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La peau de Simon Comaporé mise à prix !

Publié le jeudi 18 mai 2006 à 09h08min

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Simon Compaoré

Ça se chuchote dans les cercles les plus initiés de Ouagadougou. On voudrait bien que Simon Compaoré renonce à se présenter à la mairie. Mais personne pour l’instant n’ose le lui dire en face. Et pourtant ça se trame.

Un fait n’est pas passé inaperçu, pour ceux qui maîtrisent les mécanismes de fonctionnement du pouvoir politique dans le Kadiogo. Au dernier meeting CDP de Bilbalogo, pour les municipales qui viennent de se tenir, le sort de Simon aurait été scellé. A ce meeting, auquel il n’aurait pas pris part, la présence fort remarquée de François Compaoré qui s’était fait à l’occasion accompagné par deux ministres, Justin Koutaba et Jean Pierre Palm signifiait pour ceux qui savent lire dans les mœurs politiques de la capitale, que l’après élection était réglée. Ou à tout le moins, qu’il y avait des indications dans ce sens.

Ce meeting était organisé par un certain Christophe Ilboudo, que Simon Compaoré soupçonne fortement d’être un potentiel rival pour la mairie centrale. Quelques jours avant la tenue de ce meeting, Simon l’avait du reste convoqué, pour lui dire en des termes qui laissaient peu de place à l’équivoque, qu’il le soupçonne de lorgner son siège. Il lui avait, à l’occasion, expliqué ce qu’un pasteur de la place était venu lui révéler.

Cet homme de Dieu était venu souffler au maire qu’un certain Christophe Ilboudo lui avait demandé de prier pour lui pour qu’il puisse conquérir la mairie de Ouagadougou. Christophe aurait, dit-on, réfuté ces allégations en affirmant que lui était catholique et que de toute façon, il n’est pas naïf et il savait très bien qu’une semblable démarche auprès d’un pasteur serait rapporté au maire, qui est l’un des dignitaires de l’église protestante.

Ces dénégations n’auraient pas suffi à convaincre un Simon Compaoré, qui aurait dès lors entrepris d’œuvrer à ce que Christophe Ilboudo ne soit pas élu dans son secteur. Il aurait, dès lors, instrumenté des appels à voter pour des partis concurrents. Des appels dans ce sens auraient été proférés, par de jeunes CDP qui lui sont proches, sur les ondes d’une radio FM de Ouaga.

Ces faits auraient, dit-on, motivé la descente de François Compaoré, au dernier meeting de Christophe Ilboudo à Bilbalogo. Lui-même, comme à son habitude, n’a pas pris la parole. Mais les ministres qui l’ont accompagné ont prêté leur bouche pour exprimer ses directives. Il a été dit notamment à l’occasion qu’il n’est pas question, dans le secteur qu’une seule voix manque au CDP. La mise était ferme et sans équivoque. Bilbalogo est très important pour le CDP, il n’est pas question de voter pour la concurrence. La consigne a été reçue 5/5, c’est le moins que l’on puisse dire au regard des résultats du CDP dans le secteur.

Que va devenir Simon ?

A l’heure actuelle, les supputations vont bon train, mais certaines choses semblent déjà arrêtées. Il y a en premier lieu cette directive du parti qui ordonne de renouveler à fond les exécutifs locaux. C’est Salif Diallo, l’homme de la victoire du CDP, qui aurait inspiré cette décision qu’il justifie par le fait que si le CDP veut endiguer la montée de l’opposition, elle a intérêt à se donner beaucoup d’air, en renouvelant le personnel politique dans les instances importantes.

Le changement à la tête des communes donnerait ce sentiment de renouvellement. La directive est à peine sortie qu’elle suscite déjà des contre-attaques virulentes. Certains anciens rentiers ne cachent pas leur détermination à ne pas s’y conformer. Ils disent à qui veut les entendre qu’ils ne peuvent pas " avoir arrangé les lieux, pour les abandonner au premier quidam venu ". Jusqu’où sont-ils capables d’aller ?

