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Tertius Zongo, ambassadeur du Burkina aux Etats-Unis d’Amérique : Réhausser l’image de l’Afrique aux Etats-Unis

Publié le lundi 5 juin 2006 à 07h40min

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T. Zongo accueillant un invité, lors des journées de la Francophonie

Les diplomates africains aux Etats-Unis ont célébré la journée de l’Afrique du 22 au 25 mai 2006. Au- delà et en plus de la célébration traditionnelle, le Groupe des Ambassadeurs d’Afrique a tenu à innover. Outre les conférences et le dîner-débat, ils ont présenté le continent dans les établissements scolaires du pays.

S’adressant à ce segment de société américaine, ils entendaient faire toucher du doigt nos réalités à l’Amérique profonde ; réalités qui ne sont pas que guerres et autres catastrophes.

A cette occasion, l’ambassadeur Tertius Zongo présente le Groupe des ambassadeurs africains aux Etats-Unis et situe ses actions .

T. Zongo : Je dois dire que le Groupe existait depuis longtemps et en dehors de se rencontrer tous les mois, partager un peu les préoccupations que chacun a au niveau de son pays, nous n’avons pas toujours pu nous structurer pour avoir l’impact désiré. Et il y a un an, nous avons jugé nécessaire qu’il fallait que nous voyons les choses autrement parce que les Etats-Unis sont une place, et tant que vous n’êtes pas structurés vous ne pouvez pas tirer avantage des opportunités extraordinaires qui sont offertes.

C’est ainsi que nous avons tenu un séminaire au cours duquel nous avons relevé les problèmes de l’Afrique, et en tant qu’Ambassadeurs nous nous sommes dits : qu’est-ce que nous pouvons faire, quel peut être notre action pour aider nos dirigeants à avoir une place plus importante dans l’Agenda des USA, comment amener les USA à prendre en compte les problèmes africains ? Nous avons noté aussi ce qui relève de notre compétence, et partant de ce principe nous avons établi des axes majeurs, à savoir :

- Travailler sur l’image de l’Afrique et de la communication, parce que vous savez qu’aux Etats-Unis, on ne parle de l’Afrique que lorsqu’il y a des catastrophes, (guerres, famine, conflits). Vous voyez très rarement les images de l’Afrique sous un beau jour, donc nous devons corriger cette image de l’Afrique. Cet axe nous a paru important, car tant que nous ne règlons pas cela, dans l’opinion américaine, l’Afrique sera toujours perçue comme un seul pays structurellement malade.

- Ensuite, comment à partir de ce volet nous essayerons de mettre l’Afrique sur l’agenda des USA, quels sont les avantages comparatifs de l’Afrique qui intéressent les USA, c’est-à-dire quels sont nos points forts et comment montrer aux américains que dans ce domaine-là, nous avons quelque chose à présenter, un partenariat à construire.

- Autre point : Comment mobiliser les ressources

Il est tout a fait évident que nos pays sont encore des pays en voie de développement, et aux Etats-Unis il y a quand-meme des opportunités. Même si les USA sont présentés comme un pays n’étant pas tourné vers l’aide au développement, lorsqu’on est ici, on sent qu’il ya ces opportunités. Que ce soit avec le gouvernement américain, les multiples agences qui existent, les institutions financières internationales, les ONG, et peut-etre même les associations au niveau local, donc nous allons travailler à voir comment nous pouvons mieux conseiller nos gouvernements pour mieux mobiliser les ressources au niveau des USA.

Autre élément que nous avons identifié c’est le système américain : comment le comprendre ? Vous n’ignorez pas que le système américain est très complexe, surtout lorsque vous arrivez nouvellement, il faut du temps pour le comprendre. Sur cette question, nous allons tenir des séminaires qui seront animés par des américains et des africains, sur la complexité de ce volet. Ceci afin de permettre à nos ambassades d’etre plus opérationnelles.

- Enfin il y a le secteur privé, vous savez qu’ici, l’initiative privée est très importante, mais il faut se dire aussi qu’un privé ne s’engagera pas sans savoir où il va. Et il faut se dire que nos pays sont très mal connus ici. Il nous revient de nous organiser pour d’une part, mettre à la disposition du secteur privé américain des informations sur les opportunités d’investissement dans nos pays et vice versa.

Pour toutes ces raisons nous avons restructuré le groupe pour montrer une autre image de l’Afrique, et aussi un autre partenariat entre l’Afrique et les Etats-Unis, et naturellement la semaine de l’Afrique organisée par le Groupe des Ambassadeurs Africains, entre dans ce cadre.

