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Opposition : A la recherche d’une assise

Publié le jeudi 18 mai 2006 à 08h48min

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Quelques leaders de l’opposition

Depuis que notre pays s’est résolument engagé dans le processus démocratique en 1991, l’opposition burkinabé n’a cessé de « verser sa figure par terre ». Si elle ne s’investit pas maladroitement au boycott des scrutins, elle y participe sans vraiment convaincre les Burkinabé de ses capacités à assurer une quelconque alternance alternative dans ce pays. En clair, les élections se suivent et se ressemblent pour cette opposition.

Faute de bonne lecture des enjeux ou tout simplement parce que encline aux mauvais calculs politiciens, jamais elle n’a pu influencer d’une manière ou d’une autre les résultats d’un scrutin. Pour ces élections municipales qui consacraient la communalisation intégrale du territoire, notre opposition n’a pas dérogé à ses habitudes.

Hormis quelques partis qui ont su tirer leur épingle du jeu en misant au maximum dans des localités bien définies, la plupart des grosses pointures, les partis en tout cas traditionnellement en vue de cette opposition, se sont cassées la figure. Naturellement, beaucoup s’attendaient à un sursaut d’orgueil pour ces partis dont les mentors ont été copieusement « fouettés » à la présidentielle et qu’alors, à l’arrivée de ces municipales seraient présents en premières lignes par exemple le PDP/PS d’Ali LANKOUANDE, l’UNDD de Me. Hermann YAMEOGO, etc.

C’était sans compter avec les avatars qu’ils se sont eux-mêmes créés en n’étant pas régulièrement sur le terrain où ils devaient être et les multiples errements (maladresses politiques ?) de leurs mentors qui ne pouvaient que les desservir, éloignant d’eux des populations déboussolées. On a semblé oublier quelque part que le Burkinabè est un homme intègre qui abhorre l’inconséquence et le manquement à la parole donnée.

Au bout des courses, par le « transfert » de leurs voix à d’autres partis de l’opposition qui par leur « jeunesse » se présentent comme l’espoir, l’électorat acquis à cette opposition a consacré des partis comme le PDS de Arba DIALLO, l’UNIR/MS de Me. SANKARA, et la CPS, qui s’en sortent à bon compte certains d’entre eux ayant conquis des communes.

Pour montrer à quel point le paysage politique au sein de l’opposition est en train de changer, des partis comme l’UNDD, et le PDP/PS n’ont même pas pu s’imposer dans des zones traditionnellement acquises à leur cause. En effet, Me. Hermann YAMEOGO qui fait de Koudougou son fief a perdu la face devant le CDP de M. Hubert YAMEOGO. Que dire du PDP/PS qui a perdu dans le village de son ancien président, le professeur Joseph KI-ZERBO, mais aussi dans le Gulmu dont est natif son nouveau mentor ?

L’opposition un mauvais élève

Pouvait-il d’ailleurs en être autrement pour cette opposition qui de façon récurrente s’éloigne même des accessits ? Car, il faut le dire, l’écart d’avec le parti majoritaire sans compter même ses « accompagnants » est abyssal. En tout cas, cette opposition dans son organisation et ses actions ne permet pas ce doute : elle ne pouvait mieux faire, elle qui a de l’urticaire quand on lui demande d’imaginer autrement son existence. Cette myriade de partis dispersant efforts et moyens ne peut véritablement construire un avenir probant pour une opposition qui aspire à un changement.

A la présidentielle passée la propension de chacun des partis à tirer la couverture à soi a donné les résultats que l’on sait. La leçon que beaucoup prétendaient avoir apprise n’a pourtant pas été convenablement récitée puisqu’on est encore allé en rangs dispersés aux élections municipales. Ainsi donc, chacun est parti de son côté oubliant que la nature du scrutin commandait d’être pragmatique et stratégique avec des alliances.

C’est dire donc que les partis d’opposition n’avaient pas intérêt à se disperser en de multiples candidatures, encore moins à chercher à être présents partout. En faisant cela, ils diminuaient du même coup leur chance de remporter des sièges et pire, les voix glanées çà et là ne leurs sont pas profitables puisque n’étant pas comptabilisées au niveau national comme c’est le cas pour les législatives .

En définitive, les voix enregistrées par le FFS, le PAREN, l’UNDD, l’ESPOIR, le MPS/PF et autres ne serviront pratiquement à rien. Nulle part, ces partis ne pourront diriger un conseil communal ; leurs conseillers vont seulement s’occuper dans leur domaine de prédilection, l’agitation stérile pour empêcher la majorité de faire son travail. A ces municipales, comme à tant d’autres scrutins que notre pays a connus jusque-là, l’opposition a toujours manqué de flair et d’intelligence.

Son incapacité de taire ses divergences, les intérêts égoïstes de ses dirigeants, son refus de s’adapter à l’évolution de la situation, à proposer des solutions réalistes et réalisables aux préoccupations des populations ont fini par convaincre plus d’un Burkinabé des choix à faire. Et comme le dit l’adage, « la culotte d’aujourd’hui est préférable au pantalon que l’on propose pour demain » .Ce qui explique donc le plébiscite du CDP à tous les scrutins.

L’Opinion

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