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Blaise Compaoré au 6e Forum africain de Kigali sur la gouvernance

Publié le lundi 15 mai 2006 à 08h03min

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Blaise Compaoré et Paul Kagamé

Le président du Faso, Blaise Compaoré a pris part les 10 et 11 mai 2006 à Kigali au Rwanda au 6ème forum africain sur la bonne gouvernance et la démocratie placé sous le thème “ Mise en œuvre du mécanisme africain d’évaluation par les pairs : défis et opportunités ”.

Avec son homologue rwandais, Paul Kagamé, le chef de l’Etat burkinabè a coprésidé les travaux de cette rencontre qui a regroupé plus de 300 délégués venus des 25 pays ayant adhéré au Mécanisme africain d’évaluation par les pairs ( MAEP) et de 7 pays observateurs.

De nombreux participants présents dans la salle de conférence du somptueux Hôtel Intercontinental de Kigali n’en revenaient certainement pas. Deux chefs d’Etat africains qui transforment une cérémonie de clôture d’une rencontre internationale en une séance de débats où il n’y a pas de sujets tabous et où on ne prend pas de gants pour poser les questions. C’est l’exercice auquel se sont prêtés les présidents Blaise Compaoré et Paul Kagamé le 11 mai 2006 à Kigali à l’occasion du 6ème forum africain sur la bonne gouvernance et la démocratie.

Le président burkinabè donnera d’ailleurs le ton des discussions en lançant d’emblée : “Les dirigeants africains se sont convaincus que de leurs palais, ils n’avaient pas toute la capacité, ils n’avaient pas toute l’intelligence et toute l’énergie qu’il faut pour les transformations qualitatives au profit de nos sociétés.

C’est pour cela qu’ils se sont ouverts dans le cadre de certains mécanismes aux forces sociales et politiques qui travaillent à l’intérieur de leur pays, et aussi au-delà pour partager avec les autres pays comment gérer les questions de gouvernance non seulement dans leur propre pays mais également sur le continent”.

Et Paul Kagamé d’aller dans le même sens, “Nous avons des problèmes de développement et il faut reconnaître que cela est souvent dû à des problèmes de fonctionnement de nos institutions et mécanismes. La mise en œuvre de nos belles résolutions constitue souvent un problème. Dire de belles choses ne signifie pas forcément faire de belles choses. Le mécanisme d’évaluation par les pairs va nous permettre d’être plus crédibles et il faut que nous le fassions fonctionner”.

Initiative du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique), le mécanisme d’évaluation par les pairs doit permettre aux pays africains d’évaluer mutuellement et en toute transparence, leurs avancées en matière de bonne gouvernance et de développement. C’est un instrument d’autoévaluation dans tous les domaines de la vie politique et socioéconomique. Il ouvre ainsi la gestion des affaires publiques aux différents acteurs publics et privés de la scène politique et économique nationale tout en donnant un droit de regard à des acteurs étrangers. Ce qui n’était pas évident de par le passé comme l’a reconnu le ministre rwandais de l’Administration locale et de la Bonne gouvernance, Protais Musoni en déclarant que “ce n’est pas toujours facile d’accepter qu’un autre pays vienne contrôler vos mécanismes de gouvernance ”.

L’adhésion au MAEP demeure volontaire. Il faut rappeler que le NEPAD qui est à la base du MAEP a été lancé en juillet 2001, avec pour objectif d’attirer les investissements étrangers en contrepartie d’un engagement des Etats africains à une bonne gouvernance à la fois politique et économique. La gouvernance pouvant se résumer comme étant la manière par laquelle le pouvoir est exercé dans la gestion des ressources économiques et sociales d’un pays au service du développement. Il était apparu en effet que le progrès économique et la bonne gouvernance allaient de pair.

Pour le président Blaise Compaoré : “Le MAEP invite à engager un dialogue constant et constructif en vue du renforcement des capacités institutionnelles de nos Etats mais aussi de l’évaluation de nos performances nationales. Au centre de la gouvernance se trouve un défi d’imagination et d’innovation. Les sociétés africaines doivent faire preuve d’inventivité afin que la lisibilité, l’évaluation et l’appropriation déterminent constamment l’action publique aux fins de parvenir à gérer la vie collective et améliorer le bien-être des citoyens. Cette vision implique l’organisation du débat sur une démarche qui aille au-delà de la simple gestion en s’efforçant de stimuler l’intelligence collective et partagée pour des actions publiques génératrices de bien-être et de cohésion sociale. De par le passé, la mobilisation et la participation insuffisantes des populations africaines autour des programmes de développement ont souvent constitué des raisons majeures d’échecs des initiatives du continent dans sa quête du mieux-être”.

