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Municipales : Des vérités crues à Bittou et à Bagré

Publié le mercredi 19 avril 2006 à 07h43min

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Alors que la campagne pour les municipales du 23 avril tire inexorablement vers sa fin, à Bittou et à Bagré, la fièvre électorale ne fait que monter au sein des états-majors des partis politiques. Quatre partis luttent avec ténacité pour le contrôle de la commune urbaine et frontalière de Bittou.

Ce sont le CDP, l’UNDD, le CNDP et l’ADF/RDA. Les prétendants à la succession du maire sortant, Abdoul Karim Zampaligré, veulent à tout prix confisquer la municipalité des mains du CDP. Pour ce faire, ils ont fait front commun contre le parti majoritaire.

Pour ces formations politiques, l’arrivée d’un parti de l’opposition à la tête de la mairie serait la porte ouverte à un immense espoir et la fin d’une lassitude généralisée. Lassitude à l’égard d’un conseil municipal, qui, au bout de 5 ans, n’a rien fait pour la commune.

Pour Antoine Kaboré, candidat du CNDP, le bilan de la municipalité sortante est tout sauf positif. Dans le domaine social, beaucoup reste à faire, à commencer par le centre médical où les soins primaires sont défaillants. Le douanier à la retraite semble sûr de son poids dans l’opinion quand il dit avoir claqué la porte du CDP avec un nombre incalculable de militants. Selon lui, nombre de ses militants sont l’objet d’intimidation et de harcèlement.

"On a même refusé de nous donner un espace pour organiser notre meeting. Pire, après avoir passé plus de 25 ans à Bittou, on me traite toujours d’étranger. C’est inhumain", affirme celui qu’on surnomme "l’opposant indécrottable".

Au niveau de l’ADF/RDA, c’est Ludovic Sorgho qui doit relever le défi. Là aussi on ne minimise pas ses forces. Quant à l’UNDD, elle a choisi son champion : Harouna Bangré. Tous, unis autour d’un mot clé : "le changement". On s’en doute, le maire sortant et ses "lieutenants" sont loin, très loin de voir les choses de la même manière. Pour eux, de nombreuses réalisations ont été faites au cours du quinquennat passé. La construction de l’autogare et l’éclairage de la ville par des lampadaires en sont des exemples. Kabakaba, agent routier de son état, ne cache pas sa sympathie pour le parti au pouvoir : "Nous allons reconquérir la mairie, quoi qu’il advienne". "L’opposition est une baudruche qu’il faut dégonfler", s’insurge un autre militant du CDP.

Du côté de Bagré, localité située a 45 km de Tenkodogo et qui est sur le point de devenir une commune rurale, 5 partis (CDP, PDP/PS, RDEB, UPR, CNDP) postulent à la mairie. S’il est une bataille que le CDP a gagnée dans cette ville avant même les élections, c’est bien la bataille de la désunion. Le parti de Roch Marc Christian Kaboré, représenté par Sambo Daboné, a souffert d’une série de défections. Ainsi, l’UPR de Yelbi lnoussa, candidat, compte en profiter pour rafler la mise. Pour Hamidou Karia, tête de liste du PDP/PS, pas question de laisser la gestion de la mairie à des gens qui n’ont aucune base populaire.

Des procédés peu orthodoxes

Quant à Lamine Sawasogo de l’UPR, "le CDP a perdu du terrain un peu partout".

En tout cas, on peut affirmer sans risque de se tromper que l’UPR a engagé une compétition féroce contre le CDP. Il n’en reste pas moins que le PDP/PS et le CNDP (dont le porte-flambeau est Hermann Kéré) affichent de grandes ambitions. Ces 2 partis comptent bénéficier aussi des voix des militants de l’UNIR/MS.

Comment rallier les électeurs de cette future commune rurale de 25 000 habitants à sa cause ? Là se trouve la question. Sur les 20 sièges à pourvoir, chaque parti aligne 20 candidats. Olivier Yoda est titulaire pour le compte du RDEB. Dans cette cité du "poisson frais", des procédés peu catholiques nous ont été signalés par le président de la CEDI, Nabasnogo Ouédraogo.

En effet, la nuit tombée, les candidats des partis politiques sans exception parcourent les domiciles pour relever les numéros des cartes d’électeur de leurs militants. "Je me demande à quoi cela peut leur servir", s’interroge M. Ouédraogo. Aussi, poursuit le président de la CEDI, "pour cette consultation, ce sont les électeurs qui viennent vers nous pour retirer leurs cartes. Or, pendant la présidentielle, c’était le mouvement inverse".

Ce qui frappe l’observateur avisé tant à Bittou qu’à Bagré, c’est la détermination des militants à bouter hors des futurs conseillers les opportunistes. Ce qui fait que la désignation des candidats à certains endroits a donné lieu à des joutes verbales.

En somme, des vérités crues ont été dites. En tout cas Alain Bédouma Yoda, commissaire politique régional du CDP au Centre-Est, attendu le 21 avril à Bittou pour un géant meeting, a du pain sur la planche.

En attendant que se révèle la grande inconnue avec le dépouillement des derniers bulletins de vote au soir du 23 avril, bonne chance à tous les candidats.

Par Ben Ahmed NABALOUM (collaborateur)

Le Pays

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