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Municipales 2006 : Des « titans » en chute libre

Publié le vendredi 5 mai 2006 à 08h06min

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Les municipales d’avril 2006 avaient été annoncées comme devant être très disputées en raison de la résolution des différents partis en lice et des dissensions qui se faisaient jour au sein du parti majoritaire le CDP. A l’arrivée, l’ordre de grandeur et de préséance aura été respecté et les prétendus titans ont été renvoyés à leurs chères études.

L’analyse du microcosme politique à quelques encablures du scrutin municipal 2006 faisait dire à d’aucuns que le parti majoritaire, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) trouverait cette fois-ci à qui parler.

Raison principale de cette assertion, les querelles intestines qui minaient le parti, avec comme point d’orgue, les villes de Bobo-Dioulasso, Gourcy, Ouahigouya et Yako où des grosses pointures avaient tourné casaque pour rallier d’autres partis avec armes et bagages. Autre motif d’inquiétude pour le CDP, le fait que certains anciens camarades avaient décidé de concourir cette fois sous leur propre bannière et sous le « couvert » du président du Faso, Blaise COMPAORE, dont le nom n’était pas loin de constituer un véritable thème de campagne.

Last but not the least, l’appétit glouton que certains leaders de l’opposition dopés par leur score à la présidentielle s’était découvert toute chose qui les amenait à cultiver un optimisme à toute épreuve.

Au rang de ces nouveaux « gourous » Laurent BADO, Philippe OUEDRAOGO et Bénéwendé SANKARA lequel même s’il s’en défendait ne rêvait pas moins d’un score honorable à même de le conforter dans sa position de chef de file autoproclamé de l’opposition. Dans un autre registre, Norbert TIENDREBEOGO du FFS et Emile PARE du MPS/PF rêvaient de revanche, convaincus que cette élection de proximité rallierait les électeurs à leurs personnes. Un beau monde résolu et confiant donc face au CDP, lequel affirmait par la voix de son numéro deux, Salif DIALLO qu’il n’y avait pas de quoi se fouler la rate, face à une opposition « faible structurellement » et qui a toujours fait preuve de « manque d’imagination ».

Nous allons « prouver » l’assise nationale du parti à l’occasion de ces municipales, affirmait le superviseur régional de la campagne du CDP au Nord, une zone à fortes turbulences comme indiqué plus haut. Le décor ainsi planté, le combat des titans pouvait s’engager et les analystes se pourléchaient les « babines » dans la perspective de résultats appelés à entraîner une recomposition du paysage politique. A l’arrivée, on sait ce qu’il advint, l’éléphant annoncé étant arrivé avec « trois pieds cassés », cependant que tous les autres à l’exception de quelques « durs à cuire » n’ont tout simplement pas vu le jour.

La Berezina a même amené certains comme Bénéwendé SANKARA à affirmer que le scrutin avait pour eux « une valeur pédagogique » alors qu’il plastronnait pendant la campagne. On est mémoratif qu’il avait souhaité faire de son parti, le « premier » dans la région du Centre, fustigeant au passage tous ceux qui avaient « peur de l’œuf » (Symbole du parti). Face à l’amère réalité, il est vite revenu sur terre et a fait amende honorable, ce qui est à son avantage. On n’en dira pas autant de tous ceux qui ont crié à la fraude massive, le sommet du ridicule étant franchi en la matière par l’UNDD (lire par ailleurs).

En fait de fraude on aura noté que le discours politique était inadapté, ceux qui n’ont pas utilisé Blaise COMPAORE comme argument de campagne (dans le bon comme dans le mauvais sens) n’ayant rien proposé aux électeurs dans le sens de leur développement. Voilà qui fait ressortir l’absence de plate-forme programmatique de bon nombre de nos partis politiques, plus enclins à remplir les colonnes des journaux de déclarations incendiaires « consommées » par à peine 2% de la population. A contrario, le CDP qui était adossé sur le programme quinquennal de son candidat Blaise COMPAORE et sur les acquis antérieurs engagés par ce dernier, ne pouvait que ratisser large « sans frauder » comme l’a indiqué Salif DIALLO.

Absence d’alternative crédible, faiblesse structurelle, la défaite des « titans » ou des tigres en papier était connue d’avance. Le folklore de la fraude et de l’achat des consciences vient juste nous rappeler que l’opposition a du chemin à parcourir pour conquérir un jour le pouvoir d’Etat ou une parcelle de celui-ci.

Par Alpha YAYA

L’Opinion

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