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Crise ivoirienne : "combat des chefs" dans les rangs de l’ex-rébellion

Publié le jeudi 12 février 2004 à 07h18min

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"Fracture politique", rivalités parfois mortelles entre chefs militaires, et guerre des communiqués, l’ex-rébellion ivoirienne montre des signes croissants de division alors que le processus politique et de démilitarisation aborde une phase délicate.
Révélateur des multiples dissensions apparues ces derniers mois dans les rangs des Forces nouvelles —l’ex-rébellion qui a pris les armes en septembre 2002 et contrôle la moitié nord de la Côte d’Ivoire—, le meurtre d’"Adams", un des principaux "chefs de guerre" des FN, tué dimanche à Korhogo (nord) dans des circonstances encore mystérieuses à la porte d’une boîte de nuit.

Rixe de noctambules armés, règlement de comptes crapuleux, liquidation politique ?

Selon la version officielle des FN, Adams aurait été tué par un de ses gardes du corps libériens à la suite d’une querelle.

Mais le sergent-chef Ibrahim Coulibaly, dit "IB", dont "Adams" était l’un des fidèles, a pour la première fois mardi pointé du doigt Guillaume Soro, secrétaire général des FN et ministre de la Communication au sein du gouvernement de "réconciliation nationale", l’accusant d’avoir ourdi un assassinat.

"Nous n’avons aucun doute sur les commanditaires du meurtre, ni sur l’objectif visé : liquider les hommes fidèles au major IB, prendre le contrôle de l’ensemble de nos zones, de telle sorte qu’IB, une fois libéré par la justice française, ne puisse rentrer dans le nord du pays", affirme un communiqué du "service de communication" d’IB.

Le sergent-chef Coulibaly a été mis en examen à l’été 2003 par la justice française qui lui reproche d’avoir tenté une "opération de déstabilisation" de la Côte d’Ivoire depuis la France.

Le nom de l’ancien putschiste, qui avait porté au pouvoir feu le général Robert Gueï fin 1999, avait déjà été cité aux premiers jours de la rébellion de septembre 2002.

Exilé à Ouagadougou, où le régime burkinabè le maintenait officiellement en résidence surveillée, IB avait démenti toute responsabilité dans cette rébellion, dont les soutiens et le financement restent inconnus. Tout au plus avait-il reconnu des liens amicaux avec les principaux chefs militaires du mouvement, pour la plupart d’anciens camarades du temps de la junte du général Gueï.

Il a longtemps maintenu cette ligne, même après que Guillaume Soro l’eut appelé, l’an dernier, à rentrer pour participer à la "reconstruction" du pays.

Progressivement, et sans donner d’explication sur son revirement, IB a finalement revendiqué la paternité de la rébellion, puis sa direction. Le tout depuis la France, qu’il a interdiction de quitter en raison du régime de liberté provisoire sous lequel il est placé.

Mi-décembre, un autre chef militaire loyal à Coulibaly aait investi les locaux de la télévision des ex-rebelles dans leur QG de Bouaké (centre) pour proclamer IB "président des Forces nouvelles", affirmant que les négociations entreprises avec le président Laurent Gbagbo étaient "nulles et de non effet" sans la caution d’IB. Tout en réaffirmant son soutien à Guillaume Soro...

L’affaire s’était réglée quelques jours plus tard après des coups de feu sporadiques qui, cette fois-là, n’ont pas fait de victimes. Mais les tiraillements au sein de l’ex-rébellion n’ont cessé de s’exacerber depuis.

A Korhogo, Bouaké, Man et autres villes du nord contrôlées par les FN, les tirs sporadiques se poursuivent. Les motifs sont moins souvent politiques que des "histoires de femmes" ou des rivalités pour la "gestion" de bars, boîtes de nuit ou stations d’essence.

Mais des observateurs impliqués dans la résolution de la crise ivoirienne, dont les forces françaises et ouest-africaines contrôlant le cessez-le-feu, craignent que le "combat des chefs" entre IB et Soro dégénère en affrontements sur le terrain alors qu’un difficile processus de démilitarisation des ex-belligérants est en négociation.

De son côté, Laurent Gbagbo, requinqué par sa visite en France et passé maître dans l’art d’exploiter les divisions de ses adversaires, réclame plus que jamais le "désarmement" des rebelles.

AFP

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