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Les ambassadeurs de France à Ouagadougou : : portraits croisés (1)

Publié le lundi 24 avril 2006 à 08h19min

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Francis Blondet, actuel ambassadeur de France au Burkina

Proclamée indépendante le 5 août 1960, la Haute-Volta est présidée par Maurice Yaméogo. C’est alors Paul Masson qui est en poste comme Haut-commissaire, représentant le président de la Communauté auprès de la République de Haute-Volta.

Masson est né le 21 juillet 1920 à Ussel, dans le département de la Corrèze. Licencié en droit, breveté de l’Ecole nationale de la France d’outre-mer, il a débuté sa carrière coloniale au Niger (1945), l’a poursuivie en Haute-Volta (1948) et au Soudan français, actuel Mali (1954) avant d’être nommé secrétaire général de la Guinée (1957-1958) puis Haut-commissaire représentant le président de la Communauté auprès de la République de Haute-Volta (1959-1960). Entre temps, il aura appartenu aux cabinets des ministres de la France d’outre-mer (1948-1953, 1955, 1958) : Paul Coste-Floret, Louis Jacquinot, Jean-Jacques Juglas, Pierre-Henri Teitgen, André Colin.

Au lendemain de l’indépendance de la Haute-Volta, il ne va passer que quelques mois à Ouagadougou avec le titre d’envoyé exceptionnel et plénipotentiaire. Nommé gouverneur de la France d’outre-mer, il revient à Paris à la fin de l’année 1960 pour prendre la direction générale
du Bureau pour le développement de la production agricole (BDPA). Il restera à ce poste
jusqu’en 1967, participant aux 11ème, 12ème et 13ème conférences de la FAO à Rome comme membre de la délégation française. Il sera, dans le même temps, membre du Comité français pour la campagne mondiale contre la faim, membre du conseil d’administration de l’Institut de
recherche et d’agronomie tropicale (Irat) et de l’Institut de recherches pour les huiles et
oléagineux (IRHO).

En 1967, il va quitter l’outre-mer pour le ministère de l’Intérieur. Il est tout d’abord nommé préfet du Lot (1967-1971) avant de rejoindre le cabinet de Michel Debré, ministre d’État chargé de la Défense nationale, comme directeur du cabinet civil et militaire (novembre 1971-mars 1973). Il sera, par la suite, préfet de la région Centre, préfet du Loiret.

Envoyé exceptionnel et plénipotentiaire à Ouagadougou à compter du 12 janvier 1961, Jacques Ravail appartient, lui aussi, à la préfectorale. Né le 27 mars 1907 à La Rochelle, dans ce qui était alors le département des Charentes-inférieures (mais il pratique la pelote basque, passion acquise lorsqu’il était secrétaire général des Landes), fils d’un avocat, il est titulaire de la Croix de guerre et de la médaille de la Résistance. Licencié en droit, il est entré dans la préfectorale avant-guerre, au début des années trente. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, il sera nommé préfet de la Corse (1945) puis de la Vienne (1947) avant d’obtenir la direction des Offices du Maroc en France (1945). Préfet de la Guadeloupe (1954) puis directeur de la Sûreté nationale en Algérie (mars 1956), il deviendra chef de "l’a section centrale de la répartition de certains produits pétroliers auprès de la direction des carburants" (décembre 1956). Secrétaire général adjoint du ministère de l’Intérieur (1957), il assumera, d’octobre 1958 à juillet 1959) les fonctions de commissaire général aux Français rentrant de Tunisie et du Maroc.

Le 12 janvier 1961 il sera nommé envoyé exceptionnel et plénipotentiaire à Ouagadougou A compter du 30 août 1961, il y représentera la France en tant qu’ambassadeur.
Jacques Ravail va rester en Haute-Volta jusqu’au printemps 1963. Entre temps, Maurice Yaméogo aura signé, le 24 avril 1961, les accords de coopération avec la France. Mais la Haute-Volta sera le seul Etat qui refusera le maintien de bases militaires françaises sur son territoire national. Le ler novembre 1961, les Forces armées voltaïques (FAV) seront créées.

C’est Francis Levasseur qui, le 20 mai 1963, sera nommé ambassadeur de France à Ouagadougou. Né le 29 août 1914 à Ismaïlia, en Egypte, où son père était ingénieur en chef de la Compagnie du canal maritime de Suez, licencié en droit, diplômé de l’Ecole des sciences politiques, Levasseur a été admis au concours pour l’emploi d’attaché de consulat en 1939, à la veille de sa mobilisation (il est titulaire de la Croix de guerre).

