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Service allemand de développement (DED) au Burkina : promouvoir le développement à la base

Publié le samedi 29 avril 2006 à 09h10min

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Suzanne Gentges

Depuis 1975 le service allemand de développement s’investit auprès des populations rurales du Burkina pour améliorer les conditions de vie et de travail des populations. L’année 2006, marque alors le trentième anniversaire d’un partenariat pour le développement à la base.

Trente ans d’engagement qui a connu bien de réalisations socio-économiques et diverses formations au profit des Burkinabè. Aujourd’hui les efforts fournis sont productifs et les nouvelles perspectives qui se manifestent laissent présager la consolidation du partenariat entre l’Allemagne et le Burkina.

La vision de développement du DED a une approche participative.

En effet, le DED ne se contente pas de faire des financements ou de se substituer à la population pour planifier les projets de développement. D’ailleurs son statut ne le lui permet pas car il n’est pas un bailleurs de fonds mais plutôt une organisation qui envoie du personnel qualifié pour travailler avec les populations rurales.

Ainsi le Burkina est l’un des premiers pays où le DED est devenu actif.

Il est plus engagé dans les secteurs prioritaires du développement tels : la lutte contre la pauvreté, la promotion de la société civile et la démocratie, le développement rural, le développement des infrastructures sanitaires et leur maintenance, la lutte contre le VIH/Sida, l’enseignement et la formation professionnelle, l’agriculture et la gestion des ressources forestières et l’appui aux initiatives et organisation de base.

Le DED : évolution et perspectives au Burkina

Le partenariat entre le Burkina Faso et le DED a connu une évolution tant du point de vue structuration, que dans les domaines d’intérêts communs. A l’origine en 1976, le DED s’est introduit à Gaoua avec l’appellation de "volontaire". De nos jours, le siège est à Ouagadougou et on parle d’assistants techniques.

Pour la petite histoire, Inga Nagel est arrivée pour la première fois en Haute-Volta (actuel Burkina Faso) à l’âge de 25 ans. Elle assistera le chef du projet GTZ dans la gestion de l’hôpital et dans le cadre du développement d’un programme de soins de santé de base pour la région du Sud-Ouest. A l’époque, la seule liaison entre Gaoua et Ouagadougou en route était difficile. Gaoua était également dépourvu d’eau courante, d’électricité et diverses infrastructures de base pour l’épanouissement de la population.

Malgré cette situation, la jeune Allemande n’a pas désespéré et se félicitait du courage des habitants de Gaoua. Revenue en 2003 et cette fois basée à Ouagadougou, Inga Nagel poursuit son œuvre d’assistante technique au DED dans le programme santé sexuelle/VIH/Sida, droits humains, lutte contre le trafic et les pires formes de travail des enfants.

Toutefois elle loue le gigantesque travail effectué à Gaoua et les progrès réalisés dans ladite localité.

Les œuvres du DED ont entraîné dans bien de domaines des progrès notables : on peut citer l’artisanat burkinabè qui a connu pendant plusieurs années une assistance technique dans la promotion des produits et la formation régulière des journalistes à travers le Réseau informel des journalistes dont le DED a facilité sa mise en place, son fonctionnement et le financement de ses activités de formation en journalisme de base, en informatique et en internet etc.

L’évaluation des trente ans d’investissement du DED au Burkina est immense.

La directrice du DED, Mme Suzanne Gentges, à l’occasion de cet anniversaire a rappelé que l’assistance du DED se renforcera davantage au Burkina car selon elle la volonté des Burkinabè de surmonter les entraves du développement est manifeste.

Le ministre de l’Economie et du Développement M. Seydou Bouda a, au nom des autorités politiques burkinabè, salué le soutien sans relâche du DED à promouvoir le développement à la base.

Théodore ZOUNGRANA


Le DED en bref

Le Service allemand de développement (DED) est une organisation d’envoi de personnel qualifié du ministère de la Coopération économique et du Développement (BMZ) de la République fédérale d’Allemagne, qui trouve son origine dans la proclamation de la décennie de "L’aide au développement" par l’ONU. Le DED est une société à responsabilité limitée reconnue d’utilité publique dont le siège se trouve à Bonn. Les deux partenaires dans la création du DED sont le BMZ et l’Association "Apprendre et aider en outremer".