C’est notre confrère L’Observateur Paalga, qui sait de quoi il parle, qui donne cet avertissement sans frais, pourrait-on dire, dans sa livraison du week-end dernier : " Ne sont-ils pas nombreux, en effet, qui préfèrent couler tout le bateau que de se noyer seul ? C’est en tout cas le pire qui guette ce parti refuge où nombre de gens entendent sonner la rébellion ".

Dans un deuxième temps au niveau de Ouagadougou, si Simon Compaoré devait passer, pour un troisième mandat, cela risque fort bien de " sonner la rébellion " dont parle notre confrère. Quoique, jusqu’à présent, la dissidence ait eu peu d’effet sur la vie du parti. Comme dit Salif Diallo, beaucoup oublient que c’est le parti qui les a faits.

Si la présence de François Compaoré au meeting de Christophe Ilboudo est lue comme un signe de la conduite à tenir pour la suite, on attendrait plus qu’un second signe " sans équivoque " pour déclencher les hostilités. Un de ses " samouraïs " du changement confie que " les gens attendent seulement que là haut, on dise : débrouillez-vous et puis nous allons faire le travail". Ce signe sans équivoque viendra-t-il ?

C’est fort possible, même si la nouvelle donne née du comportement inattendu du CDP à ces municipales va peser dans la balance. En effet, les " ABC ", qui sont l’instrument de contournement du CDP, se sont effondrés à l’occasion de ce scrutin. Ils n’ont pas pu déborder le CDP, comme l’espérait leur mentor et même dans la ville symbolique de Gourcy, où le beau-père de François Compaoré avait fait appeler ouvertement, par les " ABC " à voter l’ADF/RDA, le miracle ne s’est pas produit. Dans ces conditions, c’est un François Compaoré en baisse de forme qui aborde l’après municipales. Or, il est connu que les " Compaoré " n’aiment pas trop une posture semblable.

Affaibli par la contre performance de ses protégés, François Compaoré, qui reste malgré tout incontournable, est obligé de jouer sur du velours. Le mot d’ordre de " renouveler " devrait de toute façon lui convenir. Si l’arbre est émondé, il pourrait peser pour que le renouvellement ne se fasse pas sans les siens, quitte à appeler à la rescousse le stock d’élus de l’ADF/RDA. Et pourquoi pas, s’il y a nécessité de débaucher certains. Voilà pour l’analyse.

Pour ce qui est des avis officiels, vraisemblablement, Simon Compaoré ne devrait pas s’inquiéter pour son poste. Salif Diallo n’est pas allé par quatre chemins pour dire que " le CDP n’avait pas intérêt à voir Simon quitter la tête de la mairie de Ouagadougou ". Pour l’instant, insiste-t-il, " nous n’avons pas sécrété un camarade susceptible de remplacer Simon à la tête de la mairie ".

Avec un propos aussi tranché, on devrait considérer la messe comme dite. Surtout que Salif Diallo n’est pas connu pour faire dans la langue de bois. Mais nous sommes en politique et les réalités sont plus complexes.
Comme s’il était sûr de son fait, Simon Compaoré a déjà commencé à constituer ses équipes.

A ce qu’on dit, il souhaite rappeler Marin Ilboudo à ses côtés et confier la tête de l’arrondissement de Baskuy, à celui que l’on considère comme son rival putatif : Christophe Ilboudo. Il restera le cas de la Séraphine de Boulmiougou. Elle, c’est un véritable os. Elle veut rester et s’en donne les moyens.

Un bruit court actuellement qu’elle aurait proposé à trois personnes différentes, le poste de premier adjoint, si elle était reconduite. Mais ce n’est pas tout, il y aurait en l’air une affaire d’empoisonnement raté. Un des conseillers, que l’on dit être le principal concurrent de Solange Séraphine Ouédraogo aurait échappé, à une tentative d’empoisonnement. Qui est le commanditaire ?D’aucuns ont vite fait de pointer un doigt accusateur sur la bonne Séraphine. Dans tout ce ramdam poste électoral, la seule qui est sûre de retrouver son poste, c’est le maire de Bogodogo, Zenabou Drabo

L’Evénement

P.-S.

Lire aussi :
Municipales 2006

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