle Hien de la tête du groupe parlementaire de l’époque. J’ai découvert une autre personne que je ne connaissais pas. Je vois que c’est quelqu’un qui s’assume.

Si c’est juste pour aller se reposer de la politique, je peux lui dire qu’il se trompe parce qu’on ne peut pas se reposer de la politique. ll y a peut-être des raisons politiques. Quand il m’accordera un entretien, je pourrai mieux comprendre.

Propos recueillis par la rédaction et retranscrits par Alexandre Le Grand ROUAMBA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 9 juin 2006 à 10:45, par Samous En réponse à : > Cyril Goungounga, démissionaire de l’ADF/RDA : "Ceux qui veulent être ministres se taisent"

    Bien curieuses les sorties médiatiques du député Cyril Gougounga. Après la télévision nationale dimanche dernier, à l’émission Actu Hebdo où l’homme a été visiblement acculé par le journaliste Pascal Y. Thombiano, le revoilà à une grande interview au journal "Le Pays". De quoi veut-il se justifier ainsi ? Curieux...

    • Le 9 juin 2006 à 18:20 En réponse à : > Cyril Goungounga, démissionaire de l’ADF/RDA : "Ceux qui veulent être ministres se taisent"

      Il est regrettable que Monsieur GOUNGOUNGA ait démissionné.
      Les raisons de cette démissions ne sont nullement convaincantes car, à l’opposé des partis politiques français qui ont un encrage trentenaire, les partis politiques en Afrique se disloquent trs vite. Avec cette démission, c’est l’une des bases de l’A.D.F.-R.D.A. qui s’effondre. Mais mieux valait cette démission maintenant que plutot de faire semblant d’être militant d ce parti.
      Pour moi ce départ me fait de la peine et l’émotion que j’ai ressenti c’’est comme si M. GOUNGOUNGA était mort. Ange TAMPSOBA , France.

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