L’engagement du DED est mondial et est caractérisé par le partenariat à la base. Depuis sa création en 1963, le DED contribue à l’amélioration des conditions de vie des populations des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine par la mise à disposition de professionnels qualifiés.

Par ailleurs, le DED offre à ses hommes et à ses femmes une opportunité unique d’acquérir de nouvelles expériences personnelles ainsi que professionnelles dans leurs pays d’accueil respectifs.

Le DED est financé par le budget fédéral. Près de mille assistants et assistantes techniques travaillent actuellement dans une quarantaine de pays pour soutenir un objectif principal commun à tous :

- soutenir la mise en œuvre d’un développement axé sur l’autodétermination des peuples et leur responsabilisation dans ce processus.

Le début de l’intervention du DED au Burkina Faso date de 1975, date de la signature de la convention bilatérale de coopération entre la RFA et le gouvernement du Burkina.

T.Z


Mme Annette Coly de la coopération allemande

Annette Coly

"La raison de notre concentration à l’Est et au Sud-Ouest du Burkina Faso est d’être plus efficace, visible, performant"

Madame Annette Coly est la nouvelle conseillère au développement de l’ambassade d’Allemagne au Burkina. A l’occasion de la célébration du trentième anniversaire du Service allemande de développement (Ded), nous l’avons rencontrée dans les locaux dudit service pour en savoir plus sur le concept allemand de la coopération au développement. Très décontractée, la conseillère Annette Coly défend la conception politique du développement de l’Allemagne, apprécie les progrès du Burkina dans les valeurs chères à l’Allemagne qui sont la démocratie, la paix etc. Et surtout l’intérêt de concentrer les efforts de leur coopération dans les régions Est et Sud-Ouest du Burkina Faso.

Hebdomadaire du Burkina (H.B) : Que peut-on entendre par coopération au développement ? Et concrètement comment cela va se traduire entre l’Allemagne et le Burkina Faso ?

Mme Annette Coly (A.C.) : Le gouvernement allemand entend par coopération au développement la création des conditions favorables à un développement équitable et durable pour tout le monde. C’est-à-dire qu’il faudra créer les conditions politiques, économiques, écologiques pour que tout le monde soit bénéficiaire aujourd’hui comme dans le futur des efforts déployés pour l’épanouissement des citoyens.

Ceci se fait sur des principes très bien définis qui sont la promotion de la paix, le respect des droits de l’Homme ; le principe de la bonne gouvernance démocratique ; la participation notamment des femmes au processus politique ; une sécurité juridique et un Etat de droit. La lutte contre la corruption et l’ordre économique compatible avec les mécanismes du marché. En plus une politique sociale efficace et une décentralisation des politiques administratives et financière sont incluses dans ce que nous entendons par coopération au développement.

Le Burkina est-il sur les bons rails dans ces principes que vous venez d’énumérer ?

Oui ! Nous soutenons le Burkina dans des pôles prioritaires d’intervention bien définis qui mènent à réaliser ces principes que je viens de citer. C’est pour cela qu’on a défini ensemble trois pôles de coopération prioritaire qui sont : l’agriculture, la gestion durable des ressources naturelles, la décentralisation, le développement communal et avec cela un appui à la démocratie. Il y a aussi le secteur eau potable et assainissement. En plus l’Allemagne soutient le Burkina dans les thèmes transversaux qui sont l’amélioration des conditions de la femme dans la société, en assistance-conseil dans la mise en œuvre de la stratégie burkinabè de lutte contre la pauvreté, le VIH/Sida, les mutilations génitales féminines, le trafic des enfants et la pire forme de travail des enfants...

Le Service allemand de développement (Ded) a trente ans de lutte dans divers domaines de développement au Burkina. Quel regard critique portez-vous sur son engagement ?

