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Gouvernance locale à Ouagadougou : Quel regard du citoyen de la commune ?

Publié le samedi 6 mai 2006 à 09h40min

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Dans le cadre de son programme d’activités, le CGD a commandité une étude sur la gouvernance locale à Ouagadougou. Une restitution des résultats de cette étude a eu lieu le 19 avril dernier à Splendid hôtel de Ouagadougou.

Avant que le Burkina ne connaisse pratiquement la communalisation intégrale, il est important de capitaliser les acquis des 10 années de gouvernance locale et d’en dégager les forces et les faiblesses. Une démarche qui a pour résultat d’orienter les actions des futurs maires durant les cinq ans à venir.

Spécialiste de cette démarche, le CGD a publié les résultats de son étude intitulée "La gouvernance locale à Ouagadougou. Regards des citoyens de la commune". Pour ce faire, le CGD a choisi la méthode des quotas avec des critères de répartition par sexes, tranche d’âge et catégorie socioprofessionnelle issues du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPA) de 1996.

1200 personnes dont 660 hommes et 540 femmes on été interrogées sur les actions de la municipalité dans la cité dans divers secteurs de développement. Les rapports élus locaux et citoyens ont été également quantifiés et qualifiés. Des pistes de solutionnement de certaines faiblesses de gestion communale ont été proposées par cette étude.

De l’image des conseils municipaux

82,2 % des enquêtés ont exprimé leur fierté à l’égard du Conseil municipal. Ce sentiment de fierté s’explique par les résultats positifs des services municipaux que les autorités municipales ont eu à mettre en place.

Ces services bénéficient ainsi d’une confiance élevée exprimée par 84,7 % des personnes enquêtées.

Cependant la police municipale est un service qui a requis un taux de 24,2 % de citoyens qui y sont méfiants par rapport à 15,4 % des interrogées qui ont le même sentiment vis-à-vis de l’ensemble des services municipaux. Ces chiffres s’expliquent par le fait que ce sont les analphabètes qui demeurent méfiants à l’égard de la police municipale.

De la participation du citoyen

L’étude a décelé trois axes d’intervention du citoyen dans la gouvernance locale. Il s’agit de la participation à des rencontres organisées par les autorités locales, de la formulation de pétitions ou de demandes d’assistance aux autorités locales et le vote aux élections locales.

Du premier axe, l’enquête révèle que seuls 22,4 % des enquêtés déclarent avoir participé en 2005 aux rencontres et concertations initiées par la commune. Une analyse a permis d’expliquer cette faible participation des citoyens due en partie à une population très jeune (18-24 ans) qui s’intéressent moins à l’action de la commune.

De la sollicitation d’une assistance auprès de la mairie, l’étude révèle qu’au cours des 12 derniers mois, 68,4 % des enquêtées n’ont jamais jugé nécessaire de soumettre une doléance ou une quelconque assistance auprès des services municipaux. Le manque d’informations, le scepticisme sur la capacité responsive de ces services ; la crainte d’un refus ou d’être rabroué, la volonté de trouver des solutions aux problèmes individuels ou communautaires peuvent bien expliquer cet état de fait.

De la participation aux élections locales, l’étude révèle que peu de Burkinabè participent au vote. En 1995, le taux de participation aux élections locales était de 69,6 % et 67,42 % en 2000. Une faible participation (relative) aux élections locales qui s’explique par le fait que les élections municipales témoignent de l’attachement du citoyen à sa communauté. A savoir que bien de personnes préfèrent voter dans leur localité d’origine au lieu de le faire à Ouagadougou.

Des trois axes, les raisons qui expliquent une faible participation des citoyens à la gestion des affaires locales sont entre autres : l’analphabétisme ; l’ignorance des textes par les conseillers municipaux et les populations ; le manque d’information et de publicité ; l’absence de sensibilisation et le découragement, dus à l’exigence d’une participation passive du public en qualité d’observateur. Pour éviter cette situation à l’avenir, 92,5 % des enquêtés approuvent le renforcement de capacités des élus locaux et des leaders de la société civile ; la sensibilisation de la population (par les conseillers, la société civile et les partis politiques) pour un changement de comportement ; l’institution d’un droit à la prise de parole de la population aux séances municipales pour recueillir son avis et d’encourager la mobilisation à travers les médias.

Dans l’ensemble, s’il ressort de l’étude que les citoyens sont satisfaits des prestations de services de la municipalité, il n’en demeure pas moins qu’ils désapprouvent la manière d’effectuer les infrastructures sanitaires, les voies de communication, l’attribution de parcelles, la lenteur administrative dans le traitement des dossiers, l’absence de micro-crédits à octroyer aux associations dans les secteurs et la dépendance financière étroite des mairies d’arrondissement envers la commune de Ouagadougou. C’est la raison pour 44,3 % des personnes enquêtées en 2002 de mieux appréhender la capacité responsive du gouvernement central face à bien de problèmes. Une appréhension qui s’améliore de plus en plus pour les collectivités locales.

Cependant, les mairies ne disposent pas assez de ressources. Et l’appel à plus de civisme fiscal recueille l’assentiment de 69,8 % des enquêtés. Un état de fait qui explique l’inexistence d’une consultation préalable à la base pour prendre en compte les préoccupations réelles des populations.

Ce qui fait que 56,6 % de personnes enquêtées pensent qu’il y a corruption dans les mairies.

Au regard des résultats de cette étude, des acquis, certes, ont été réalisés, mais des efforts restent à fournir pour consolider la gouvernance locale. Il s’agit de :

- promouvoir la participation active des populations locales à la gestion des affaires locales ;

- améliorer l’accueil dans les municipalités et la qualité des prestations qui y sont offertes ;

- éradiquer la corruption et améliorer la gestion des ressources locales.

Et pour cela, les nouvelles autorités locales doivent s’y mettre avec plus de rigueur.

Abou OUATTARA

Sidwaya

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