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<I>Droit dans les yeux </I> : Six dossiers accablants pour la IVe république

Publié le mardi 16 mai 2006 à 07h45min

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Les voies de l’espérance d’août 1998 et le Progrès continu pour une société d’espérance d’octobre 2005 du président Blaise Compaoré. La situation de la nation le 23 mars 2006 et la déclaration de la politique générale du 30 mars 2006 du Premier ministre Yonli.

Quatre documents qui sont le fondement de notre Burkina radieux, qui se ressemblent parfaitement, qui sont trompeurs car le Burkina vit dans la misère, excepté quelques individus qui représentent moins de 10% de la population. Ces quatre documents sont à bien des endroits faux et leur fausseté peut souvent être démontrée par des rapports officiels.

Il y a des choses positives au Burkina, même très positives : la paix, synonyme d’absence de la guerre, et pas de conflits armés à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Le progrès remarquable de notre situation hydraulique : eau potable, aménagement de bas-fonds, barrages et retenues d’eau. La place de la culture et du sport. La rémunération exagérée et les avantages anormaux des ministres et des députés, les constructions de prestige, surtout à Ouagadougou. La multiplication des banques, l’enrichissement fabuleux de certains individus, et j’en passe.

Je ne vais pas de nouveau énumérer tous les faits qui montrent que les quatre documents sont pleins d’erreurs. Je l’ai déjà fait tellement souvent : ça me fatigue et ça vous fatigue.

Dans les voies de l’espérance de 1998, le président a encore l’audace de parler de défauts : l’incroyable décalage qui existe entre la profession de foi de certains dirigeants et leur conception du pouvoir ; la gestion contestable, la rupture entre les couches sociales et les classes dirigeantes, la mainmise autoritaire sur les institutions étatiques ; les principaux acteurs du développement qui sont condamnés à la paupérisation et à la misère, etc.

Depuis 1998, ces analyses critiques ont disparu. Monsieur Yonli va plus loin : « Le phénomène de la corruption est loin d’avoir atteint le degré de gravité que certaines personnes voudraient laisser supposer ».

Je me répète, car monsieur Yonli ne semble pas encore se rendre compte de la gravité de ce fléau.

1) Le président du Faso, malgré ses promesses réitérées, n’accélère pas le procès de Norbert Zongo après plus de sept ans, bien qu’il soit président du Conseil supérieur de la magistrature, et bien que pratiquement tous les éléments soient connus.

2) Le Premier ministre empêche l’aboutissement des jugements sur la corruption, desquelles corruptions il a des documents qu’il tient au secret. Il a retenu durant trois ans le rapport de l’inspection générale d’Etat sur les détournements de fonds de la Croix-Rouge ; il semble avoir cédé sous la pression de la Banque mondiale.

3) Le Procureur du Faso a ordonné de laisser partir trois camions de cigarettes de contrefaçon alors qu’un juge avait ordonné la mise des marchandises saisies sous séquestre entre les mains du directeur général de la douane : juillet 2005.

4) Le juge Alimata Oui, après sa nomination très critiquée comme présidente du tribunal de grande instance, et très critiquée pour son jugement en première instance sur le scandale des fraudes au BEPC 2004 et pour l’affaire de SOSACO, a été décorée par le président en 2005 et a été nommée membre du Conseil constitutionnel en 2006.

5) Madame Béatrice Drabo, à l’origine de la plus grande fraude d’examens connue depuis le début du siècle, et punie de 10 mois de prison ferme, a été nommée membre du Conseil économique et social.

6) L’affaire de EGF, avec ses produits périmés, impropres à la consommation, a été expédiée en deux semaines, jugée innocente au bénéfice du doute.

Six cas qu’on peut multiplier par dix, cinquante, cent ou plus. Monsieur Yonli trouve tout cela pas si grave, et il s’agit ici des autorités et des instances les plus importantes de notre république. « Ned kam fâa kô a meng bum », disent les Mossis. Chacun se donne raison.

Monsieur Yonli dit que tout va très bien au Burkina Faso. Mais les travailleurs de Faso Fani attendent leur argent depuis plus de cinq ans. Ils ne sont pas les seuls ! Plus de 40% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Je ne me rappelle pas l’année, mais à un certain moment, la Hollande (là où je suis né) était le dixième pays le plus riche et le Burkina le dixième pays le plus pauvre de la planète. Après vingt ans de règne de Blaise Compaoré, le Burkina est le troisième pays le plus pauvre au monde.

Monsieur Mahama Sawadogo prédit que le Burkina continuera à avancer, mais restera encore longtemps à la troisième place : cela ne doit pas être un cauchemar pour le gouvernement. Ce monsieur est député, donc pas d’inquiétude pour lui. Il reçoit ses treize millions par an ; d’ailleurs en 2005, au moment de la famine, il a obtenu encore une augmentation qui semble approcher le million. Tant pis pour les millions de Burkinabè qui croupissent dans la misère.

Monsieur Yonli nous donne une nouvelle que je connaissais déjà : le président Blaise Compaoré se présentera pour la prochaine élection présidentielle, en 2010. Monsieur Yonli parle à plusieurs reprises, dans sa déclaration de politique générale, des ambitions pour l’année 2015.

Luttons pour le progrès : consommons et utilisons les produits burkinabè, même s’ils sont légèrement plus chers.

Bonne nouvelle : Les infrastructures routières ont progressé remarquablement sous le règne de Son Excellence Paramanga Ernest Yonli.

F.BALEMANS
B.P.332
Koudougou

Le Pays

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