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Peine de mort : Est-ce vraiment la bonne thérapie ?

Publié le vendredi 5 mai 2006 à 07h44min

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Il s’appelait Joseph Lewis Clark. Son dernier soupir, il l’a rendu le mardi dernier dans une prison de l’Ohio, condamné à mort par injection létale. Cet ancien braqueur, arrêté puis condamné en 1984, n’entre pas dans l’histoire pour ses hauts faits, mais plutôt par la longue agonie consécutive à son exécution.

Plus d’une heure et demie pour le faire passer de vie à trépas. L’opération a dû être reprise à la demande du condamné qui a signalé que l’injection intraveineuse ne passait pas. Une première. Quarante minutes plus tard, il rendait l’âme.

C’est déjà la 14e exécution aux Etats-Unis en 2006. 36 des 37 Etats américains ont recours à l’injection létale jugée cruelle. Cette pratique, chez certains, heurte les sensibilités et même la foi. Dans ce cas précis, les Américains violent allègrement le huitième amendement de leur Constitution qui interdit tout châtiment cruel et exceptionnel. Exécuter un homme comme un animal n’est -il pas un crime légalisé contre l’humanité ?

Zacarias Moussaoui, lui, l’a échappé belle avec une condamnation à perpétuité à l’issue du procès sur son implication dans les attentats du 11 septembre 2001. Même si le Franco-Marocain a lui-même souhaité la peine de mort, lui qui voulait passer pour un "martyr". Toute sa vie, il méditera sur son acte. Le sort n’a pas été le même pour Joseph Lewis Clark ni pour Stanley "Tookie" Williams. Ce Noir américain, fondateur d’un gang de Los Angeles, a été exécuté en décembre 2005.

Malgré la mobilisation de l’opinion, et le cri du coeur d’un prisonnier devenu un militant fervent de la non-violence et qui a toujours clamé son innocence, la sentence a été prononcée. La procédure judiciaire est allée à son terme. Le gouverneur de l’Etat de Californie, Arnold Schwarzenegger, a refusé de le gracier. On ne peut que déplorer, dans ce cas précis, un tel gâchis.

Dura lex, sed lex, dit-on. Mais le contenu de la loi ne devrait-il pas avoir un visage plus humain ? En l’espèce, la suppression de la peine de mort permettrait de rattraper certaines erreurs judiciaires.

Trop marqués par une criminalité galopante, les Etats-Unis s’accrochent à la peine de mort comme moyen de dissuasion alors que son efficacité reste à démontrer depuis son rétablissement en 1976. Les associations de défense des droits de l’Homme mènent une campagne permanente contre cette peine extrême, au nom du principe qui veut que la prison soit un lieu de rédemption, qui permette à ceux qui ont fauté de redevenir "Homme" et de leur donner une chance de se réinsérer dans la société.

C’est ainsi qu’au nom du droit à l’intégrité physique et à la vie, certains pays ont expurgé de leur Constitution cette peine. D’autres comme le Burkina l’ont conservée mais ne l’appliquent pas. Plutôt la vie que la mort. Aux Etats-Unis, dans le fond, le vrai problème ne se trouve-t -il pas dans les rues, dans les ghettos où la misère pousse au banditisme et à la drogue ingurgitée par des minorités abandonnées à elles-mêmes sans perspectives de réinsertion sociale ?

La loi du talion voudrait que celui qui a tué le soit également. Mais au 21e siècle, doit-on encore tolérer de tels postulats ? Chaise électrique, chambre à gaz, pendaison ou encore injection létale ne sont pas sans rappeler une certaine forme d’euthanasie. La différence ici, c’est que l’acte d’abréger la vie est une sanction de la société. Dans tous les cas, l’Amérique en particulier et l’Humanité en général devraient revoir la façon dont elles appréhendent la justice.

L’injustice a toujours engendré des actes barbares et terroristes, à la hauteur des récriminations et ressentiments accumulés. Aussi l’Amérique devrait-elle réfléchir sur la situation des parias, des forcenés, des déchets sociaux créés par une société trop individualiste et égoïste, jugée trop libérale.

Le Pays

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