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Côte d’Ivoire : L’Assemblée encore sur les eaux tumultueuses

Publié le lundi 8 mai 2006 à 09h09min

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L’Assemblée nationale ivoirienne est encore à la une de l’actualité internationale, ces derniers jours. A la base de cette soudaine mise sur orbite, les derniers bouleversements envisagés par son président, Mamadou Koulibaly.

Depuis le 16 décembre, échéance constitutionnelle de la 1ere législature de la IIe République de Côte d’Ivoire, l’Assemblée nationale ivoirienne, sous la houlette de son président Mamadou Koulibaly, ne finit pas de surprendre par les mutations et autres revirements spectaculaires dont elle seule a le secret. Naissance et disparition de groupes parlementaires, changement de casquettes politiques, création de partis vassaux alimentent la chronique d’un parlement en quête de légitimité, d’identité et de repère.

Déclarée constitutionnellement « morte » par le Groupe de travail international (GTI), dont la décision a été endossée par la résolution 1633 du Conseil de sécurité de l’ONU, l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, composée de 223 députés dont 11 sont passées entre temps au gouvernement et 9 décédés, fut « ressuscitée » contre vents et marées. Depuis, l’institution est installée dans une crise chronique, tiraillée entre partisans et adversaires de la prorogation du mandat des députés.

Pour ainsi dire, le pouvoir législatif ivoirien vogue sur des eaux tumultueuses. Aujourd’hui plus qu’hier, la situation sent mauvais sur les bords de la lagune Ebrié. En effet, le président Koulibaly, devant la déchéance irréversible de son institution dont la mort dans un contexte aussi incertain serait synonyme de sa déchéance personnelle, entend colmater les brèches à travers une série de mesures.

En plus des réaménagements envisagés au niveau des présidences et vice-présidences des commissions parlementaires, de la première session ordinaire de l’année 2006, convoquée sans ordre du jour précis, il vient de décider de la suspension des émoluments de certains députés dont le comportement est jugé digne d’un boycott. Si les précédentes mesures initiées par le président Koulibaly sont passées comme des lettres à la poste, il faut dire que cette dernière connaît une fortune toute autre.

En effet, dès son annonce, elle n’a pas manqué de soulever le courroux des députés concernés qui n’entendent pas se laisser sceller à ce triste sort. jugeant que la législature est arrivée à échéance, ni la constitution dont il est le défenseur enragé, ni la résolution 1633 qu’il brocarde à l’occasion, n’autorisent M. Koulibaly a légiférer. Pour eux, sa comédie parlementaire n’a que trop duré et devrait prendre fin à présent. Sa décision est donc, dans leur entendement, nulle et non avenue et ne peut aucunement avoir un effet sur leurs émoluments qu’ils entendent posséder par l’entremise de la primature qui est seule habilitée à décider en la matière, estiment-ils.

Le moins qu’on puissent dire, c’est que ce regain de tension au sein de l’Assemblée ivoirienne est surtout lié au « nerf de la guerre ». En choisissant de jouer sur ce registre, Mamadou Koulibaly croyait trouver la bonne formule pour lutter contre l’absentéisme chronique des députés qui veulent « saborder » son institution.

Cependant, la tournure que semblent prendre les événements, laisse présager des lendemains chauds tant les enjeux sont de taille pour les uns et les autres. Cela met au grand jour, une fois de plus, le niveau de pourrissement de la situation et la communauté internationale est interpellée à plus d’un titre.

En tout état de cause, la question de l’Assemblée nationale semble devenir une arête dans la gorge de cette communauté internationale, elle qui a péché par sa complaisance lorsqu’il fallait décider du sort de cette Assemblée le 16 décembre dernier. L’on se rappelle encore que le GTI, après avoir déclaré que le mandat des députés n’a pas à être prorogé, est revenu sur ses pas pour se dédire, affirmant n’avoir jamais décidé de la dissolution de l’Assemblée nationale. Quant aux députés, qui sont aujourd’hui lésés par la décision du président Coulibaly, ils ne devraient s’en prendre qu’à eux-mêmes.

Eux aussi ont péché par compromission en participant dans leurs groupes parlementaires respectifs, à la démarche qui a permis au Conseil constitutionnel de déclarer conforme à la constitution, la prorogation du mandat des députés au-delà du 15 décembre 2005.

Nul doute qu’il serait souhaitable que les uns et les autres reviennent à de meilleurs sentiments afin que le sursaut bienveillant amorcé depuis l’arrivée du Premier ministre Banny puisse se poursuivre et conduire le navire ivoirien au port de la réconciliation et de la paix ultime.

Ladji BAMA (bamayacou@yahoo.fr),
(Stagiaire)

Sidwaya

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