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France : Faillite et déchéance du système politique

Publié le jeudi 11 mai 2006 à 08h02min

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Les révélations qui se font jour dans l’affaire « Clearstream » mettent en cause, au-delà du président français et son premier ministre, tout le système politique français actuel et commandent une refondation totale de celui-ci.

Alors que l’on pensait que l’affaire Clearstream avait été « montée » par les deux têtes de l’exécutif français, Jacques Chirac et Dominique de Villepin pour écarter un rival gênant, Nicolas Sarkozy en l’occurrence, voilà qu’une révélation du « Canard Enchaîné » vient mettre à jour une autre facette de ce « coup de jarnac ».

L’Hebdomadaire satirique a en effet affirmé que le président Jacques Chirac disposerait d’un compte bancaire au Japon approvisionné à hauteur de 45 millions d’euros. On s’en doute, l’Elysée a démenti cette nouvelle mais ce énième rebondissement d’une affaire qui « sent mauvais » consacre la faillite du système politique français actuel dont la « vie » a été une succession de scandales politico-financiers depuis trois décennies, avec le silence coupable de l’administration judiciaire et l’impuissance des parlementaires censés donner un brin de moralité à la politique.

Il vous souviendra que le même Jacques Chirac, alors maire de Paris, avait été suspecté d’avoir monté une « arnaque » sur le parc immobilier de la ville, avec son adjoint Jean Tibéry. Laquelle arnaque avait rapporté 600 millions de francs « lourds » que le maire de Paris aurait généreusement partagé à toute la classe politique française. La vieille technique « d’arroser » tout le monde pour jouir de l’impunité en somme, et le fait que cette affaire soit pendante devant les juridictions françaises avec de fortes chances de déboucher sur un non-lieu donne quelque force à cette hypothèse.

Vrai ou faux, il n’en demeure pas moins que Chirac n’a, jusque-là, échappé à l’audition devant la justice, que grâce à son statut présidentiel qui lui confère l’immunité. Alain Juppé, son fils spirituel n’a pas eu la même chance, même si la main de la justice n’a pas été lourde à son encontre, donnant là aussi une forte impression de « connivence » entre pouvoirs politique et judiciaire. Quant au « maître d’œuvre » Jean Tibéry, il dispose de suffisamment de preuves pour faire « sauter » la République, ce qui lui vaut sa quiétude actuelle qui renforce ce sentiment d’impunité au niveau du bon peuple de France.

Pratiques « mafieuses » et incompétence

Ce d’autant que, dans une autre affaire, celle dite Elf, seuls les « seconds couteaux » ont été condamnés, les « gros poissons » ayant tous échappé aux mailles de la justice. André Tarallo, l’un des principaux mis en cause dans cette affaire, qui affirmait lui aussi disposer de preuves pour « faire sauter la République » s’est évanoui dans la nature, cependant que Loïc le Floch Prigent, ex-PDG d’Elf, beaucoup plus ‘« raisonnable » , quoique disposant lui aussi de preuves pour « brûler les ailes » des politiques, a écopé, d’une peine douce. A côté de ces grosses affaires, nous en avons eu d’autres, notamment celle de la ville de Lyon, qui a brisé les ailes du prometteur Michel Noir alors que Alain Carillon « goûtait » lui aussi à la prison.

A gauche, le tableau n’est guère réjouissant de l’affaire dite du sang contaminé mettant en cause Laurent Fabius à celle des honoraires « indus » de Dominique Strauss-Kahn, sans oublier le scandale Bernard Tapie dans lequel il est vrai, sport et politique se mêlent.

