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Mamadou Koné du RDB/Banfora : "Ils disent qu’ils vont acheter des conseillers"

Publié le jeudi 27 avril 2006 à 07h46min

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Mamadou Koné (vert) lors du vote

A la lumière des résultats provisoires, un changement dans l’équipe dirigeante de la commune est en passe d’être une réalité à Banfora. Le principal acteur de ce changement est KONE Mamadou qui, après des déboires au CDP, où il était le secrétaire provincial depuis 1997, a claqué la porte en août dernier pour rejoindre le RDB.

Il était devenu simple militant de base après les derniers renouvellements des structures du mégaparti en 2004. Il a déjà, on se rappelle, occupé le fauteuil de maire de Banfora durant deux ans et demi avant de le céder au maire sortant, Yacouba SAGNON, pour l’hémicycle en 1997.

Nous sommes allés à sa rencontre après les premières tendances, qui lui sont favorables. Il assure qu’il a subi beaucoup de frustrations, mais que c’est sans rancune.

Quels sont les sentiments qui vous animent en attendant les résultats officiels ?

A ce stade-là, c’est des sentiments de joie et de satisfaction après ce dur labeur. Même si c’est des résultats provisoires, nous sommes très satisfait, et confiant aussi en l’avenir.

Quel a été votre secret ?

Il n’y a pas de secret outre le travail, le courage politique, le bilan de mes adversaires qui était compromettant, la qualité des conseillers que nous avons présentés.

Nous avons fait un savant dosage ethnique, une ouverture partout pour qu’on ne dise pas que nous voulons travailler de manière cloisonnée ; nous avions un programme, un candidat, un bilan aussi, même si c’est à mi-parcours qu’on l’a exposé.

Donc voilà tout ce qui nous a valu l’adhésion de la population. En voyant l’écart à Banfora, c’est clair que nous avons l’adhésion des masses.

Après cette victoire éclatante, quelles seront vos priorités pour la ville de Banfora dans les cinq ans à venir ?

Mes priorités sont traduites dans mon programme quinquennal en six axes. Premièrement, c’est la cohésion, parce que Banfora en a vraiment besoin. On ne peut rien faire sans cohésion sociale.

Le deuxième axe, c’est une mairie performante, la construction d’un nouvel hôtel de Ville, la question du personnel, qu’il faut former ou recruter, des agents d’un certain niveau pour la conception, le matériel de bureau, les ordinateurs, les moyens roulants, c’est-à-dire des véhicules, les gradeurs pour les routes. Vraiment il y a un grand boulot.

Le troisième axe, c’est les performances économiques de la mairie, c’est-à-dire l’amélioration de l’assiette fiscale ; il faut développer la matière imposable c’est-à-dire aider les unités industrielles, les opérateurs économiques, le secteur informel.

Il y a la microfinance, et nous-mêmes allons créer un fond à la mairie, nous allons demander à tous ceux qui font de la microfinance de venir à Banfora nous aider pour que vraiment les activités économiques, le secteur informel puissent être développés.

Nous allons construire des infrastructures marchandes, terminer l’autre marché, l’autogare pour permettre d’accroître les recettes. Nous allons aussi mettre l’accent sur le développement de l’agriculture.

Le quatrième axe, c’est le social, et dès qu’on aura un peu d’argent, les problèmes d’écoles, d’éducation, de santé, de sport, de culture, de tourisme, nous allons voir tout ça.

Le cinquième axe concernera les infrastructures, les travaux publics à travers le bitumage de certaines artères, la réfection de certaines voies, l’ouverture de voies, les caniveaux.

On a associé à ce volet l’environnement : il faut embellir les bordures des routes, il faut reboiser. Le sixième point, c’est la mobilisation des ressources parce que l’argent est le nerf de la guerre. Tout ce que nous avons dit, sans moyens financiers, nous ne pourrons pas le faire.

