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Paramanga Ernest Yonli : “Notre coopération avec Taïwan ne relève d’aucun marchandage”

Publié le vendredi 5 mai 2006 à 08h35min

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Paramanga Ernest Yonli

A l’issue de sa visite d’amitié et de travail à Taïpei du 26 au 30 avril 2006, le Premier ministre, Paramanga Ernest Yonli apprécie l’état de la coopération entre la république de Chine (Taïwan) et le Burkina Faso. Il revient sur les principales articulations de la VIe session de la Commission mixte entre les gouvernements des deux pays.

Sidwaya (S.) : Quel bilan dressez-vous de la coopération entre le Burkina Faso et la république de Chine (Taïwan) ?

Paramanga Ernest Yonli (P.E.Y.) : La coopération avec la république de Chine (Taïwan) et le Burkina Faso se porte très bien. Cela est visible à travers la profondeur et le contenu des programmes. La nature et la qualité des projets confirment la sincèrité des relations entre les deux pays. Les domaines de coopération portent sur des axes prioritaires pour le développement économique de notre pays.

Au plan politique (relations internationales notamment), le Burkina Faso contribue de façon significative à ce que la république de Chine (Taïwan) réintègre la communauté internationale. Ces aspects sont très importants pour notre coopération. Ils tiennent à cœur les autorités des deux pays. A chaque occasion, celles-ci démontrent leur caractère sérieux. Notre satisfaction est donc unanime au terme de la VIe session de notre coopération mixte. L’on peut distinguer deux dimensions dans les travaux.

La première dimension porte sur l’évaluation des actions du programme antérieur. Elle a permis de voir la façon dont les projets de ce programme ont été exécutés. Parce qu’une chose est d’avoir des domaines de coopération bilatérale, une autre chose est d’être capable de les exécuter en toute satisfaction des deux parties. C’est le lieu de rendre un hommage à l’ensemble des acteurs qui ont contribué à l’atteinte de ces résultats aussi bien sur le terrain, c’est-à-dire les populations bénéficiaires, que dans les deux administrations publiques. Les retombées sont à la hauteur de nos attentes.

La deuxième dimension de la session était d’élaborer le nouveau programme biennal (2006-2008). Nous nous sommes accordés sur des projets essentiels correspondant aux priorités dégagées par la partie burkinabè. Il fallait donc négocier pour que la partie taïwanaise les accepte. Côté burkinabè, on se rejouit du fait que la plupart des domaines de coopération notamment l’agriculture, la valorisation de l’expertise nationale et la valorisation du capital humain ont suscité un intérêt certain chez nos partenaires taïwanais.

Le développement rural, l’éducation et la santé bénéficieront d’une attention particulière. Le secteur de soutien de production comme les technologies de l’information et de la communication a également trouvé une oreille attentive auprès de la partie taïwanaise. Le programme de coopération élaboré par cette VIe session s’inscrit dans les objectifs de développement du gouvernement burkinabè.

S. : Au vu des résultats engrangés dans l’exécution des projets dans notre pays, qu’est-ce que la république Chine (Taïwan) reçoit concrètement du Burkina Faso en contrepartie ?

P.E. Y. : On ne peut pas parler de contrepartie. La coopération entre les deux pays ne relève d’aucun marchandage. Dans les projets retenus, il y a une contrepartie burkinabè en termes financiers et de ressources humaines. La république de Chine (Taïwan) octroie un certain montant du financement et notre pays complète le reste. Ce sont des apports en terme de contribution à l’exécution des infrastructures. On ne peut pas injecter de l’argent, sans un minimum de préalable.

La grande contribution de la partie burkinabè se situe au niveau de la disponibilité en ressources humaines et leur capacité à exécuter les différents projets et programmes. Nos amis taïwanais sont satisfaits des Burkinabè, capables de conduire à bon terme les différents projets. L’autre contrepartie est la contribution financière. Le Burkina Faso s’est toujours acquitté de sa part pour la réalisation des projets initiés par la coopération.

