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Opposition burkinabè : On sait ce que chacun a dans le ventre

Publié le mercredi 7 juin 2006 à 08h22min

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Presse et démocratie, deux entités intimement liées dans l’Etat de droit, cela est indéniable. Y a-t-il presse sans démocratie et vice-versa ? On peut dire que non, puisque le baromètre de la démocratie se mesure au dynamisme de la presse et au Burkina Faso, elle joue sa partition comme il sied et même encore mieux que ça.

Le Burkina Faso est un des rares pays où les médias, notamment la presse écrite, n’hésitent pas à permettre au citoyen quelle que soit sa condition, de s’exprimer. Des états d’âmes, aux opinions les plus élaborées, chaque parution apporte son lot de déclarations, de réflexions, de dénonciations et de constats d’évangile.

L’actualité ces jours derniers, on s’en doute ce sont les municipales et bien sûr la fronde des travailleurs contre "la vie chère".

Deux sujets sur lesquels, les partis politiques de l’opposition se sont exprimés dans le style qui les maintient à la périphérie. Ils ne sont pas porteurs de changement parce que n’ayant pas une réelle conscience de leur rôle.

La réflexion qu’ils portent, les analyses qu’ils font sont par trop généralistes, alors que la presse leur offre une excellente tribune pour montrer ce qu’ils ont dans le ventre, ou du moins dans la tête. La préoccupation centrale du citoyen, n’est autre que le pouvoir d’achat, qu’il lie à la hausse des salaires.

La question que soulève la réaction des partis de l’opposition, concerne leur surdité aux préoccupations exprimées. Lorsqu’on aspire à diriger, il faut être à l’écoute afin d’apporter les réponses idoines. Leur attitude ne fait d’eux que des succédanés au pouvoir en place. Ils sont incapables de proposer et de donner des solutions véritablement alternatives.

Au gré du vent

La politique ce n’est pas seulement se contenter d’affirmer aux médias qu’on a dans sa gibecière un programme de gouvernement. Il faut aussi, pour convaincre comme le dit l’opposition, qu’il est possible de relever le pouvoir d’achat, de décliner à quelle hauteur et par quel mécanisme budgétaire.

Les partis politiques sont par nature des références. Pour être un phare, leur analyse trop simpliste montre qu’ils marchent au gré du vent. Faisant la Une du pays, le PDP/PS constate que "la vie est chère et elle devient de plus en plus insupportable".

Peut-être que personne ne l’avait compris ou senti, mais ce type de déclaration péremptoire, laisse voir son incurie, qui confine à la désespérance. Toujours à la remorque de la société civile et prisonnière de l’actualité cette opposition.

Pour la proposition attendue du PDP/PS pour y mettre un terme il faudra repasser. Car dans ce magma de constats, il n’aura remarqué que "la gestion calamiteuse et arrogante de la crise par le gouvernement actuel". Au fait serait-on tenté de dire ! Mais jamais ne viendra, la solution alternative du PDP/PS, au moment où il a la force morale d’avancer qu’il y voit "une incapacité chronique du pouvoir en place à apporter des solutions justes aux revendications légitimes des populations". La coupe est pleine, mais comment ne pas penser qu’un parti aspirant au pouvoir lui aussi devrait dire, c’est un minimum, ce que lui propose ou aurait fait. C’est cela qui donne un sens à la démocratie et incitera les médias à mieux ouvrir leurs colonnes. Sinon ce n’est que du remplissage.

Parler dans le vide

L’opposition ou du moins une partie persiste à faire l’apologie à rebours de la révolution. D’où le Faso vient, quelle est sa réserve financière, dans quel contexte évolue-t-il, aucun parti ne met en situation ces données indispensables à la mise en exergue de la sortie de crise gouvernement-syndicats.

A éviter cette analyse du contexte, qui est aujourd’hui, et il ne viendrait même pas à l’esprit des adeptes d’un populisme débridé de nier, celui de la globalisation néo-libérale.

Elle dicte aujourd’hui son diktat et pose un vrai défi aux pays moins forts comme le nôtre. S’il est légitime aux travailleurs de revendiquer, encore que, le développement impose de savoir définir les priorités et de savoir établir la répartition juste, comme le répètent certains, des richesses.

On a beau être pour les fonctionnaires, l’arbitrage ne pourra pas être en leur faveur, si on devrait considérer cette répartition en pensant d’abord aux moins nantis. Les investissements, les interventions, la priorité, c’est le monde rural, le Burkina profond ou réel pour parler vrai, qui ont dans un état nécessitant un plan Marshall.

L’Afrique depuis ce 3e Millénaire en marche fait face à de gros problèmes, pas faciles à solutionner. D’où on comprend que l’opposition préfère stigmatiser le pouvoir au lieu d’avancer ses solutions à ce qu’elle nomme "une incapacité du gouvernement à faire face, à répondre conséquemment".

On peut dénoncer, critiquer, s’opposer, mais en retour un politique, qui serait conséquent propose aussi. S’il n’en est pas capable, comme on le voit régulièrement à travers leurs écrits multiples dans la presse, cela pose un problème insoluble à la démocratie.

Alors, ces opposants vont-ils continuer à disserter dans le vide, à se contenter de généraliser, oui d’affirmations dont les seules vertus seraient de donner l’illusion qu’une opposition existe, qu’elle vit. Même si cela était, la conclusion est de savoir si elle recèle du potentiel pour diriger et surtout autrement. Verra-t-on un mieux avec elle ? On en doute, vu ce qu’elle montre depuis quinze ans.

Souleymane KONE

L’Hebdo

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Vos commentaires

  • Le 7 juin 2006 à 23:58, par un burkinabè vivant en france En réponse à : > Opposition burkinabè : On sait ce que chacun a dans le ventre

    J’ai toujours apprécié les articles de l’hebdo.
    Là encore, l’article met le pied dans le plat. Et alors ? Je le trouve magnifique.
    Quel est enfin, l’alternative que propose cette opposition au Burkina ? Ange TAMPSOBA, France.

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