Le Ded est l’une des autres agences d’exécution de la coopération allemande qui sont : GTZ, la KFW, Invent, et le Ded. Le Ded a le grand avantage d’être plus proche des populations. Souvent il a un appui très direct avec les organisations de la société civile. Ce qui le rend encore plus visible pour beaucoup de nos partenaires burkinabè.

Que peut-on attendre de plus de cette assistance du Ded les années à venir ?

Ce qu’on peut attendre c’est certainement une continuation dans les pôles définis en commun accord. Ce qui est possible et cela vient d’être souligné par Mme la directrice du Ded, (Ndlr, Suzanne Gentges) est qu’il y aura progressivement une augmentation de l’effectif des techniciens et des conseillers. Voir aussi comment organiser avec les autres agents d’exécution qui sont sur place et la répartition des tâches.

L’une des discussions qu’on mène actuellement est qui fait quoi au sein de la communauté allemande.

Est-ce qu’il y a un besoin après la déclaration de Paris qui nous demande de s’aligner, d’être plus efficaces et plus coordonnés ? Est-ce qu’on a besoin de se réorganiser, recibler ce qu’on fait en coordination avec les autres bailleurs de fonds et surtout avec le Burkina Faso qui a aussi signé la déclaration de Paris ?

La coopération allemande donne une priorité aux régions de l’Est et du Sud-Ouest. Quels sont vos grands chantiers à réaliser dans ces zones ?

Ce que j’aimerais vous dire est que tous les trois pôles prioritaires que nous avons arrêtés nous les exécutions dans ces deux régions : c’est-à-dire dans l’agriculture, la décentralisation. En ce qui concerne la décentralisation nous apportons un conseil au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Mais nous sommes plus dans ces régions avec nos activités concrètes.

Par exemple dans l’agriculture et la gestion durable des ressources naturelles nous sommes très actifs dans le Sud-Ouest. Nous travaillons également à la réhabilitation des terres dégradées par une agriculture intensive. Surtout en ce qui concerne le coton, nous essayons de voir comment faire cette filière plus rentable mais aussi plus soutenable sur le plan écologique. Pour nous, il est important d’avoir des structures décentralisées, des administrations performantes et déconcentrées avec lesquelles nous pouvons collaborer sur place.

Parce que souvent c’est ça un grand défi de ne peut-être pas trouver des capacités qu’il faudra pour bien stimuler le travail du côté burkinabè.

Vous travaillez avec les organisations locales ou vous vous appuyez exclusivement sur vos propres structures ?

Nous travaillons avec nos structures mais nous collaboration aussi avec les différentes organisations et associations locales. Parce que ce n’est pas un programme allemand mais un programme burkinabè. Donc il faudra qu’on responsabilise ceux qui profitent et ceux qui à la fin doivent continuer à l’enracinement des œuvres réalisées. Parce que la coopération allemande ne s’investira pas pendant cinquante ans ou cent ans dans le même domaine. C’est la partie burkinabè à un certain moment qui prendra la relève.

Quelle sera la durée de votre intervention dans les régions de l’Est et du Sud-Ouest ?

Pour le moment on a défini ces régions pour notre coopération, mais on n’a pas mentionné jusqu’à quand on va maintenir cette concentration régionale. Je pense qu’il y aura lieu d’avoir là-dessus une discussion durant les prochaines négociations bilatérales. Mais je pense qu’on a beaucoup de travail à faire dans les deux régions et ça serait dommage d’ici trois ans de réduire nos efforts dans ces régions et de se retrouver ailleurs pour recommencer à zéro. La raison de la concentration est d’être plus efficace, plus visible, plus performant.

Vous venez d’arriver, avez-vous déjà fait un tour dans ces régions pour vous imprégner de quelques réalisations ?

J’avoue seulement que j’ai déjà été à Koupéla. Je suis présentement prise par le travail à la chancellerie. Mais d’ici peu je serais moins chargée et je profiterais me rendre à Fada N’Gourma et dans le Sud-Ouest.

Interview réalisée par Théodore ZOUNGRANA

L’Hebdo

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