Le premier regroupe les dispositions de promotion de l’immigration choisie. Si ces dispositions étaient adoptées, elles donneraient lieu à des bouleversements notables.

L’obtention d’un visa de long séjour sera désormais indispensable pour la délivrance d’une carte de séjour temporaire. Les migrants, admis pour la première fois en France et souhaitant s’y installer durablement, devront signer un contrat d’accueil et d’intégration : l’étranger recevra une formation civique et linguistique.

Une carte de séjour "Compétences et talents" de 3 ans sera instaurée pour faciliter l’accueil en France d’étrangers dont la personnalité et le projet constituent des atouts pour le développement et le rayonnement de la France. Le projet de loi intègre en outre des directives européennes simplifiant le régime du séjour des Européens dans l’Hexagone.

Pour les opposants à cette loi Sarkozy, elle n’est pas la bienvenue, car elle serait facteur d’exclusion et de fragilisation pour les migrants et leurs familles. En Afrique, même si aucune réaction officielle n’a encore été enregistrée à ce jour, du côté des pays francophones, rares sont ceux qui voient d’un bon oeil l’initiative du président de l’UMP. Cela se comprend dans une certaine mesure, étant donné les liens historiques qui lient le continent à la France, et l’apport économique des émigrés pour leur pays d’origine.

Mais, faut -il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain ? Le projet du ministre français de l’Intérieur, loin de constituer uniquement un obstacle, et d’être un poison, pourrait être une chance pour les Africains, si les dirigeants politiques du continent le prennent dans le bon sens.

Le salut des Africains n’étant pas forcément ailleurs, il appartient aux Etats de prendre leurs responsabilités par des actions de développement d’engergure, qui permettent de freiner leurs départs massifs vers l’Occident sans réelles perspectives d’intégration et d’épanouissement. La crise économique ne sévit pas qu’au Sud, elle est mondiale. Dans ce contexte, doit-on attendre d’un pays, fût-il une ancienne puissance colonisatrice, qu’il ouvre ses frontières à tout le monde ?

C’est un socialiste bon teint, Michel Rocard, qui avait affirmé que la France ne pouvait plus accueillir toutes les misères du monde. Elle a, elle aussi, ses problèmes qu’elle n’a pas fini de résoudre. Elle est confrontée aux mêmes difficultés, que les autres Etats occidentaux (USA, Espagne, Angleterre, Italie, etc.) qui ont tous, ces dernières années, édicté des règles restricitives pour endiguer, sinon contrôler le phénomène migratoire.

Il y a longtemps que la France a commencé à durcir ses rapports vis-à-vis des immigrés qui viennent aggraver ses difficultés sociales. La loi Sarkozy ne tombe donc pas du ciel. En même temps qu’elle tente de traiter un mal à la racine, elle officialise des pratiques déjà en cours.

C’est pourquoi, au lieu d’y voir un drame, les Etats africains devraient plutôt sortir de leur logique d’anciens colonisés et de leur mentalité d’assistés, en saisissant l’opportunité de cette loi pour s’attaquer à bras-le-corps aux questions de développement interne.

Si les 40 ans de développement assisté n’ont pas donné les résultats escomptés, le tort revient, en grande partie, aux Etats africains qui n’ont pas su judicieusement gérer l’aide de l’Occident destinée au développement socio-économique du continent. Il est donc temps d’expérimenter une forme de développement endogène non basé essentiellement sur la manne extérieure.

Mais, encore faut-il un réel courage politique. De toute façon, il serait insensé de croire que la France renoncera à sa décision de durcir sa position. Indépendamment de ses aspects socio-économiques, la nouvelle loi actuellement en discussion répond à des préoccupations électoralistes.

Sarkozy, potentiel candidat à la présidentielle de 2007 ne pouvait que lorgner l’électorat de Jean-Marie Le Pen du Front national, celui qui a, en 2002 mis Chirac en difficulté au premier tour.

Le Pays