LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Place des femmes en politique : L’éducation comme solution

Publié le jeudi 8 juin 2006 à 07h15min

PARTAGER :                          

Selon des études, sur 41 gouvernements constitués au Burkina Faso, l’on ne compte qu’une trentaine de femmes ministres ou secrétaires générales. A l’Assemblée nationale, le taux de représentation des femmes n’est guère comparable à celui de la gent masculine, malgré leur poids démographique estimé de nos jours à 52% de la population. L’on y dénombre aujourd’hui en moyenne 15% de femmes élues.

Face à cette sous-représentation féminine dans les instances de décision, l’Assemblée nationale, sous la houlette de son président Roch Marc Christian Kaboré, est, depuis un certain temps, montée aux avant-postes du combat. D’abord, en instaurant en son sein un caucus genre.

Ensuite, en initiant les 6 et 7 juin derniers, un forum national sur la participation et la représentation équitable des femmes en politique. Figurait en bonne place au menu des échanges lors de cette rencontre, le système des quotas, considéré par plus d’un comme un moyen efficace de renforcer sensiblement la représentation des femmes dans les instances décisionnelles.

Cette initiative du législatif burkinabè mérite a priori d’être saluée à sa juste valeur, d’autant que c’est la première fois que le débat est porté sur la place publique. On en a toujours parlé, mais, jamais, cela n’avait fait l’objet d’une aussi grande rencontre regroupant tous les acteurs de la question.

Etaient, en effet, réunis à Ouaga 2000 où s’est tenu le forum, des représentants de partis politiques, des acteurs de la société civile, des autorités coutumières et religieuses, des partenaires techniques et financiers, des responsables d’institution, et, bien sûr des parlementaires. Cependant, l’on peut toujours s’interroger sur la pertinence et la portée du système des quotas au regard du taux élevé d’analphabétisme chez les femmes. Comme le notait Kemal Dervis, administrateur du PNUD, "La triste vérité est toujours que 70% des 130 millions d’enfants non scolarisés dans le monde sont des filles.

Les deux tiers des 960 millions d’adultes illettrés du monde sont des femmes. Ce qui limite considérablement leur aptitude à prendre part au processus politique". Dans ce contexte, doit-on opter systématiquement pour les quotas pour favoriser l’accès d’un plus grand nombre de femmes aux postes politiques ?

N’est-ce pas courir le risque d’instaurer le règne de l’incompétence et annihiler en même temps le combat des femmes pour une discrimination positive, celle qui permet aux femmes d’être à égalité avec les hommes par l’éducation et pourquoi pas, d’inverser la tendance actuelle.

Vouloir jouer à fond et sans préalables la carte des quotas pour résoudre l’équation de la sous-représentation de la gent féminine en politique, c’est, dans une certaine mesure, ternir l’image de celles qui, par leurs compétences tiennent la dragée haute aux hommes. Il ne saurait, en effet, y avoir une vraie égalité là où il y a une sorte de favoritisme.

Recourir aux quotas, c’est, quelque part, faire de la fixation sur la situation politique des femmes burkinabè, alors qu’il existe de nombreux autres domaines socioprofessionnels où elles connaissent le même problème de représentativité. Pourquoi vouloir appliquer ce quota uniquement en politique ? Est-ce parce que c’est le domaine par excellence d’ascension facile, de la courte échelle pour les femmes dans la société ?

Cela est probable, mais ne résout pas le problème. Car, s’engager, dans un contexte d’analphabétisme général chez les femmes, sur la voie des quotas, c’est visiblement traiter le mal à partir des branches. Or, la racine de la sous- représentation des femmes en politique se situe au niveau de leur faible niveau d’instruction.

Si Ellen Johnson Sirleaf a remporté l’élection présidentielle au Libéria face à son challenger Georges Weah, c’est, en grande partie, parce qu’elle était plus instruite que celui-ci. L’instruction étant fondamentalement le noeud du problème, l’on devrait plutôt mettre l’accent sur la discrimination positive en matière d’éducation.

Plus les femmes seront instruites, plus elles accéderont naturellement aux sphères de décision au même titre que les hommes. Mais, encore faut-il qu’elles soient toujours sur la même longueur d’onde, car, comme on le dit, "l’ennemi de la femme, c’est la femme".

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique