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Hamidou Zouba, le « Délégué »

Publié le samedi 27 mai 2006 à 07h43min

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Hamidou Zouba et F. Savadogo lors des voeux 2006

C’est devenu un rituel. A chaque début d’année, au 159 Boulevard Haussman, dans le huitière arrondissement de Paris, une cérémonie est organisée au cours de laquelle l’ambassadeur du Burkina et les représentants des quelque cinq mille Burkinabè résidant en France se présentent les meilleurs vœux. Et depuis 1994, C’est Hamidou Zouba qui, de sa voix posée, calme, jamais en colère, parle au nom de la communauté burkinabè de France.

A 56 ans, marié et père de cinq enfants, ce responsable de la logistique chez un constructeur automobile français, arrivé en France en 1967, impose le respect. Lorsqu’en 1994, le gouvernement crée le Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger (CSBE), c’est sans surprise qu’il est élu pour un mandat de quatre ans par les Burkinabè membres de dix huit associations légalement reconnues dans l’Hexagone. Il est secondé par un adjoint, Robert Tougma, aujourd’hui décédé.

Sous la présidence de Hamidou Zouba, le CSBE qui a pour objectifs la défense des intérêts matériels et moraux des Burkinabè de France a mené plusieurs activités au profit des résidants et des Burkinabè restés au pays. En France, à l’occasion de décès de personnes démunies, le Conseil apporte une assistance financière afin que les défunts bénéficient d’une sépulture digne quand le corps n’est pas rapatrié. Soucieux du bien être de ses compatriotes, le CSBE apporte également un soutien moral et matériel à des Burkinabè qui rencontrent des difficultés sociales « parce qu’ils sont au chômage ». Véritable interface entre les autorités diplomatiques et la diaspora, M. Zouba ne ménage jamais ses forces lorsqu’il faut mobiliser « ses troupes » pour la bonne cause.

Loin de leur pays, les expatriés ne sont pas pour autant insensibles aux évènements heureux et malheureux que le Burkina a connus au cours de ces dernières années. Pour leur contribution au bon déroulement de la Coupe d’Afrique des nations (Can) de football en 1998 au Burkina, le CSBE a organisé des soirées qui lui ont permis de collecter 4 millions de F CFA, une somme qui a ensuite été envoyée à la Commission nationale d’organisation. De même, lorsque des Burkinabè ont dû fuir la Côte d’Ivoire suite aux évènements de Tabou, le Conseil a encore mis la main à la poche en remettant 7 millions de F CFA au ministère des Affaires sociales, après avoir également contribué financièrement lorsque le pays a été frappé par une épidémie de méningite.

Les Burkinabè de France ont-ils des doléances à formuler auprès du gouvernement ? « Bien évidemment » répond M. Zouba, qui s’empresse toutefois de rappeler que le Conseil n’est pas un syndicat. Les doléances, il les connaît bien, lui qui entretient des liens permanents avec plus de vingt associations de Burkinabè. D’abord, se risque quand même celui qui est loin d’être un polémiste, « les Burkinabè veulent être mieux écoutés qu’ils ne le sont actuellement. Ils souhaitent bénéficier d’un dispositif leur permettant de s’intégrer facilement en cas de retour désiré ou pas », allusion aux Burkinabè de Côte d’Ivoire qui sont rentrés suite à la crise politique intervenue en septembre 2002. « Pourquoi ne pas créer par exemple un organisme qui octroierait des crédits aux personnes désirant créer une petite entreprise ? » suggère t-il.

A l’image de ce qui se passe au Mali, M. Zouba suggère également la création d’une banque de l’habitat et la mise sur pieds d’un mécanisme permettant aux expatriés d’acquérir des terrains d’habitations sans avoir à traiter avec des individus, l’expérience ayant montré « que beaucoup d’expatriés ont été floués par de faux propriétaires ». Et puis, il y a l’épineuse question du droit de vote des Burkinabè de l’étranger, abondamment évoquée dans les médias lors de la dernière élection présidentielle de novembre 2005. La promesse faite par le gouvernement d’apporter une réponse idoine à la question satisfait M. Zouba, convaincu que « ça va aboutir bientôt ».

Bénévole et sans budget, et attendant que le bureau soit renouvelé, Hamidou Zouba, puise dans sa cassette personnelle pour financer les activités du Conseil.
Il n’en éprouve pas moins de fierté d’être au service d’une communauté composée selon lui « de travailleurs honnêtes qui respectent les lois du pays d’accueil, et qui ne sont pas impliqués dans les malversations et autres trafics en tout genre régulièrement rapportés par la presse ».

Wahab Sidibé

Lefaso.net

P.-S.

Lire aussi :
France-Burkina : des relations mouvementées

Répertoire des associations des Burkinabè de France
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