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Boni Yayi : "Je suis venu prendre conseil chez Blaise"

Publié le jeudi 27 avril 2006 à 07h40min

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Yayi Boni, le nouveau locataire du palais de la Marina, même si, pour l’instant, il demeure dans sa villa au quartier Cadjehoun, est depuis hier dans nos murs. Arrivé aux environs de 18 heures dans un avion MAC 111, celui qui a prêté serment le 6 avril dernier est "venu solliciter des conseils avisés à son aîné Blaise Compaoré".

Dans le club des chefs d’Etat, l’une des qualités ou plutôt des règles est d’être reconnaissant envers les aînés. L’amnésie se paie toujours... Yayi Boni assurément le sait et ne saurait déroger à cette loi non écrite.

C’est pourquoi il a entamé, après ses visites chez le président de l’UA, le Congolais Denis Sassou N’Guesso, et à la frontière nigériane, une tournée dans la sous-région pour remercier ses voisins et s’imprégner davantage de "certaines réalités", appelées dans le langage diplomatique "conseils".

Ainsi en est-il de cette visite de 48 heures qu’il a effectuée au Burkina Faso chez son "aîné Blaise Compaoré".

Un Blaise Compaoré qui "m’a adopté notamment lorsque je présidais aux destinées de l’institution sous-régionale qu’est la BOAD... Je suis venu le remercier, et lui demander des conseils, car les choses sérieuses commencent...".

Le président béninois estime avoir un atout, "l’expérience de mes devanciers, que Dieu a mis devant moi". Aussi pense-t-il que la première mission est de préserver la paix que son prédécesseur Mathieu Kérékou a entretenue durant des années.

Au quartier Batido à Cotonou, sur le fronton de sa villa de campagne, on pouvait lire "Ça va changer". Ce changement, les Béninois l’attendent et l’état de grâce risque d’être de courte durée.

Au contraire, l’enfant de Tchaourou pense que cet état de grâce va durer, car c’est à l’aune du comportement des dirigeants que son régime sera jugé.

"Et si le comportement des dirigeants, au premier chef, le mien, va dans le sens voulu par le peuple, l’état de grâce va durer, car comme j’aime le dire, le corps va où va la tête". Et encore une fois, Yayi Boni de dire que l’attitude de ses aînés sera sa principale boussole.

Enfin il "croit pouvoir améliorer les choses et combattre la pauvreté... Tout dépendra de moi".

En tout cas, l’ex-patron de la BOAD est resté fidèle à son discours de campagne. Dès le 25 mars dernier, dans son premier speech en tant que président, élu au QG de sa campagne, il donnait rendez-vous à ses compatriotes "d’ici quelques mois".

Sans doute a-t-il trouvé sur son bureau des dossiers pendants que le général Kérékou lui a laissés : privatisations de sociétés d’Etat, port autonome de Cotonou, dossier coton... on peut multiplier les exemples à l’envi.

Politiquement aussi, le nouveau chef de l’Etat de l’ex-Dahomey sait qu’il n’a pas totalement, pour le moment, les coudées franches. Il a beau apporter du sang neuf (son gouvernement en témoigne), ses alliés du groupe "Wologodè" tiennent certains leviers, qui l’incitent à une certaine prudence.

Sans oublier que malgré l’accolade avec son challenger Adrien Houngbedji à Porto-Novo, le 25 mars on est en politique, et le pouvoir se conquiert et se garde, en tenant compte toujours des agissements de son adversaire.

En clair, l’opposition, qu’elle soit derrière Houngbedji ou tout autre, ne laissera pas perdurer ces faux armistices des lendemains de scrutin.

Ayant dans une vie antérieure côtoyé les grands de ce monde, l’homme d’Etat qu’il est devenu en est conscient et sait qu’en politique tout est dans la façon d’arbitrer. La preuve ?

Interrogé sur le conflit frontalier Burkina/Bénin, Yayi Boni a fait dans l’esquive en évoquant plutôt les vertus de l’intégration.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

Observateur Paalga

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