C’est dire si la classe politique française est gangrenée par les affaires, ce qui lui donne des allures de « causa nostra » . Et si cela est possible, c’est en raison du fait que le contrôle parlementaire est inopérant. Bâtie autour de la prépondérance de l’exécutif (le général De Gaule avait les pleins pouvoirs lors de la rédaction de la constitution), la Ve République française ne permet pas aux députés de jouer pleinement leur rôle de « censeur » du gouvernement. La majorité vote mécaniquement les projets de lois émanant du gouvernement et les motions de censure ont peu de chance de passer. Une pratique « moutonnière » qui a fait le lit de toutes ces affaires qui décrédibilisent durablement l’ensemble de la classe politique. Ce, d’autant que dans le même temps, elle n’a pas pu ou su répondre aux préoccupations matérielles du peuple, avec le chômage qui va crescendo et la récession économique qui frappe à la porte. Occupés à leurs « affaires », les politiques n’ont pas opéré à temps les réformes qui s’imposaient (celle de la sécurité sociale notamment) pour donner du « souffle » au budget et lui permettre de supporter la concurrence dans des secteurs prioritaires comme la recherche scientifique et spatiale. Les cerveaux se sont donc enfouis à « tombeau ouvert » en Amérique, où les conditions de leur épanouissement sont réunies. Et si Sarkozy parle de nos jours « d’immigration choisie » c’est bien sûr pour contenir le flot des « damnés » de la terre qui déferle sur l’Hexagone, mais aussi pour inciter les cerveaux noirs-africains à opter prioritairement pour la France. Il y a donc crise de régime en France, parce que l’éthique a déserté le champ politique, pour cause de collusion entre les trois pouvoirs mais aussi, parce que les politiques n’y sont plus inventifs. « Il faut secouer tout ça » comme disait le socialiste Arnaud Moutebourg et passer à une nouvelle République plus « clean » et plus efficace.

Pour l’heure, la France est descendue du wagon des superpuissances, pour rejoindre la troupe des puissances moyennes, avec en prime des politiques qui jouent aux guignols et aux « toutous-flingueurs ». On demande Jean Moulin.

Boubacar SY

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 11 mai 2006 à 10:44 En réponse à : > France : Faillite et déchéance du système politique

    Sarko est monté sur quoi pour paraître plus grand que Chirac sur la photo ?

    Question valable au propre comme au figuré !!!

    Thom

  • Le 11 mai 2006 à 20:57 En réponse à : > France : Faillite et déchéance du système politique

    J’apprecie votre critique du systeme politique francais. Vous faites en tout cas une critique sans complaisance. Cela ne me parait pas etre le fort de Sidwaya et j’aimerais bien avoir votre regard sur le systeme politique au Burkina : le parlement Burkinabe joue-t-il un role de censeur au Burkina, quand on a l’impression que ces deputes se preocuppent plus de leurs indemnites et de leur ventre ? Quel est le taux de chomage au Burkina ? Le gouvernment s’en preoccupe-t-il outre mesure quand Mme la presidente de l’universite a le courage d’affirmer que son role c’est de fabriquer des diplomes ? La confusion entre pouvoirs legislatif, executif et judiciare est-il plus prononcee en France qu’au Burkina, quand les uns "grillent" les autres, font assassiner sans etre inquietes le moins du monde....et veulent qu’on leur pardonne sans verite ni justice ? Et la corruption, imagine-t-on un homme politique du rang de Jupe traduit en justice au Burkina ...? Imaginez-vous Chirac a-t-il tripatouiller la constitution francaise ?
    Ceci dit, votre analyse sur le systeme francais reste pertinent et je vous serai tellement reconnaissant si vous usiez aussi de cette pertinence dans l’analyse et de cette liberte de ton quand il s’agit de parler du gouvernement Burkinabe. La qualite de votre article me confirme que les articles de bas niveau et la langue de bois qu’on trouve sans cesse a Sidwaya et autres media refletent plus la mauvaise foi et la perversite des journalistes qu’une incapacite d’analyse. En attendant, felicitations a vous !

    • Le 14 mai 2006 à 20:27 En réponse à : > France : Faillite et déchéance du système politique

      Je suis d’avis avec votre analyse sur l’honnêtété et l’objectivité de la critique de Sidwaya du système politique français et paradoxalement sa complaisance si ce n’est son mutisme ou la langue de bois quant il s’agit de celui du Burkina. Comme on dit, la vérité est bonne à dire quant il s’agit d’autrui. Il est à noter qu’aucun homme politique français n’a de pouvoir de nuisance sur aucun journaliste burkinabé. Donc ceci explique cela

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