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<I>Droit dans les yeux </I> : Les méfaits de la corruption

Publié le mardi 23 mai 2006 à 05h45min

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La corruption et l’insécurité compromettent la reconstruction de l’Irak. La stratégie absurde d’attribution des contrats est la faute de l’administration américaine ; au lieu de mettre les entreprises en concurrence, les marchés sont attribués, sans considération de coûts, à des amis politiques. Tout cela compromet la reconstruction de l’Irak.

- Le Burkina Faso est assis sur une poudrière sociale dont la mèche est la corruption.

- La corruption touche surtout les plus pauvres parce qu’ils sont les plus faibles. Les richesses nationales sont concentrées entre les mains de quelques individus. Ici au Burkina, selon les chiffres rendus publics par les instituts, le Produit intérieur brut (PIB) croît de 6% par an (ce qui n’a rien d’extraordinaire car c’est la moyenne de la plupart des pays subsahariens), en même temps que le nombre de pauvres augmente.

- Il y a, certes, beaucoup de projets de développement, mais pas d’avancée car une grande partie des fonds de ces projets est utilisée à des fins personnelles.

- La qualité de la nourriture laisse souvent à désirer et menace la santé des citoyens. Le magasin ECF vendait des produits alimentaires avec des dates de péremption trafiquées : par exemple, la date de péremption d’un produit qui se périmait en 2003 est remplacée par une fausse date (2008). « Le danger pour les consommateurs est réel », reconnaît Daouda Traoré, directeur général du Laboratoire national de santé publique (LNSP). Les faits ont été constatés par le LNSP, la coordination nationale de la lutte contre la fraude, et la police de Ouaga 2000. 12 jours plus tard, le verdict tombe : le magasin ECF est élargi au bénéfice du doute.

- Devant le tribunal, il n’est pas sûr que vous recouvriez vos droits : Blaise Compaoré a lui-même reconnu que dans l’appareil judiciaire, la corruption existait bel et bien.

- Tous les jours, les camionneurs subissent le racket. Le transport surenchérit alors que le décret n° 2001-544 /PRES/PM/MTT du 10 octobre 2001 précise bien les postes de contrôle, supprimant les contrôles intermédiaires, à l’exception des contrôles inopinés justifiés par des situations exceptionnelles. Sachez que tous les jours, il y a au moins deux ou trois "situations exceptionnelles" entre Ouaga et Kaya, comme à beaucoup d’autres endroits d’ailleurs.

Nous constatons :

- le fléchissement de l’autorité de l’État : certaines personnes transgressent la loi dans l’impunité la plus totale ;

- l’absence de plus en plus prononcée de conscience professionnelle avec un manque de service gratuit dû ;

- le poids financier pour les utilisateurs des services gratuits de l’État. Tu paies déjà l’impôt mais tu dois y ajouter une somme d’argent pour un service en principe gratuit ;

- qu’à cause de l’absentéisme au travail, les citoyens doivent attendre des heures ou même des jours pour pouvoir s’adresser à qui de droit ;

- qu’à cause du favoritisme, ce n’est plus le meilleur candidat qui accède à un emploi, mais celui qui a des relations ; si vous ne connaissez personne qui vous aide, il est difficile de trouver du travail ;

- l’inexistence d’une culture du mérite : des fraudeurs arrivent à occuper de bonnes places ;

- que les rapports officiels des structures de contrôle n’ont souvent aucune suite, et que les détournements augmentent au préjudice du peuple.

- que certains n’arrivent même pas à inscrire leurs enfants dans certaines écoles ;

- que les cotisations des parents d’élèves disparaissent sans qu’on voie une amélioration de service pour les élèves ;

- les salaires sont bloqués car les revenus de l’État, comme ceux des Impôts et des Douanes, n’entrent pas. Tant pis pour les employés. Les fraudeurs s’enrichissent ;

- que dans la filière coton, il y a beaucoup de fraude au niveau des intrants, de la pesée, du transport, de la détermination de la qualité ; même les présidents de groupement en profitent : le simple producteur de coton ne reçoit pas convenablement l’argent qui lui est dû ;

- que l’insécurité se développe. Les policiers sont plus occupés à arrondir leur fin de mois qu’à protéger les citoyens ;

- que la corruption, la justice inéquitable et l’impunité annihilent tout développement ;

- que les chômeurs titulaires de diplômés sont de plus en plus nombreux ;

- que la jeunesse trouve la corruption de plus en plus normale : elle ne voit rien d’autre autour d’elle. Par exemple, l’impunité croît et, avec elle, le viol collectif, la fraude aux examens, la désinvolture de certains agents de la police, etc.

Faisons quelque chose pour notre patrie : employons et consommons les produits burkinabè.

- Bonne nouvelle : au Nigeria, le ministre de l’Education a été mis en prison parce qu’il a soudoyé des députés. La lutte contre la corruption est donc possible, même là où cette dernière est plus présente qu’au Burkina Faso.

F. BALEMANS B.P. 332 Koudou

Le Pays

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