Le MAEP peut-il réussir sans liberté de presse dans les pays ?

Le président du Faso est sans équivoque sur la question : “Aujourd’hui, on ne peut pas imaginer la poursuite du développement, l’atteinte des objectifs du développement sans la liberté et la liberté suppose aussi la liberté de presse, la liberté pour les médias. Le MAEP ne peut s’inscrire utilement que dans un environnement de liberté. Nous sommes conscients du rôle déterminant des médias dans le processus de développement .Cependant, pour être utile à la société, pour aider à changer les comportements, il faut que les médias soient responsables et surtout professionnels. Et c’est surtout sur ce terrain que nous attendons une contribution utile et efficiente des médias d’Afrique. Nous devons nous aussi à travers le MAEP nous ouvrir aux médias pour leur permettre d’accompagner le processus”.

Et pour appuyer ses dires, le président Blaise Compaoré a révélé qu’il étudiait actuellement la possibilité de l’ouverture d’une école africaine de journalisme à Ouagadougou pour contribuer à une meilleure formation des hommes des médias.

Insistant sur ce rôle primordial de la presse dans la réussite du MAEP et de la bonne gouvernance en général dans les pays africains, le président rwandais a affirmé que : “Nous avons l’obligation de renforcer et de développer les médias”. Le 6ème forum africain sur la bonne gouvernance et la démocratie a été coorganisé par le panel d’Evaluation des pairs africains (EPA) et le Bureau régional du PNUD pour l’Afrique en collaboration avec la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique(CEA) et la Banque africaine de développement(BAD).

Le directeur régional pour l’Afrique du PNUD, Gilbert Houngbo, qui a été reçu en audience par le chef de l’Etat rappelle les objectifs de la rencontre de Kigali :“Le 6ème forum a été consacré spécifiquement au mécanisme d’évaluation par les pairs. Il fallait faire l’état des lieux, échanger les expériences, tirer des leçons entre les pays et voir comment accélérer le processus. Il fallait aussi voir comment renforcer les capacités institutionnelles des pays dans le cadre du MAEP mais aussi du développement de la bonne gouvernance en général. Les travaux du forum ont également porté sur une meilleure implication de la société civile et l’élaboration de plans d’action qui s’intègrent dans les stratégies nationales de développement”.

Le Burkina Faso dont l’expérience sur le mécanisme d’évaluation par les pairs a été appréciée à Kigali s’est montré disposé à accueillir le prochain sommet sur la gouvernance.

Hamado NANA,
envoyé spécial à Kigali


MAEP : où en est-on au Burkina ?

Le Burkina Faso qui a adhéré au Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) en mars 2003 s’illustre aujourd’hui par ses progrès dans le domaine. Il faut dire que le Burkina avait déjà un plan national de la bonne gouvernance bien avant le lancement du MAEP. Jean-Baptiste Natama, le secrétaire permanent du Conseil national du MAEP précise à ce sujet que dès septembre 2003, “le Burkina avait élaboré un second plan dans le but de servir de base à sa politique nationale en matière de gouvernance en conformité avec le MAEP”. Le président du Faso a rappelé à Kigali que dans son programme quinquennal de gouvernement 2005-2010, intitulé “Le progrès continu pour une société d’espérance”, la valorisation du capital humain et le raffermissement de la gouvernance occupaient une place prépondérante.

La création d’une structure nationale de coordination de la bonne gouvernance, présidée par le premier ministre, participe de cette dynamique. Du 11 au 13 avril 2005 le Burkina Faso a organisé en collaboration avec le PNUD, un atelier national sur le MAEP ayant accueilli des participants du Ghana et du Rwanda. En avril 2006 était adopté un plan d’action 2006-2008 de mise en œuvre de la politique nationale de bonne gouvernance.

Enfin, il a été créé un Conseil national du MAEP regroupant des représentants de l’exécutif, du pouvoir législatif (opposition et majorité), des organisations patronales et syndicales et de la société civile. Ceci pour offrir un cadre de concertation à l’ensemble des acteurs impliqués dans la mise en œuvre du mécanisme africain d’évaluation par les pairs.

H.N

Sidwaya

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