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Municipales : Carton rouge à l’UNDD

Publié le vendredi 5 mai 2006 à 07h57min

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Après la raclée mémorable à elle administrée lors des dernières élections municipales, l’Union nationale pour la défense ( ?) de la démocratie (UNDD) de maître Hermann YAMEOGO s’est fendue d’une déclaration demandant « la reprise du processus démocratique » qui la marginalise définitivement, tant il est acquis que les adeptes de la panthère sont désormais sur une autre planète.

Après avoir dénoncé les « nombreuses fraudes et intimidations » et « les graves périls qui menacent la communalisation intégrale » dont entre autres « la fraude, la corruption et la violence électorale » (sic) l’UNDD demande rien moins que « la reprise du processus démocratique ». Car note-t-elle tout cela s’est déroulé avec « la collusion parfaite de la CENI et de ses démembrements » et avec la « participation active des chefs traditionnels ».

A décrypter ces propos, on se rend compte, nonobstant le discours devenu rituel d’une formation politique dont le leader poursuit sa descente aux enfers après son option stratégico-financière erronée dans la crise ivoirienne, que le président du parti reste constant sur une position familiale d’une part, et ne fait que décrire les tares de l’opposition dans son ensemble et de l’UNDD en particulier d’autre part.

Sur le premier point, on est mémoratif que le président Maurice YAMEOGO avait pris les chefs coutumiers en grippe depuis la tentative avortée de feu le Mogho-Naaba Kougri d’instaurer une monarchie constitutionnelle en Haute-Volta. Après avoir donc frôlé la chute en 1958 « M. Maurice » avait, une fois l’indépendance acquise, réduit les gardiens de nos valeurs traditionnelles à leur plus simple expression.

Mieux, il avait destitué certains d’entre eux qu’il trouvait trop « téméraires », ce qui avait amené les autres à se tenir en réserve de cette nouvelle République prête à les ridiculiser pour un oui ou pour un non. Il se murmure que M. Maurice YAMEOGO caressait le secret espoir d’imiter le « syli » guinéen SéKou TOURE qui avait purement et simplement aboli la chefferie coutumière en Guinée.

Sa chute précipitée l’aura empêché de mettre à exécution un projet qui n’était pas loin d’être suicidaire et pour lui-même et pour l’ensemble de la société burkinabè. Il faut croire que son fils a en mémoire cette haine du père vis-à-vis de ces « cheffaillons » et qu’il cultive, sa sortie intempestive contre lesdits chefs étant autrement sans fondement.

Il est, en effet, de notoriété publique que les chefs coutumiers contemporains ne sont plus ceux de la période 1940-1950 qui faisaient et défaisaient les « rois » modernes. La plupart des populations ont les yeux « ouverts » et ne sont plus prêtes à jouer au « bétail » électoral. Affirmer le contraire serait ramer à contre-courant de l’histoire et pire, cultiver ce complexe de supériorité vis-à-vis des ruraux.

A l’instar de tous ces intellectuels petits-bourgeois coupés des réalités des masses rurales et cultivant une fausse compassion vis-à-vis d’elles (alors qu’elles ont besoin de concret), Hermann se croit investi d’un rôle « messianique » qui est de les « libérer ». On comprend pourquoi il se ramasse des casquettes à chaque consultation électorale, les ruraux préférant accorder leurs suffrages à ceux qui parlent peu mais agissent beaucoup laissons-le donc sur sa « planète idéale » où il cultive chimères et illusions.

A cette tare originelle vient se greffer toutes les autres (absence de plate-forme programmatique, absence de militants...) avec au bout la faiblesse structurelle de l’opposition composée pour l’essentiel de rêveurs du même acabit. Et le discrédit jeté sur la CENI vient traduire, si besoin en était encore, cette faiblesse structurelle. Car faut-il le rappeler, la Commission électorale nationale indépendante a une composition tripartite (majorité, opposition, société civile) qui l’empêche d’être partie prenante d’éventuelles magouilles.

Si chacune de ces composantes joue effectivement son rôle, l’on ne voit pas comment on peut « utiliser » la CENI pour tricher, les partis politiques étant au début et à la fin du processus. C’est vrai que certains d’entre eux n’ont pas assez de militants pour remplir une cabine téléphonique mais l’on ne saurait imputer ce nanisme au parti au pouvoir. Les querelles de leadership et les positionnements alimentaires expliquent cette dispersion de nos opposants qui se fait ressentir cruellement à chaque scrutin.

Plutôt que de pondre des déclarations incendiaires dans la presse, il importerait de se mettre au travail pour surmonter cette maladie infantile et prétendre jouer dans la cour des grands. On notera enfin qu’Hermann YAMEOGO invoque la "haine viscérale » (sic) que lui voue Blaise COMPAORE pour expliquer son échec, cette « haine viscérale » ayant été employée comme argument de campagne.

On croit rêver, car, dans son prétendu fief de Koudougou et pendant qu’il « djafoulait », l’usine Faso-Fani a été relancée avec la naissance de Fasotex.

Si ceux qui aident Hermann n’avaient plus droit de cité, cette usine n’aurait jamais vu le jour. Voilà qui confirme que le chef de l’UNDD vit réellement dans une bulle spéculative, définitivement coupé des réalités du peuple. Le réveil si réveil, il y a, n’en sera que plus douloureux.

Par Alpha YAYA

L’Opinion

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