La Journée de l’Afrique a été célébrée sous le signe de l’intégration. Pensez-vous que l’intégration puisse apporter des avancées significatives dans les programmes de développement ?

T. Zongo : Il est clair qu’en tant que Groupe des Ambassadeurs, nous comprenons la nécessité de cette intégration, mais c’est d’abord une volonté politique, car sans elle il n’y a pas d’intégration. Lorsqu’on parle d’intégration, on parle également d’un certain abandon de souveraineté, cela veut dire : accepter de mettre en commun un certain nombre de domaines de souveraineté qui vont être gérés par une structure supranationale, et cela relève beaucoup plus de décisions politique.

Si vous regardez par exemple l’Europe, elle s’intègre, ce sont des pays qui individuellement pris, ont des potentialités, mais ils trouvent que leur salut est dans l’intégration. Voyez aussi les Etats-Unis, ils sont en train de vouloir intégrer tous les autres pays qui sont dans la zone Amérique. Mais l’Afrique, ce continent qui a de très faibles potentiels, (accès difficile aux marchés, manque d’infrastructures), pourquoi ne pas faire comme ces pays développés.

Et comme je l’ai souligné plus haut, il faut de la volonté politique, et cette question se trouve au niveau de nos dirigeants et non au niveau du groupe des ambassadeurs, et c’est en cela que notre rôle est de conseiller nos dirigeants en leur disant ceci : de la même façon que nous les ambassadeurs nous voyons une mise en commun de nos efforts au niveau des USA pour avancer, nous croyons que l’Afrique ne peut avancer qu’à travers l’intégration. Et si vous prenez la charte de l’Union africaine et du NEPAD, on ne parle que de l’intégration.

Le NEPAD parle même d’une Afrique unifiée avec des pôles régionaux comme éléments moteurs, c’est dire que ce sont des régions qui vont être des espaces de mise en oeuvre de la politique du NEPAD. Nos chefs d’Etat ont eux mêmes proné ce principe d’intégration, donc, nous ne faisons qu’accompagner leur volonté, mais naturellement sur le terraini il faut que les choses aillent avec une autre vitesse.

Venons-en à un sujet qui intéresse directement le Burkina, il s’agit du prix décerné par la Banque Mondiale et qui récompense notre pays pour son meilleur programme. Pouvez-vous nous faire découvrir ce prix.

T. Zongo : Il faut dire que c’est depuis 2004 que la Banque mondiale a mis en place ce qu’elle appelle une unité indépendante d’évaluation qui ne rend compte qu’au conseil d’administration de cette insitution. L’unité est donc independante, et suit de près le travail fait par la Banque mondiale. Elle est amenée à condamner certains comportements, mais aussi quelque fois à encourager ceux qui se distinguent par leur bon exemple, ce qu’elle appelle « les bonnes pratiques ». L’unité décerne des prix, et parmi les gagnants 2006, le Burkina Faso a éte choisi comme le pays ayant le meilleur programme en Afrique. Je crois que c’est une distinctionqui qui nous rejouit. Parce quoi qu’on dise, les programmes avec la Banque mondiale sont d’abord des programmes nationaux, conçus et mis en oeuvre par les nationaux, même s’ils sont entourés du conseil de la Banque mondiale, c’est un exercice qui requiert un leardership national fort.

D’autres pays ont eu des prix mais sur des projets qu’ils ont mis en oeuvre, pour le prix du Burkina il ne s’agit pas de projets, mais de tout le programe qui a été jugé meilleur en Afrique, cela veut dire que nous avons avons au cours des années developpé une capacite au niveau de notre administration qui permet de répondre a un certain nombre de standard aussi bien dans l’élaboration des programmes, leur mise en oeuvre, le suivi, l’évaluation et le compte-rendu.

Le Président de la Banque Mondiale qui a personnellement remis ce prix, a insisté sur le Burkina qu’il a chaleureusement félicité. Cette distinction est une opportunite qui s’offre à notre pays de dire : que si vous reconnaissez que nous avons une organisation qui nous permet de nous distinguer, maintenant nous voulons aller à un niveau superieur, et ce niveau supérieur demande aussi du pays un certain nombre de sacrifices en terme d’organisation, de vision, mais interpelle également les institutions car à partir du moment où on reconnait les capacites du pays, il faut qu’en retour ces institutions écoutent ce que le pays veut. C’est dire donc que nous devons avoir une meilleure qualité de dialogue aves les institutions, et mieux les orienter sur nos besoins.

H. Barry
Ambassade du Burkina à Washington, D.C.

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