En poste à Bilbao en 1940, il s’engagera dans les Forces françaises libres en janvier 1942. A la Libération, il sera attaché puis chef adjoint et chef (1944-1949) du cabinet civil du résident général à Rabat. En 1950, il est rappelé à l’administration centrale. Ce sera, ensuite, Rio de Janeiro (1953), Rabat à nouveau (1954-1955), Ottawa (1956-1961). En 1962, de retour à Paris, il est nommé à la direction des Affaires africaines et malgaches où il sera délégué dans les fonctions de directeur adjoint en 1963. C’est alors qu’il est nommé ambassadeur à Ouagadougou (1963-1967). Il sera, par la suite, ambassadeur à Bogota (1967-1972) et ambassadeur à Bucarest (1972-1975).

Francis Levasseur va vivre en Haute-Volta la chute de Maurice Yaméogo (3 janvier 1966) et son incarcération, l’arrivée au pouvoir du commandant Sangoulé Lamizana (ce sera la première fois qu’en Afrique l’armée sera appelée au pouvoir) et la tentative de coup d’Etat de Hermann Yaméogo (5 août 1967), le fils de "Monsieur Maurice", qui visait à libérer son père.

Le successeur de Levasseur à Ouagadougou sera, aussi, son successeur à Bucarest. Raoul Delaye est né le 28 août 1922. Son père était officier ; il suivra ses études secondaires à Rabat. C’est à Rabat qu’il sera affecté à sa sortie de l’Ena (promotion "Croix de Lorraine") en 1949. A noter que cet ancien élève de l’Ecole des sciences politiques a été engagé volontaire en 1943 (il avait alors vingt-et-un ans).

Au Maroc, il sera mis à la disposition de la Résidence générale (1949-1956) puis du service de presse de l’ambassade (1956-1958) ayant d’être nommé premier secrétaire (1958-1959). Il fera, ensuite, un long séjour à Bonn comme premier secrétaire puis deuxième conseiller (1959-1967) avant d’être nommé ambassadeur à Ouagadougou (1967-1972). De retour à l’administration centrale, Delaye sera chef de service d’information et de presse. Il sera, par la suite, ambassadeur à Bucarest (1975-1977), ambassadeur à Téhéran (1977-1981), ambassadeur à Madrid (1981-1982). C’est en Espagne qu’il mourra, en 1982, dans un accident automobile. Son fils. Bruno, a été le "Monsieur Afrique" de Mitterrand, ambassadeur au Togo puis au Mexique. Il est directeur général de la coopération internationale et du développement.

Le renversement du régime Yaméogo a été le fait des syndicats. Mais ce sont les militaires qui, le 3 janvier 1966, se sont installés au pouvoir. Le gouvernement, qui a intégré des civils issus des partis politiques, s’intitule Gouvernement militaire provisoire (GMP). A Paris, De Gaulle aussi pense que les militaires vont repasser le pouvoir aux civils et que le pays va connaître, alors, "une période de flottement". C’est pourquoi, à la fin de l’année 1969, il s’opposera à ce
que Delaye quitte Ouaga pour Niamey sur proposition du nouveau ministre des Affaires étrangères, Maurice Schumann.

Il est vrai que les dignitaires de la Ière République, jugés et condamnés, seront libérés le 5 août 1970. Mais Lamizana, qui s’est nommé général, a verrouillé le système. La constitution de la IIème République stipule que le président de la République est le militaire le plus ancien dans le grade le plus élevé. Lamizana est tranquille pour quelques années.

Quand De Gaulle aura quitté l’Elysée, Foccart se rendra à Ouagadougou pour y préparer la première visite à Paris de Lamizana. A cette occasion, il reprochera à Delaye son "manque de dynamisme " dans la "préparation psychologique " de ce voyage ;"les Voltaïques sont en effet
difficiles à saisir, et je joue un jeu qui n’est pas très agréable", soulignera Foccart.

Le samedi 2 octobre 1971, Lamizana débarque à Nice. Sa visite officielle va durer plusieurs jours. Il se rendra notamment à Montpellier et à Nîmes.

A suivre

Jean-Pierre BEJOT
La Dépêche Diplomaqtique (Octobre 2002)

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