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Tchad-Banque mondiale : Une bouffée de pétrodollars pour N’Djamena

Publié le jeudi 4 mai 2006 à 06h36min

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La Banque mondiale va débloquer les revenus pétroliers tchadiens. Elle exige en retour que cet argent frais, ainsi que 70 % des pétrodollars, soient réservés aux secteurs de « l’éducation, de la santé, de l’agriculture, de l’électricité, de l’eau, des infrastructures et de la lutte contre le sida ».

La Banque mondiale va reprendre ses décaissements en faveur de N’Djamena, à charge pour le Trésor public tchadien de dégager une ligne budgétaire pour financer les dépenses sécuritaires. En attendant la signature d’un « accord global », la BM promet de débourser, chaque mois et à partir du prochain trimestre, « un tiers des sommes totales en dépôt » à Londres, où le consortium américano-malaisien qui opère au Tchad verse les royalties.

Le geste de la Banque mondiale est intervenu au lendemain de la mission de médiation, menée par le sous-secrétaire d’Etat américain adjoint aux Affaires africaines, Donald Yamamoto, à N’Djamena : le président Idriss Deby menaçait de fermer les robinets du pétrole exploité par un consortium américano-malaisien (Exxon-Mobil, Chevron-Texaco et Petronas).

Les finances de N’Djamena étaient en effet au plus bas, conséquence du gel des financements de la BM, depuis que le gouvernement tchadien a rompu le contrat de transparence pétrolière et de bonne gouvernance qui liait le Tchad à l’organisme multilatéral : en décembre dernier, N’Djamena avait fait sauter la clause qui lui imposait de « réserver » 10 % des subsides pétroliers, en les versant à un Fonds pour les générations futures.

En mesure de rétorsion, la BM avait aussitôt fait bloquer une centaine de millions de pétrodollars, en transit sur un compte londonien de la Citybank, et avait gelé quelque 124 millions de dollars de crédits en attente de versement.

La BM invoque le fardeau des déplacés et des réfugiés

Pour expliquer son revirement, la Banque mondiale invoque le fardeau des populations déplacées, de nouvelles cohortes ayant été provoquées par la dernière offensive rebelle, dans la région de Goz Beïda notamment où ses représentants viennent d’effectuer une tournée. Elle insiste aussi sur les nouvelles arrivées de réfugiés en provenance du Darfour soudanais, 200 000 personnes au moins déjà, et deux ou trois cents de plus chaque jour. Le 15 avril dernier, le président tchadien menaçait de les expulser s’il n’obtenait pas gain de cause auprès de la BM.

L’accord « temporaire » prévoit que le Tchad adopte un budget 2006 qui « spécifie que 70% des revenus pétroliers seront utilisés pour des programmes prioritaires de lutte contre la pauvreté ». Il précise que « les dépenses consacrées à la sécurité sont exclues de ces sommes et seront financées sur les revenus généraux du Trésor public tchadien ». En dehors des recettes fiscales, les 30% de pétrodollars restants devraient donc pouvoir aller dans les caisses de l’Etat.

Monique MAS (MFI)

Le Pays

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