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Municipales : Des politiciens à l’image du Burkina, sous-développés

Publié le vendredi 21 avril 2006 à 08h42min

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Initialement prévues pour le 12 février 2006 puis reportées au 12 mars et enfin au 23 avril courant, les élections municipales auront bel et bien lieu dimanche prochain. Cette dernière date est donc la bonne et on ne peut que s’en réjouir.

La bataille sera rude, car aucun parti n’a jeté l’éponge comme ce fut le cas en 2000. On a donc compris du côté des états-majors que la conquête des communes était toujours une victoire en politique.

Cette compréhension de la décentralisation a même aiguisé des appétits, jusque-là insoupçonnés. Et c’est comme si le cor avait été sonné, car sur la ligne de départ, soixante- treize (73) formations politiques ont chaussé les crampons. Mais combien d’entre elles pourront véritablement glaner des voix à l’électorat ? Il faut le dire, puisque de tous ces partis, dont certains sont nés spontanément, il n’y a qu’une bonne dizaine qui pèseront au soir du 23 avril.

Car tout au long des trois semaines de conquête de l’électorat, on aura constaté que la campagne fut terne et monotone. Des débats de fond, point. Encore moins de véritables programmes de gestion des communes de ces nombreux candidats sortis parfois comme du néant. Ce fut à la limite une farce qui fut servie par de potentiels conseillers municipaux aux braves populations de notre pays. C’est vrai que l’enjeu n’est pas comparable à celui d’un scrutin législatif ou présidentiel, mais tout de même...

Le nerf de la guerre y fut-il pour quelque chose ? Difficile d’y croire, car de "grosses pointures" de notre sérail politique ont frisé le ridicule sur le terrain. Oui, des chefs de parti ont été incapables de réunir une bonne vingtaine de militants ou sympathisants pour livrer un message. Pire, d’autres voulaient en venir aux mains pour des histoires de "gombo" alors qu’on attendait d’eux des consignes de vote pour ce dimanche.

Tout n’a donc pas été une affaire de moyens, mais plutôt de stratégies d’approche de l’électorat. Une campagne se prépare et on y va pour la forme, surtout quand il n’y a rien de sérieux à présenter. Cela se vérifiera aisément à la fin de ce week-end. On aura vécu trois semaines de calvaire avec une certaine race de politiciens dont la pauvreté d’imagination était à l’image même d’un pays sous-développé comme le Burkina.

C’est vrai que tous les candidats qui vont à l’assaut de nos mairies ne sont pas logés à la même enseigne, mais il y a eu beaucoup plus de folklore et de tintamarre qu’autre chose. On nous rétorquera qu’il y a eu disproportions entre les partis et que les "grosses cylindrées" ont noyé les plus novices. Mais c’est ça la politique et on n’y entre pas comme dans un marché.

Il ne reste donc plus qu’à attendre les résultats des chocs prévus dans certaines zones. Le CDP aura, par exemple, fort à faire avec l’ADF/RDA de Gilbert Ouédraogo dans le Houet et à Gourcy. A Koudougou, le parti de Roch Marc Christian Kaboré est attendu de pied ferme par les troupes de maître Hermann Yaméogo, patron de l’UNDD.

Tenkodogo départagera le parti au pouvoir et l’Union pour la république (UPR). Il faut donc s’attendre à de belles empoignades, surtout que personne ne veut perdre des plumes. Hormi ce piment de dernière heure, la campagne pour les élections municipales se sera déroulée dans un calme qui est à saluer.

Si pour le scrutin de dimanche, il pouvait en être de même, ce serait une preuve que le Pays des hommes intègres gagne en maturité politique.

Pierre Tapsoba

Observateur Paalga

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