Représentants du secteur privé, des chambres régionales d’agriculture, d’organisations paysannes et féminines, élus locaux, autorités coutumières et religieuses, ONG et associations de développement intervenant dans la région du Centre-Est, étaient en conclave les 10 et 11 mai 2006 à Tenkodogo, chef- lieu de la région. Environ la centaine, les participants ont diagnostiqué l’état de « santé » de leur « enfant commun » qu’est la région du Centre-Est.

Leur bilan, sans être négatif, fait ressortir que la région du Centre-Est malgré ses énormes potentialités, croupit toujours sous le poids de la pauvreté. Cette région frontalière avec le Togo et le Ghana, couvre une superficie de 14 722 km2 pour une population de 1,05 million d’habitants soit une densité moyenne de 71,5 habitants au km2. Dans les trois provinces que sont le Boulgou, le Kourittenga et le Koulpélogo, l’agriculture est de loin l’activité économique principale.

La région du Centre-Est, abrite l’une des plus grandes zones pastorales du pays qu’est la zone pastorale de la Nouaho. Elle regroupe également d’importantes retenues d’eau dont le barrage de Bagré, d’où le développement rapide de l’activité de la pêche. Les secteurs du transport et du commerce connaissent également un grand essor surtout autour de la ville de Pouytenga. De consultations de la région du Centre-Est, il ressort que l’éligibilité du Burkina au fonds du Millenium Challenge Account suscite beaucoup d’espoir au niveau de l’ensemble des acteurs.

De bonnes idées, qui dormaient depuis de longues années dans les tiroirs, pourront, peut-être grâce à ces fonds, connaître une concrétisation. C’est d’ailleurs pourquoi, l’atelier régional de Tenkodogo n’a pas été de tout repos. Les participants ont travaillé sans relâche pendant 48 heures pour faire ressortir les principaux obstacles à la croissance économique de la région. Outre les pesanteurs socioculturelles dont les femmes paient le plus lourd tribut, la région, en particulier le Kourittenga, subit en ce moment une très forte pression foncière avec pour conséquence la dégradation des ressources naturelles et l’insuffisance des terres cultivables. S’ajoutent à cela, la baisse de la fertilité des sols et l’inexistence de circuits commerciaux appropriés.

Ainsi la tomate et l’oignon dont la région est une grande productrice connaissent des difficultés d’écoulement sur le marché international. Au regard de ces différents obstacles à la réduction de la pauvreté dans le Centre-Est, les participants ont fait des propositions d’actions à prendre en compte. Il s’agit de créer des activités génératrices de revenus pour les femmes à travers la mise en place de savonnerie, de décortiqueuses...

Pour résoudre la problématique d’accès des femmes à la terre, Mme le préfet de Tenkodogo, Fatimata Abouga, propose l’aménagement d’un bas-fond pour elles. La construction d’un abattoir et d’une chambre froide dans la ville de Tenkodogo ainsi que la réception du nouveau marché de ladite ville constituent également une préoccupation majeure pour la population. Ces concertations devront se poursuivre dans les 12 autres régions du Burkina.

Elles visent à écouter et à prendre en compte la voix des sans-voix dans les confins les plus reculés ; une des conditions sine qua non, pour bénéficier du fonds américain dénommé Millenium Challenge Account (MCA) dont le pays vient d’être reconnu éligible par les autorités américaines. En effet, l’approche adoptée par le MCA se veut rigoureuse et axée sur un développement durable.

Ainsi, l’unité de coordination nationale mise en place à cet effet, devra à travers ces ateliers régionaux en cours, identifier avec les acteurs à la base, les principaux obstacles à la croissance et à la réduction de la pauvreté au plan régional et définir les domaines d’intervention et les activités potentielles éligibles au financement du MCA.

Fatouma Sophie OUATTARA

Sidwaya