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Cinéma africain : Complexité et délicatesse d’un héritage

Publié le samedi 29 avril 2006 à 09h06min

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Retransmis par la presse, un petit communiqué a néanmoins mis le monde du cinéma en ébullition ces derniers temps. Il s’agit du retrait à une association parrainée par un cinéaste, des salles de cinéma qui auparavant étaient gérées par une SONACIB (Société nationale de cinéma du Burkina) elle-même moribonde.

Avec ce retrait s’en est allé l’espoir de voir le cinéma national galvanisé sous un souffle nouveau et, pour un pays qui depuis des décennies abrite le prestigieux Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou (FESPACO) c’est une période d’incertitudes et d’anxiété dont on aimerait bien hâter l’issue.

A l’image du jeu de marelle où pour progresser, il faut réussir un parcours sans faute qui ramène au point de départ permettant de choisir une case supérieure, certains événements semblent ne trouver leur raison d’être que dans un perpétuel recommencement.

L’histoire du cinéma burkinabè de ses origines à nos jours est un exemple de progression par révolution (comprise dans le sens de faire un mouvement autour de ; une rotation...) et à l’heure où il faut faire des choix vitaux pour orienter la dynamique nationale pour les périodes à venir, il est nécessaire de garder en mémoire les acquis qui sont nôtres et le devoir impérieux de gérer au mieux ce patrimoine. En effet, lorsque la Haute-Volta obtint son indépendance, la totalité des salles de cinéma du pays appartenait à des expatriés qui en tiraient de fort substantiels profits.

Quelques années après, toutes ces mêmes salles furent nationalisées et leur gestion confiée à une structure conçue à cet effet : la SONAVOCI (Société nationale voltaïque de cinéma). Cette dernière (devenue entre temps la SONACIB), qui accompagnera le cinéma national avec plus ou moins de bonheur, montrera à son tour des signes de "fatigue" auxquels les autorités tenteront de remédier en transférant les prérogatives de la SONACIB à une association dirigée par des professionnels du cinéma et dont on pouvait attendre beaucoup de leur expérience, leur savoir-faire et leur connaissance du milieu.

Ouagadougou, capitale du cinéma africain... à ne pas oublier

Malheureusement, quelques années après sa mise en œuvre, cette expérience s’est montrée très peu concluante obligeant de nouveau les autorités à arrêter son exécution. Ainsi donc, de la gestion par des privés expatriés à la gestion par des structures contrôlées par l’Etat, on est retombé à la gestion par des privés professionnels du cinéma qui eux aussi ont montré leurs limites et la boucle est bouclée.

La case départ est bien là de nouveau et il faut savoir à présent où diriger ses pas afin de rester dans le lit des événements car bien évidemment il est hors de question que les choses restent en l’état. L’amour du pays, le devoir de mémoire exigent que tous les Burkinabè se souviennent que Ouagadougou est la capitale du cinéma africain et que l’organisation de cette grand’ messe bisannuelle est toujours le rêve secret de maintes capitales de la sous-région.

Cette impasse apparente dans laquelle semble se trouver le cinéma burkinabè doit être un espace de passion et de défis qui galvanise plus qu’il n’ankylose les énergies. Il ne faut s’attarder à faire le procès de personne ; toute tâche comporte sa part de difficulté et ce n’est la faute à personne si l’administration du patrimoine cinématographique tel qu’il a été légué, se révèle plus complexe et plus délicate qu’elle n’en a l’air. A présent, il faut aller de l’avant ; le prochain FESPACO est à moins d’une année et comme d’habitude, il faut qu’il soit un grand événement.

Nul ne devrait se douter que la capitale du cinéma a mal à son cinéma car ce mal ne peut être que passager. Hors toutes considérations, nous sommes d’abord burkinabè et en cette qualité, condamnés à la solidarité, condamnés à la victoire, condamnés au sacrifice. Autant le crépuscule qui tombe annonce la nuit qui s’installe, autant la nuit qui s’installe annonce l’aurore d’un jour nouveau.

Luc NANA

L’Hebdo

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Vos commentaires

  • Le 30 avril 2006 à 22:47 En réponse à : > Cinéma africain : Complexité et délicatesse d’un héritage

    Le Fespaco rapporte peut-etre plus a l’economie Burkinabe que ne l’aurait fait une production petroliere, controlee par l’Etat. Norbert Zongo, qu’il repose en paix, l’avait demontre apres de serieuses investigations. Si donc le cinema Burkinabe a mal et que les autorites ne font pas l’impossible pour le sauver et le dynamiser en s’appuyant sur le prive, on peut bien se demander quelles sont les preoccupations reelles de ceux qui nous gouvernent au plus haut niveau : ce qui est sur c’est qu’a la moindre faille, d’autres capitales africaines seront heureux d’acceuillir le festival du Cinema Africain. Le Burkina n’a pas de petrole mais il peut compter sur ses idees, la qualite de ses hommes, si d’aventure cela venait aussi a manquer au sommet, nous sommes plus qu’a plaindre.

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