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L’UNDD et les municipales du 23 avril : Tout est mauvais... même Hermann Yaméogo !

Publié le mardi 23 mai 2006 à 06h08min

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Avant l’installation officielle des conseils municipaux et régionaux, c’est le branle-bas de bilan dans les états-majors des partis politiques. Les uns se félicitent, les autres font grise mine, d’autres encore se taisent, médusés par la victoire très large du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) mais surtout par le constat "amer" de l’étroitesse de leur champ électoral.

Il faut dire que les querelles intestines durant la confection des listes de candidatures au sein du CDP avaient laissé croire à bien de partis de l’opposition que la zizanie s’y étant installée, ils pouvaient vendre la peau du parti majoritaire avant de l’avoir battu.

Le plus déçu des perdants est certainement l’UNDD de maître Hermann Yaméogo qui, après avoir boycotté la présidentielle de novembre 2005, pensait avoir trouvé dans ces municipales une occasion de démonstration de force. Ce fut une grande désillusion.

En effet l’UNDD, selon les résultats provisoires de la CENI, n’a obtenu que 200 conseillers sur 17 786 sièges possibles. Il s’est ainsi classé 9e loin derrière le CDP et pire, derrière des partis de création plus récente comme l’Union pour la République (UPR) ou encore le Rassemblement pour le développement du Burkina (RDB). Hermann Yaméogo qui se croit l’homme politique le plus populaire après Blaise Compaoré doit être personnellement dépité. Voilà qui explique l’assemblée générale de l’UNDD ce 13 mai. Le maître du "tékré" en avait gros sur le cœur tout comme ses derniers carrés de fidèles militants. Ensemble, ils ont posé un diagnostic pas du tout brillant de la démocratie burkinabè :

- Electeurs intimidables, influençables, manipulables donc immatures ;

- structure d’organisation des élections(la CENI) et ses démembrements "en état de collusion avec le pouvoir" ;

- Listes électorales mal informatisées ;

- Les chefs traditionnels et les membres des confessions religieuses déclarés corrompus et de s’immixer négativement dans le processus électoral.

Un dernier point et non des moindres, sûrement soulevé par la base du parti et avec insistance pour qu’il figure dans le compte rendu publié :

- Le président du parti n’est ni visible ni audible. Ses déclarations de presse et les réunions des instances du parti ne suffisent pas à mobiliser les électeurs.

Cette dernière accusation est la plus fondée de toutes. Hermann Yaméogo est un politicien de salon et des déclarations de presse. On aurait pu ajouter et de l’extérieur. N’est-ce pas que l’homme est un "expert" de la politique extérieure du Burkina plutôt que de sa politique intérieure ? Par exemple l’homme connaît "tout du dossier ivoirien" et rien du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté. En tout cas il n’en parle jamais ! En somme, dans le diagnostic de l’UNDD sur le processus démocratique au Burkina, tout est mauvais y compris l’attitude de Hermann Yaméogo.

On peut concéder à l’UNDD de bien connaître son président, mais on peut également lui reprocher d’avoir trop hâtivement peint dans l’aigreur de la défaite une démocratie burkinabè qui fonctionne plutôt bien que mal comparée à celle citée en exemple : le Togo. Qu’il y ait des failles du processus électoral qui méritent des corrections oui. De là à jeter le bébé avec l’eau du bain, il y a loin !

Djibril TOURE

L’Hebdo

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