Et nous allons compter sur nous-mêmes. Nous allons faire appel à l’Etat, aux unités industrielles, aux sociétés, à la coopération décentralisée, aux partenaires techniques et financiers.

Tout ça n’est pas très ambitieux ?

Ce n’est pas très ambitieux. C’est une feuille de route pour nous, pour la ville de Banfora. Maintenant, à la fin, c’est en termes de pourcentage de réalisations qu’on va discuter, et après, là où on n’a pas fini, que ce soit nous ou une autre équipe, les gens vont continuer.

Mais pour nous, c’est très nécessaire de baliser déjà le terrain à travers un tel programme. Je sais que c’est colossal, mais il le faut parce qu’on ne peut pas naviguer à vue.

Lors de la campagne, vous avez été très dur avec les ténors du CDP, ici, dans vos propos. Après cette victoire, comment vous envisagez les relations avec ce parti ?

Trop dur, c’est trop dire, parce que c’était une période de joutes oratoires. Moi-même j’envoyais des gens suivre les meetings du CDP, les gens ne me rataient pas. Et c’est pour ça que je parlais de carton rouge et passais chaque adversaire au peigne fin.

Sur le terrain, vous vous affrontez, mais vous êtes des amis, vous êtes des frères. Je disais que quand on se couvre la face avec un masque de singe, les chiens ne vous laissent pas. En réalité, ça traduit tout.

Si tu enlèves le masque, tu deviens l’ami, le frère. Ce sont donc des frères et certains, très fair-play, m’ont déjà appelé pour nous féliciter.

Il n’y aura pas de chasse aux sorcières parce que j’ai rassuré tout le monde : notre combat n’est pas dirigé contre quelqu’un, c’est pour le développement de la ville de Banfora.

Nous avons besoin de tout le monde, les partis, les différents groupes, les individus, tous ceux qui peuvent apporter quelque chose. C’est sans rancune. J’ai subi beaucoup de choses, mais c’est sans rancune.

Vous leur tendez donc la main ?

Je vais tendre la main. Pour le management des structures du conseil, nous allons nous concerter avec eux. Parce que l’écart est tel qu’on ne peut pas prétendre travailler seul.

Il y aura l’ouverture de certains postes afin que nous puissions construire ensemble. Nous avons nos ambitions, mais comme on attend définitivement les résultats, en son temps, nous allons discuter avec eux.

Vous savez, eux aussi ont dit plein de choses sur moi, souvent très graves. Des tracts contre moi ont circulé, jusqu’à mes parents qui étaient insultés souvent.

C’était très dur. Donc ce que j’ai dit, c’est rien par rapport à ce qu’eux ils disaient. Mais la parenthèse est fermée pour moi et on continue notre fraternité.

Vous étiez en concertation avec vos conseillers ce 25 avril. De quoi était-il question ?

Il s’agissait, à chaud, de faire le point, parce qu’il y a eu des manquements dans certains villages ; on n’a pas été vigilants, parce que c’était la première fois pour beaucoup.

Nous savons qu’il y a eu beaucoup de tripatouillages pour que nos adversaires puissent nous battre dans certains villages, mais ce n’est pas grave. C’est des leçons que nous avons tirées.

Deuxièmement, nous avons mis les camarades en garde puisque nos adversaires ont commencé à dire qu’ils n’ont pas dit leur dernier mot. Donc en clair, ils veulent essayer d’acheter des gens.

Le terme n’est pas propre, mais c’est ce qu’ils disent, qu’ils ont l’argent et qu’ils vont acheter des conseillers. Mais nous mettons tout le monde en garde.

Si le peuple, au niveau de Banfora, nous confie cette victoire, ce n’est pas nous, c’est la population qui a estimé que notre équipe peut diriger.

Si le résultat est autre, nous avons écrit à l’avance à toutes les autorités pour leur dire que nous ne serons pas responsables de ce qui va arriver.

Propos recueillis par Luc Ouattara

Observateur Paalga

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