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Municipales 2006 : Que faire des partis sans conseillers ?

Publié le jeudi 18 mai 2006 à 08h46min

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Quel sort doit-on réserver aux 22 partis politiques qui n’ont pas été capables d’avoir un seul conseiller sur les 274 500 km2 que constitue la superficie du territoire du Burkina Faso ? La question est d’importance et relance le débat sur la limitation des partis politiques. Le nombre élevé de partis politiques est-il signe de vitalité de notre démocratie ?

Elections de proximité par excellence, les municipales sont une occasion pour les formations politiques de « mesurer » leur assise sur le terrain. Le constat est cependant qu’une bonne vingtaine de partis qui ont osé se risquer à l’exercice n’ont pas d’assise. Alors, que dire de la demie centaine restante qui ne s’est pas manifestée ? Peut-être que ces partis ne sont que fictifs et mobilisent à peine une famille nucléaire !

Soyons sérieux. Un parti politique est à l’image d’une organisation de masses ; il doit avoir des militants et avoir une organisation administrative qui lui permettent eu égard aux ambitions qu’il s’est assigné, notamment la conquête du pouvoir d’Etat, d’être représenté partout sur le territoire national (à moins d’être un parti régional ou régionaliste, ce que proscrit du reste la loi fondamentale). Vu une telle réalité, on est en droit de se demander si certains de nos partis politiques méritent d’être ainsi "baptisés".

En réalité, nombre de personnes qui se sentent l’étoffe de leader politique et ne voulant pas être le porte-serviette d’autrui se "taillent" leur camisole : leur parti.

A l’épreuve, ce ne sont que de vulgaires agitateurs politiques, friands de déclarations dans la presse pour se donner l’illusion d’exister. Incapables d’aller vers les masses pour la conscientisation, ces "partis" sont "concentrés" à Ouagadougou et mènent la politique comme des étudiants, c’est-à-dire prenant appui sur l’agitation, les tracs et autres.

Dans les colonnes des journaux, ils sont les plus prolixes en écrits pompeusement désignés déclarations ou analyses politiques mais souvent fades, insipides car n’enseignant rien au laborieux peuple burkinabè. Sur le terrain, ces partis, il faut les chercher à la loupe, scalpel à la main tant il va falloir décaper des couches pour espérer les voir. Ils ne représentent simplement rien.

A la vérité, la liberté d’association et de regroupement consacrée par la Constitution est abusée voire prostituée pour des causes autres que la participation et l’animation de la vie politique pour le renforcement de la démocratie.
Il est temps que la réflexion soit sérieusement menée sur le nombre de partis politiques dans notre pays afin de trancher définitivement sur la question. On ne doit plus se baser sur la liberté d’association que confère la Constitution pour permettre à n’importe qui de créer un parti politique. Il y va de la crédibilité du jeu politique national et partant de notre jeune démocratie. Il faut dès maintenant voir comment assainir "la maison politique nationale".

On voit déjà certains taxer de telles vues d’antidémocratisme primaire mais la démocratie autorise-t-elle vraiment cette pagaille ? Il ne faut pas se tromper de chemin ; à vouloir forcer une démocratie à vau-l’eau, ne va-t-on pas droit vers l’anarchie ? C’est PROUDHON qui serait heureux d’avoir des partisans zélés.

Le foisonnement de partis s’il est permis par la démocratie, n’en est pas moins un danger pour l’expression et la pérennité. C’est pourquoi il est nécessaire de déblayer le microcosme politique national. Certains partis sont nuisibles à notre démocratie. Ils n’apportent rien mais plutôt empêchent les vrais partis de jouer pleinement leur rôle sur le terrain et profitent du budget de l’Etat, l’argent du contribuable pour rien.

Pour la campagne écoulée, des partis auraient pu avoir des sommes raisonnables si certains "partillons" n’étaient pas sur la liste. Si les partis qui sont conscients qu’ils ne représentent rien sur le terrain ne veulent pas se regrouper ou fusionner, il est temps d’imaginer des mécanismes pour les faire disparaître, légalement. Ce n’est pas le nombre de partis qui fait la démocratie et le Burkina n’a pas besoin de plusieurs projets de société pour se développer comme on le dit. Alors.

Par Ben Alex Béogo

L’Opinion

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