En terme de contrepartie politique, la voix du Burkina Faso compte de plus en plus sur la scène internationale. Grâce à nos prises de position et une vision de notre pays, bien animées par le président du Faso, Blaise Compaoré, notre pays reclame sans cesse l’admission de Taïwan au sein des instances internationales (ONU, OMS).

Cet engagement politique est significatif car il demande à la communauté internationale de travailler à animer une solidarité entre toutes les nations du monde. Pour ce faire, tous les pays doivent participer à la prise des décisions qui concernent l’avenir de l’humanité.

A ce niveau, le Burkina Faso ne manque pas de saisir toutes les occasions et les tribunes appropriées pour réitérer la nécessité d’accepter au sein de la communauté internationale, un Etat comme celui de la république de Chine (Taïwan) qui a engrangé beaucoup de résultats économiques et politiques en 50 ans. Ce pays peut apporter une contribution significative à la marche de l’humanité.

S. : La « fracture numérique » et le chômage restent une réalité au Burkina Faso. Qu’envisagez-vous avec les autorités taïwanaises pour les reduire ?

Aujourd’hui, Taïwan est une véritable puissance dans les domaines des technologies de l’information. Notre visite à l’institut de l’industrie de l’information n’est pas un fait du hasard. Nous sommes venus à une très bonne source. Cet institut a déjà amorcé un début de coopération avec le Burkina Faso. Ces responsables ont bien voulu intégrer la vision du Burkina Faso dans leur programme de construction de l’infrastructure de base au plan des technologies de l’information. Ce volet est pris en compte dans la perspective d’une coopération approfondie.

D’ores et déjà, des pistes de solutions sont proposées à l’interface de la stratégie burkinabè en matière de développement technologique de l’information. Deux missions ont été effectuées avant cette visite. Il m’a été confirmé qu’une troisième mission plus importante portant sur la facilité et l’exécution des projets communs va bientôt séjourner au Burkina Faso. D’ailleurs la création d’un ministère spécifique aux nouvelles technologies de l’information et de la communication illustre cette volonté de reduire la fracture numérique.

Parmi les organismes visités, il y a aussi le centre de formation professionnelles et de redéploiement. C’est quelque chose d’important. Surtout que nous venons de restructurer l’agence nationale pour la promotion de l’emploi (ANPE) pour lui donner de nouvelles attributions adaptées à la situation actuelle de l’économie du Burkina. Dans le centre de Taipei, les formations portent sur les activités qui intéressent la société et l’économie taïwanaises. Ce sont des réponses aux mutations de la société taïwanaise. Comme notre pays a une économie libérale, il est important d’avoir des réponses appropriées à nos difficultés.

Nous allons nous inspirer de l’exemple taïwanais et établir des passerelles de coopération avec les centres de formation pour pouvoir travailler non seulement à la formation de la jeunesse mais également pour trouver des réponses à l’ensemble des problèmes du chômage posés par les restructurations d’entreprises ou des échecs de certains jeunes entrepreneurs qui n’ont pas pu avoir la chance de réussir dans leur projet.

Outre les deux aspects susictés, les visites ont aussi permis de toucher du doigt ce qui peut constituer d’autres sources d’inspiration pour le Burkina Faso. Le parc national Taroko par exemple est une fierté nationale en république de Chine. Ce centre donne bien matière à réflexion sur le sens que l’on donne aux activités de conservation de la nature. Pour faire en sorte que l’homme ne soit pas un destructeur de l’environnement. Parce que l’environnement, c’est l’homme lui-même. Parcourant toutes les richesses du parc, on se rend compte que la nature est un mystère.

Des sites potentiels qui regorgent d’autant de biodiversités peuvent faire l’objet d’aménagement au Burkina Faso pour intéresser les générations d’aujourd’hui. Mais aussi garder à la postérité, un pan de la façon dont les hommes ont pu transformer la nature en la respectant et la conservant pour le reste de l’humanité et surtout pour les générations à venir.

Interview réalisée à Taipei par Jolivet Emmaüs (joliv_et@yahoo.fr)

Sidwaya

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